Lors du discours inaugural, les représentants politiques et du monde agricole ont fait part de leurs attentes pour l’avenir du monde rural.
Épargnée ni par le covid, ni par la grippe aviaire, ni par la neige l’an passé, la foire de Beaucroissant cherche à se renouveler. C’est le vœu de l’équipe municipale menée par le maire Antoine Reboul. Une étude, conduite par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, donnera en mai prochain ses conclusions quant aux pistes d’avenir à explorer. Une vingtaine de recommandations sont déjà sorties. « Nous souhaitons maintenir la convivialité et la ruralité qui sont les marques de fabrique de Beaucroissant », a soutenu le maire.
Difficile pour Jean-Claude Darlet, le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, de prendre la parole avec une vision positive de l’agriculture. Le loup revenu sur le devant de la scène avec la sortie des bêtes, une PAC « qui va dans le mur », la souveraineté alimentaire remise en question, « pourtant, nous n’avons jamais installé autant d’agriculteurs qu’en 2022 et c’est la même tendance en 2023 ». Pour conserver cet espoir, il a plaidé : « Il faut arrêter de faire et dire à notre place par des gens qui n’y connaissent rien et qui nous amènent directement à la pénurie alimentaire. »
Des choix politiques
Fabien Mulyk, le vice-président du Département en charge de l’agriculture et chantre de la ruralité a regretté l’absence de représentant de l’État lors de l’inauguration. Il a insisté sur la prédation et la question particulière des attaques sur bovins « qui ne semblent pas protégeables ». Il attend des « actions concrètes » et des prises en charge par l’État dans le prochain plan loup. « Nous sommes un pays riche, qui consacre 65 M€ pour le loup. Nous aurions pu faire d’autres choix. » L’élu regrette notamment l’absence d’engagement de l’État pour financer les bergers d’appui lorsqu’il y a une situation à risque en alpage. « Il y aura un seul berger au lieu de trois », a-t-il annoncé. Par ailleurs, il a fait savoir qu’un troisième vétérinaire rural était en cours d’installation dans le département via le dispositif Isère véto.
Le député Yannick Neuder, entouré des sénateurs Frédérique Puissat, Michel Savin et Guillaume Gontard, a fait une allocution très politique. « Il y a ceux qui viennent se faire voir et parlent de la ruralité et ceux qui font la ruralité au niveau régional et départemental », a-t-il lancé en faisant allusion à la venue de Marine Le Pen. 110 M€ pour la Région, 10 M€ pour le Département : ces budgets n’ont jamais été votés par un seul élu du RN, a-t-il encore fait remarquer. Il déplore la diminution du budget de la PAC et rappelle les trois priorités régionales : une politique de filière, le soutien à l’installation et à l’investissement dans les exploitations.
Isabelle Doucet