Coop de France Métiers du grain a fait sa conférence de presse de rentrée le 20 septembre. Tour d’horizon des sujets d’actualité.
Le président de Coop de France Métiers du grain, Antoine Hacard, a commencé la conférence de presse de rentrée le 20 septembre dernier par évoquer la « poussée inflationniste qui a mis à bas l’idée que le Français est prêt à dépenser plus pour son alimentation. C’est une fable ». Pourtant, la hausse du prix des matières premières agricoles est une nécessité. « Nos coopératives sont en train de connaître une explosion de leur coût de fonctionnement. Le prix de l’électricité a été multiplié par trois et il n’y a pas de baisse significative à attendre avant la deuxième partie de 2024. C’est pareil pour le gaz ». De plus, pour atténuer l’effet de l’inflation sur les quelque 40 000 salariés des coopératives de collectes, les salaires ont été augmentés de 10 % en moyenne sur deux ans. Enfin, le président a rappelé « la hausse fulgurante des taux d’intérêt » alors que l’activité des coopératives est « structurellement emprunteuse ». Sur le plan international, Antoine Hacard a dénoncé l’agressivité commerciale de la Russie qui vend son blé à un tarif inférieur de 15 $ en moyenne au blé européen. Pour la campagne à venir, elle dispose d’un stock de 48 millions de tonnes à exporter. « Depuis le début de la campagne, elle a déjà exporté 10 millions de tonnes en moins de deux mois. Nous ne pourrons pas tenir longtemps face à cette agressivité. Le début de la campagne export est très difficile ». En effet, la France a exporté 1,15 million de tonnes depuis le 9 septembre (contre 2,140 Mt sur la même période de 2022). Point positif, la campagne d’exportation est dynamique pour les orges, grâce à une brouille diplomatique entre la Chine et l’Australie. La Chine s’est ainsi tournée provisoirement vers les orges françaises, mais cela est certainement provisoire.
Bilan de moisson
Antoine Hacard a esquissé un premier bilan de la moisson 2023. Elle est satisfaisante en blé avec 35,1 millions de tonnes (Mt), soit le niveau de la moyenne quinquennale (+ 4 % par rapport à 2022). En colza, c’est « la déception de l’année » (4,3 Mt, - 5 %). Quant au tournesol, avec 2 Mt (+ 17 %), il atteint son niveau le plus élevé depuis le début des années 2000. Ce qui n’est pas le cas pour le blé dur dont la production sera la plus basse depuis 20 ans (1,3 Mt, - 6 %). Enfin, pour le maïs grain, dont la récolte commence à peine, la production est estimée à 11,2 Mt, soit une hausse de 5 % par rapport à 2022. Antoine Haccard a également abordé les sujets plus politiques de cette rentrée. Parmi eux, la séparation du conseil et de la vente à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. « Notre demande est très claire : être réautorisé à faire des préconisations », a annoncé le président. Autre sujet environnemental, le bas carbone. Coop de France Métiers du grain est engagée (dans le cadre des interprofessions Intercéréales et Terres Univia) dans le plan de décarbonation des grandes cultures. « Nous devons trouver les méthodes économiques pour valoriser les parcelles bas carbone. Le marché ne doit pas rester en dehors et doit participer au financement par le biais des crédits carbone. » Les coopératives de collecte sont également très actives sur la question de l’eau, ou de la préservation de la biodiversité avec le déploiement d’AgriBest, un outil d’autoévaluation des démarches permettant de préserver la biodiversité. En conclusion, Antoine Hacard a voulu passer un « message de fond ». « Laissez-nous produire. Le monde réclame nos céréales, l’Union européenne a besoin de nos céréales. Nous façonnons les territoires. Nous sommes résolument engagés dans la transition agricole. Mais le temps agricole n’est pas le temps politique. Nous ne faisons qu’une moisson par an ».