VITICULTURE
La vendange démarre dans un climat d’incertitude

La récolte 2024 a commencé dans plusieurs départements, notamment méridionaux. Un millésime particulièrement délicat s’annonce à l’issue d’une année climatique mouvementée.

La vendange démarre dans un climat d’incertitude
Cette année, de nombreux vignobles ont été marqués par des phénomènes de coulure et parfois de millerandage, conséquence de conditions humides et fraîches lors de la floraison. ©iStock-Jean-philippe Wallet

Les premiers coups de sécateurs ont été donnés dans plusieurs vignobles français ces derniers jours, étape cruciale dans l’élaboration d’un millésime 2024 qui s’annonce délicat. La récolte a ainsi démarré précocement dans plusieurs secteurs du Languedoc-Roussillon, en Provence ou encore dans le Bordelais. Perturbées par les précipitations intenses du printemps, la pression sanitaire et les épisodes de gel et de grêle, les vendanges devraient être plus tardives dans la plupart des autres régions, notamment septentrionales comme en Bourgogne. « Les observations des dates de véraison et les résultats des premiers contrôles de maturité réalisés sur les secteurs précoces montrent trois à sept jours de retard sur 2023 sauf en Provence et à Bordeaux », notait l’institut coopératif du vin (ICV) il y a quelques jours. « Le millésime 2024 présente de fréquents cas d’hétérogénéité marquée de la maturité. Dans les secteurs ayant subi le gel de printemps, les grappes apparues sur les repousses après les gelées ont trois semaines à un mois de retard sur les grappes principales à la véraison », précise-t-il.

En avance sur les autres régions, les vignerons provençaux ont donc commencé à récolter autour du 15 août dans les secteurs les plus précoces de l’AOP côtes-de-provence et coteaux-d'aix-en-provence. « Malgré un épisode de gel tardif ainsi que plusieurs épisodes de grêle entre mai et juin, la récolte s’annonce prometteuse », se félicite l’interprofession provençale (CIVP). « Le climat plus clément que l’année passée avec des précipitations étalées dans le temps au printemps et un bel ensoleillement a permis à la vigne de se développer avec un stress hydrique modéré », poursuit l’interprofession qui a expérimenté cette année cinq nouveaux cépages adaptés à la sécheresse.

L’optimisme est cependant loin d’être de mise dans l’ensemble du vignoble, comme en témoignent les premières prévisions de récolte du ministère de l’Agriculture qui évaluaient début août le recul de la production d’une année sur l’autre de - 10 à -16 %, soit entre 40 et 43 millions d’hectolitres contre 48 Mhl en 2023, faisant ainsi sans doute reculer cette année la France de la première à la deuxième place mondiale. Cette année, de nombreux vignobles ont été marqués par des phénomènes de coulure et parfois de millerandage, conséquence de conditions humides et fraîches lors de la floraison.

Le défi des vendangeurs

Depuis ces premières projections, la situation ne s’est guère améliorée dans certaines régions. Le vignoble audois (Corbières), notamment, a essuyé un violent orage de grêle le 13 août dernier. Plusieurs centaines d’hectares ont été impactées avec de gros dégâts sur les grappes. La répétition des aléas affecte particulièrement certains vignobles comme celui de Cahors qui s’attend à un nouveau « petit » millésime d’à peine 50 000 hectolitres sur 3 300 hectares, selon le syndicat des vignerons. « Si l’année prochaine nous avons les mêmes chiffres que cette année, en 2025 nous serons à sec » en raison de l’épuisement des stocks, déplore dans la presse locale Nicolas Fournier, le président du syndicat des vins de Cahors.

En attendant, les vignerons vont devoir à nouveau relever cette année le défi de l’embauche des vendangeurs qui manquent dans de nombreuses régions. L’union de coopératives Bordeaux Families, qui a entamé le 22 août la récolte de ses vignes destinées aux crémants, prévoit à elle seule d’employer 400 personnes pour aider à vendanger à la main ses 650 hectares de vignes. Plusieurs régions ont organisé des cellules de mise en relation des viticulteurs avec les demandeurs d’emploi. La cellule Alsace Vendanges, ligne téléphonique de recrutement de vendangeurs qui associe France Travail, la MSA et l’association des viticulteurs d’Alsace, est par exemple entrée en service le lundi 19 août au matin. Certains départements, comme celui de l’Hérault, ont également mis en place un dispositif « vendanges solidaires » qui permet de cumuler le revenu de solidarité active (RSA) à taux plein et un revenu d'activité saisonnière.

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