À la fin de la deuxième année de la nouvelle programmation Feader, Justin Chatard, responsable renouvellement des générations chez Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes (JA Aura) fait le point sur le dossier installation
L’an dernier, le nombre d’installations en Auvergne-Rhône-Alpes était en deçà des espérances. Qu’en est-il en 2024 ?
Justin Chatard : « Nous ne connaissons pas encore les chiffres définitifs, mais la dynamique est nettement meilleure que l’an dernier. En effet, en 2023, nous n’avions enregistré que 560 installations aidées. De nombreux jeunes avaient déposé leur dossier en 2022 juste avant la fin de la programmation précédente et le temps d’instruction, qui a été un peu laborieux au départ, a retardé certaines échéances. Nous avons eu un peu peur, mais cette année nous devrions être aux alentours de 1 200 installations aidées. Les objectifs sont dépassés. »
Quel regard porte le réseau JA sur la dotation jeunes agriculteurs (DJA) ?
J.C. : « Chez JA, nous mettons tout en œuvre pour conserver une DJA forte comme nous l’avons en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) aujourd’hui. En Aura, les jeunes qui s’installent peuvent bénéficier d’une DJA importante et cela ne peut être que satisfaisant. Toutefois, nous ne souhaitons pas envoyer et voir des jeunes aller droit dans le mur. C’est pourquoi nous restons vigilants à ce que les projets accompagnés soient vertueux et durent dans le temps. Nous sommes vigilants en comités d’étude de projets (CEP) de relever les points de vigilance sur les dossiers pour qu’ils puissent évoluer, le cas échéant. Nous avons aussi à cœur de simplifier le parcours de l’installation au maximum. »
Lors du Sommet de l’élevage, des représentants de JA Aura, dont vous faisiez partie, ont échangé longuement avec Emmanuel Ferrand, conseiller régional délégué aux fonds européens agricoles. Quelle était la teneur de vos échanges
J.C. : « Avec la Région, nous entretenons de très bonnes relations de travail et c’est important pour les dossiers qui nous animent. Avec cet échange, nous voulions, dans un premier temps, réaffirmer notre position au sein des CEP. Quand, nous jugerons qu’un dossier n’est pas viable, nous l’ajournerons. Nous appelons la Région à s’appuyer sur notre expertise pour donner l’avis définitif. Nous avons également évoqué les délais de paiement et de traitement des dossiers. Pendant l’été, la Région s’est engagée pour qu’à compter de la demande de versement un délai maximum de deux mois soit observé pour l’instruction et l’ASP un mois. Ces engagements permettront de faire redescendre le délai de paiement à trois mois, ce qui est satisfaisant. Enfin, nous avons également évoqué le paiement des soldes de l’ancienne programmation. Si nous sommes heureux que la nouvelle programmation ait pu se faire sans année blanche, que la DJA soit forte en Aura et que les choses se passent plutôt bien, le paiement de ces soldes ne doit pas être oublié. Ces jeunes en ont besoin. »
Propos recueillis par Marie-Cécile Seigle-Buyat
« Il faut que les mesures soient gravées dans le marbre »
Alors que le réseau FNSEA-JA appelle à une mobilisation nationale mi-novembre et que des actions syndicales ont déjà eu lieu partout en France, Justin Chatelard, éleveur aindinois, président de JA 01 et responsable renouvellement des générations à JA Aura, n’exclut pas qu’en région le mot d’ordre soit suivi massivement. « Il y a un véritable mal-être dans les fermes. Nous faisons face, aux quatre coins de la région, à d’importantes précipitations rendant notamment les conditions de semis des céréales compliquées. Par ailleurs, Auvergne-Rhône-Alpes a été touchée de plein fouet par la FCO-8 et aujourd’hui aucune indemnisation ni accompagnement des éleveurs impactés ne sont envisagés. Je suis très inquiet pour les jeunes agriculteurs qui viennent de s’installer ou depuis trois à quatre ans et qui n’ont pas de trésorerie. Il faut que les mesures promises et notifiées dans le projet de loi de finances, notamment, soient enfin gravées dans le marbre. Il faut un second souffle pour ces jeunes. » Le jeune éleveur allaitant évoque également avec inquiétude le dossier de l’accord Mercosur en discussion actuellement. « Nous n’en voulons pas. Notre leitmotiv : n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas chez nous, n’a jamais été aussi important. »