Syndicalisme
Les Jeunes agriculteurs face aux dégâts de la faune sauvage

Isabelle Doucet
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Jeunes agriculteurs Isère a tenu son assemblée générale le 24 janvier à Miribel-les-Échelles. Les adhérents ont particulièrement échangé sur les dégâts de la faune sauvage.

 

Les Jeunes agriculteurs face aux dégâts de la faune sauvage
Lors du débat sur la faune sauvage organisé par les Jeunes agriculteurs de l'Isère pendant leur assemblée générale. Photo : ID TD

Les sangliers d’un côté, les cerfs de l’autre, sans compter les blaireaux et les castors, rares sont les agriculteurs qui n’ont pas à se plaindre des dégâts causés par la présence de la faune sauvage. C’était le thème du débat organisé par Jeunes agriculteurs Isère, le 24 janvier, lors de leur assemblée générale qui s’est tenue à Miribel-les-Échelles.

Ils avaient invité Jacques Michallet, vice-président du groupement des sylviculteurs de Chartreuse, Danièle Chenavier, présidente de la Fédération départementale de chasse de l’Isère (FDCI), Gaël Faure, chasseur et JA, Rémy Mallein, technicien forestier à la  Chambre d’agriculture de l’Isère et JA, et Élodie Charamel, chargée des dégâts de gibier et prédation à la chambre d’agriculture. 

« La prédation fait se concentrer des troupeaux de sangliers et de cerfs et a un impact sur l’agriculture, mais aussi sur la forêt, signale Élodie Charamel, qui siège à la CDCFS. Les remontées de terrain font état d’un comportement des animaux sauvages qui a changé, qui se regroupent et commettent de plus gros dégâts. »

Danièle Chenavier reconnaît que les chasseurs sont « les garants de l’équilibre agrocynégétique », un équilibre parfois difficile à trouver. « Nous travaillons sur le schéma départemental cynégétique, explique-t-elle. Nous souhaitons ouvrir davantage de jours de chasse. Nous invitons aussi les agriculteurs à passer leurs permis de chasse. Au niveau de la Chambre d’agriculture de l’Isère et de la FDSEA, nous travaillons en concertation pour trouver des solutions ensemble. Ce qui n’est pas toujours le cas au niveau des communes. »

La présidente de la FDCI explique en outre que la fédération « a un pouvoir limité sur les chasseurs », mais que le plan de chasse doit permettre de « déplacer les bracelets attribués dans une commune » vers une autre où les animaux sauvages ont migré sous la pression du loup.

Un outil de signalement

Dans les secteurs comme la Chartreuse, face au manque de motivation des chasseurs, le préfet a ordonné l’intervention des louvetiers. 80 animaux ont été prélevés « et il y en a encore », note la présidente.

Elle indique que la FDCI s’est équipée de drones pour localiser les endroits où les animaux sauvages se réfugient. La FDCI, dans le cadre de sa mission de service public, a versé sur son dernier exercice 650 000 euros d’indemnités aux agriculteurs. Ce fonds est alimenté par la vente des bracelets de chasse.

Dans les secteurs où la pression du grand gibier est très forte, elle peut demander aux chasseurs de payer une surcote de responsabilisation. Ce qui est un moyen supplémentaire de pression.

Durant le débat, il a aussi été question des risques sanitaires occasionnés par la faune sauvage. Le GDS met en garde contre la peste porcine qui touche les sangliers.

Au-delà du grand gibier, les Jeunes agriculteurs se plaignent aussi des dégâts occasionnés par les blaireaux et les castors, une espèce protégée et indélogeable, qui construit des barrages dans les chantournes, provoquant des inondations dans les cultures.

Élodie Charamel a conclu le débat en invitant les JA à déclarer leurs dégâts de gibiers, notamment via l’outil de signalement de la FDSEA de l’Isère et son QR code. « Le monde agricole doit communiquer, s’il n’y a pas de déclaration, il n’y a pas de dégâts », a-t-elle insisté.

L’assemblée générale s’est terminée par les prises de parole des représentants du monde agricole et des élus.
Cyrille Madinier, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de la forêt et de la ruralité, a rappelé le soutien de la collectivité au monde agricole.

Dans son discours de clôture, Axel Masset, coprésident JA, a insisté sur l’engagement de son syndicat sur les sujets tels que les dégâts de gibiers ou l’installation. Tous ont invité l’assistance à voter aux élections à la Chambre d’agriculture de l’Isère qui se déroulent jusqu’au 31 janvier.
Isabelle Doucet

(1) La Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) est présidée par le préfet, où siègent la DDT, l’OFB, la FDCI, des forestiers, les syndicats agricoles et des associations de la protection de la faune.

L’écho des cantons
Dans le Vercors, des panneaux signalétiques invitent les promeneurs à respecter les espaces agricoles, indique Quentin Argoud-Puy. Photo : ID TD

L’écho des cantons

« C’est une année riche en émotions qui a commencé par les manifestations, il y a un an maintenant », a lancé Jean-Max Lebaillif, coprésident de JA38. Brossant les nombreux événements qui ont marqué l’année syndicale, il déclare : « Les enjeux politiques, climatiques, sanitaires ont mobilisé des efforts constants auprès des institutions et du monde agricole. Nous avons mené une action continue pour le développement et la défense de notre métier. »

Les représentants JA des cantons se sont à leur tour exprimés, reconnaissants que les manifestations de début 2024 avaient été très fédératrices d’un point de vue syndical.

En Chartreuse, de nouveaux adhérents viennent grossir les rangs JA, mais le président fait état de problèmes d’accès au foncier pour les installations et pointe la concurrence de « l’agriculture de plaisance » qui fait grimper les prix.

À La Côte-Saint-André, les JA ne sont pas peu fiers du succès du défilé de tracteurs illuminés qu’ils ont organisé à Noël. Rémy Marion Gallois met aussi en garde contre le démarchage pour le photovoltaïque. « Il faudra faire de la prévention », assure-t-il.

À Morestel, les JA sont très tournés sur la communication extérieure, allant à la rencontre des collégiens ou organisant des journées fermes ouvertes.

Dans le Vercors, Quentin Argoud-Puy regrette que les JA ne se soient pas autant mobilisés en fin d’année que début 2024. Il souhaite redynamiser un canton qui avait connu une belle envolée quelques années plus tôt. Il fait aussi état de problèmes récurrents de pression touristique et souligne les efforts de signalisation faits « pour baliser le territoire ». Il ajoute : « Les agriculteurs doivent garder le lien avec les élus et être présents dans les conseils municipaux ».

Axel Masset fait valoir combien dans le récent canton du Grésivaudan a su se créer une dynamique intergénérationnelle, mais aussi entre la plaine et la montagne. Le Grésivaudan organisera les Olympiades à l’été 2024.

C’était le canton de Saint-Geoire-en-Valdaine qui les avait organisées l’été passé, attirant 40 JA.

Le canton de Tullins-Vinay est aussi un peu « dans le creux de la vague », comme l’indique Maël Dallay, qui rappelle que le secteur a été touché par l’effondrement de La Rivière.

Enfin, la Matheysine se porte toujours bien. Les JA sont à la manœuvre, depuis trois éditions, du Salon de l’agriculture et de l’alimentation de la Matheysine, main dans la main avec la communauté de communes, dans laquelle ils sont très impliqués.
ID