Catastrophe naturelle
La montagne s'effondre sur la noyeraie

Isabelle Doucet
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L’éboulement au niveau de la carrière de la Rivière, survenu le 25 juillet, a recouvert la route départementale et plusieurs hectares de cultures et de vergers.

La montagne s'effondre sur la noyeraie
Plusieurs dizaines de milliers de m3 se sont détachés du pan de montagne, au droit de la carrière de La Rivière. Photo : CD TD

« À 400 mètres de la carrière, l’onde de choc a fait remonter la terre des champs sur plusieurs mètres. Comme un raz-de-marée, une vague. »
Laurent Chanin, agriculteur à La Rivière, associé avec son père et son oncle au Gaec du Versoud, raconte le chaos dans lequel a été plongée la commune de La Rivière après l’éboulement de tout un pan de carrière sur la route RD 1532, mais aussi les vergers de noyers et les champs, survenu jeudi soir 25 juillet.
« Il y a eu un premier éboulement le matin, insignifiant, et la carrière a été fermée par mesure de sécurité. L’éboulement est survenu à 19 h 10. C’était comme si un TGV passait à côté de la maison. Les murs ont tremblé et j’ai vu le pan de montagne tomber. C’était le choc. On ne réalise pas ce qui se passe. Il y avait beaucoup de poussière, les voitures qui faisaient demi-tour sur la route les phares allumés et le lendemain, c’était lunaire : il y a entre 10 et 15 mètres de cailloux sur plusieurs centaines de mètres de longueur. C’est miraculeux s’il n’y a personne dessous. »

Onze hectares de cultures

L’éboulement rocheux a recouvert plus de onze hectares de cultures et 800 mètres de route départementale. « Les dégâts portent sur cinq hectares de céréales, 4,5 hectares de noyers, 0,5 ha de pépinière de noyer, 0,5 ha de jachère et 0,5 ha de prairie, liste le secrétaire général de Jeunes agriculteurs Isère. Il y a au moins sept exploitations touchées. Nous ne sommes pas près de revoir les terres. »
La route départementale est durablement coupée entre la Rivière et Saint-Gervais, obligeant les automobilistes à emprunter les déviations via Tullins et l’Albenc.
Le monde agricole est à son niveau touché par plusieurs difficultés liées à cette catastrophe naturelle.
Il y a d’une part l’urgence à redonner un lit au ruisseau du Versoud, qui tend actuellement à inonder la plaine après avoir été coupé par les éboulis.
D’autre part, les accès aux champs situés de part et d’autre de l’éboulement sont fortement entravés. De façon dérogatoire, les engins agricoles empruntent la digue, mais les exploitants souhaitent que cette autorisation soit officielle.
Car prendre la déviation en tracteurs supposerait un détour de 1 h 30 sans compter la gêne occasionnée pour les autres utilisateurs de la route.
« Dès que les recherches d’éventuelles victimes auront pris fin et que le site ne sera plus considéré comme dangereux, le Département pourra commencer l’évaluation des dégâts sur la route départementale. Il n’est pas encore possible de définir une date de début des travaux permettant la réouverture de cet axe », annonce le Conseil départemental dans un communiqué.
Il y a donc fort à penser qu’à la saison des noix, entre septembre et octobre, la route ne sera pas encore rendue à la circulation. Des dizaines de milliers de mètres cubes de roches et de boues sont à évacuer, qui risquent de prendre plusieurs mois.
« Plus tard, nous demanderons le classement en catastrophe naturelle et à être indemnisés », reprend Laurent Chanin. Certaines exploitations ont été plus sévèrement touchées et ne pourront peut-être pas retrouver leurs terres.

Isabelle Doucet

 

Mises en place de déviations

La RD1532 ne sera pas rouverte avant une longue période et des mesures de déviations des axes routiers ont été prises :
• Tous les véhicules légers sont incités à emprunter l'A49 ;
• Les transports poids lourds ont interdiction d'emprunter la D1092 (entre Saint-Marcellin et Tullins) et la D1532 (entre Saint-Romans et Saint-Quentin-sur-Isère) jusqu'à nouvel ordre. Ils devront obligatoirement passer par l'A49 ;
• Les transports exceptionnels ont interdiction de circuler dans la zone.