Commencées il y a plus de 20 ans, les négociations sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur pourraient aboutir prochainement.
Une volonté de conclusion de l’accord Mercosur à l’occasion du prochain sommet du G20, qui doit se tenir les 18 et 19 novembre à Brasilia (Brésil), est évoquée. Une réunion des négociateurs en chef UE-Mercosur s’est tenue les 7 et 8 octobre à Brasilia pour préparer cette conclusion. « Les agriculteurs français dénoncent depuis des années le contenu de l’accord », écrivent plusieurs organisations professionnelles agricoles* dans un communiqué. Cet accord « offre des concessions majeures en termes de volumes de contingents, alors même qu’aucune mesure de réciprocité concernant les conditions de production n’est incluse, au détriment de notre souveraineté alimentaire, de nos économies et de la santé du consommateur ! » Les signataires rappellent les grandes lignes de l’accord qui permettrait à l’Union européenne (UE) d’importer depuis les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Bolivie et Paraguay). 99 000 tonnes de viande bovine, 180 000 tonnes de viande de volaille, l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, 180 000 tonnes de sucre, 8,2 Mhl de biocarburants (soit la moitié de la production française).
Des conditions de production inacceptables
Tout cela est produit « dans des conditions inacceptables : utilisation d’antibiotiques activateurs de croissance, absence de traçabilité, substances actives phytosanitaires interdites en France, absence de droit social, déforestation... ». Pour compenser les conséquences de cet accord, la Commission européenne envisagerait de créer un fonds d’indemnisation des agriculteurs européens. Il s’agit d’une « provocation pour les agriculteurs européens ! Cela consisterait à brader notre agriculture et à condamner la pérennité de nos exploitations en important l’alimentation que l’Europe ne veut pas », écrivent les syndicats. Ils demandent « l’arrêt total de ces négociations et appellent le chef de l’État et le Premier ministre français à faire respecter la position de la France pour mettre définitivement fin à ces discussions ! » Le 16 octobre, en marge du Sommet européen, Emmanuel Macron a rappelé l’opposition de la France à la signature de cet accord : « Le Mercosur, en l'état, n'est pas un traité qui est acceptable. Nous demandons le respect substantiel des accords de Paris, des clauses miroirs, et la protection des intérêts des industries et des agriculteurs européens », a déclaré le président de la République.