JEUNES AGRICULTEURS

Jocelyn Dubost : « Nous restons déterminés »

Terre en fête, manifestation pendant laquelle se tiendra notamment la finale régionale de labours (FRL), se déroule ce week-end, les 31 août et 1^er septembre, à Saint-Clément-de-Réchat dans le Puy-de-Dôme. La FRL est souvent synonyme de rentrée agricole. Comment, cette dernière, se présente-t-elle ?

Jocelyn Dubost : « C’est une très bonne question car, comme tout le monde, nous nageons dans le flou. Depuis plusieurs semaines nous faisons face à un gouvernement démissionnaire et n’avons plus de ministre de l’Agriculture. C’est très frustrant car nous étions en phase d’aboutir sur un certain nombre de sujets et tout a été stoppé net. Même si les choses devraient se décanter dans les prochaines heures [L’entretien a été réalisé le 23 août 2023. NDLR], il y a urgence et nous avons déjà perdu du temps, un luxe que nous n’avons pas. Alors, c’est certain, ce week-end sera festif, mais le réseau Jeunes agriculteurs reste déterminé à maintenir la pression pour que nous ne marchions plus sur la tête ! »

Quels sont les enjeux de Jeunes agriculteurs pour cette fin d’année 2024 dont le début a été marqué par des manifestations sans précédent et le troisième trimestre par une instabilité politique ?

J.D.: « Nous ne devons pas le nier, grâce à la mobilisation de tout le réseau, nous avons obtenu quelques avancées comme la détaxation du gasoil non routier (GNR) ou encore davantage de contrôles dans le cadre de la loi Égalim pour un prix rémunérateur et sur l'origine des produits dans les grandes et moyennes surfaces. Toutefois, ces avancées ne sont pas totalement à la hauteur des enjeux. Nous avons, en effet, d’importants chantiers en cours, comme notamment la proposition de loi d’orientation agricole (PLOA), qui devaient, à la suite des mobilisations historiques de l’hiver dernier, normalement aboutir avant l’été. Toutefois, la dissolution de l’Assemblée nationale a mis un coup d’arrêt au travail que nous conduisions. Aujourd’hui, il est clair que nous voulons que, comme son nom l’indique, la LOA oriente notre agriculture dans le bon sens, que cette loi prenne tout son sens en donnant une vision d’avenir à notre métier d’agriculteur en confortant les actifs dans leur travail et en permettant à ceux qui veulent embrasser notre profession de le faire de manière sereine. »

La FRL marque la fin de l’été. Celui que nous venons de connaître a été marqué par une moisson historiquement basse, une pression sanitaire importante sur les troupeaux… Quel est votre sentiment face à cela ?

D. : « Les années se répètent, mais ne se ressemblent pas. Si, les années précédentes, nous avons beaucoup parlé sécheresse, en 2024, nous déplorons l’excès d’eau sur une grande partie du territoire aurhalpin qui a eu pour conséquence une moisson de céréales catastrophique. En viticulture et en arboriculture, les aléas climatiques et les maladies qui s’enchaînent entraîneront indéniablement des répercussions sur la récolte. Nous investissons de moins en moins dans la recherche et aujourd’hui nous atteignons nos limites. Pour les éleveurs, si la quantité de fourrage est au rendez-vous, la qualité reste à être confirmée. Surtout, ils ont une nouvelle épée de Damoclès au-dessus de la tête avec l’arrivée d’un nouveau sérotype de FCO en France et l’expansion de la FCO 8 sur notre territoire ou encore la MHE qui est à nos portes. Il est urgent aujourd’hui que les pouvoirs publics se positionnent pour aider ceux qui sont touchés et accompagner au mieux ceux qui ne le sont pas. Le salut passera par la vaccination, de l'accompagnement et de l'information claire auprès des éleveurs… L’État doit mettre la main à la poche et investir dès maintenant pour éviter une catastrophe sanitaire demain. »

Propos recueillis par Marie-Cécile Seigle-Buyat