Emploi
« Tout le monde a droit au repos »
La baisse de la natalité provoque moins de demandes de remplacement dans les entreprises agricoles. Mais les conditions de travail des employeurs et la stabilité de leur vie privée nécessitent un appel aux services existants.
Moins d’enfants, donc moins de congés maternité et paternité.
C’est avant tout un constat sociétal que dresse Jean-Marc Chevallet, président du Service de remplacement, fédération Isère, lors de son assemblée générale, début avril à Gillonnay.
Ce motif, qui avait gonflé la demande de main-d’œuvre dans les exploitations ces dernières années, est désormais la raison de la contraction du nombre de journées de remplacement dans le département, qui passe de 8 189 à 7 194 jours.
En revanche, l’aide au répit augmente, ce qui interroge les adhérents et peut poser des problèmes dans certains secteurs pour les salariés.
Interrogée, la MSA Alpes du Nord, qui est un des financeurs majeurs du service, assure que les assistantes sociales travaillent sur certains cas particuliers.
Journées découverte
Le débat récurrent des services de remplacement reste le lissage de l’activité « pour ne pas seulement faire les pompiers ».
En clair, qu’il y ait des adhérents, c’est bien, qu’ils utilisent le service régulièrement, c’est mieux. « Cela permettrait aux salariés de découvrir des exploitations », souligne le président de la fédération.
Il est rappelé que tout nouvel adhérent peut bénéficier de journées découverte, de même qu’un agriculteur fidèle au service, pour faire la connaissance d’un nouveau salarié.
Les besoins diffèrent en fonction des secteurs.
Par exemple, la demande est soutenue dans le Trièves, mais les remplacements se font au coup par coup et par connaissance. « C’est compliqué pour le déplacement des salariés, il y a beaucoup de frais », note Jean-Marc Chevallet.
Ainsi il soulève une situation paradoxale avec plus de 1 000 jours travaillés dans un secteur où il n’y a pas de salariés.
Une démarche collective
Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, préconise de travailler avec les communautés de communes et la plateforme de l’emploi, qui réunit les services de remplacement et Agri emploi 38, pour communiquer sur ces dispositifs.
« Trois communautés de communes y arrivent, il n’y a pas de raison que les autres n’y arrivent pas », déclare le président du service de remplacement.
Cyrille Madinier, le vice-président du Département en charge de l’agriculture et de la ruralité, qui est le principal financeur du service de remplacement, invite les responsables à faire remonter leurs demandes.
« Vous aidez certains agriculteurs à passer des moments difficiles », insiste-t-il.
Cependant, le cadre réglementaire européen n’a pas permis en 2023 au Département d’aider toutes les journées jeunes installés (28 en 2023 au lieu de 50 en 2022).
Groupama Rhône-Alpes-Auvergne, un des autres financeurs du service, rappelle que les contrats Groupama du Service de remplacement offrent « une protection intéressante pour les agriculteurs », sont « une première marche vers le service » et surtout, leur permettent de bénéficier de cinq journées de congés prises en charge par l’assureur.
D’autres structures, comme la Laiterie Domessin ou encore Lidl contribuent aussi au financement des journées de remplacement pour les producteurs sous contrat.
Il est également précisé que les congés formation sont couverts par une enveloppe Casdar (1) à hauteur de 112 euros par jour, remboursables sur simple attestation sur l’honneur.
Face à la baisse d’activité et à la hausse des charges, le service de remplacement de l’Isère observe quant à lui une situation un peu difficile avec un résultat à perte.
Dans ces conditions, Jean-Marc Chevallet, qui a accepté de repartir pour un an de présidence, attend davantage d’implication des adhérents pour que le service fonctionne au mieux. « Tout le monde a droit au repos », martèle-t-il.
Isabelle Doucet
(1) Compte d'affectation spécial « Développement agricole et rural »
Les services de remplacement en Isère :
Sarni (Nord-Isère) : 35 adhérents / 33 utilisateurs
SR Isère : 342 adhérents / 240 utilisateurs
Vercors : 88 adhérents / 70 utilisateurs
Total FD SR : 465 adhérents / 343 utilisateurs
Types de contrats :
13 CDI à temps plein, 3 temps partiel et 2 intermittents ; 199 CDD soit un total de 217 contrats pour 40 équivalents temps plein.