À quelques jours de son congrès qui se tiendra les 12 et 13 février à La Rochelle (Charente-Maritime), la Fédération nationale bovine (FNB) a établi un point de situation de son secteur d’activité. Ses attentes restent toujours importantes tant sur le plan national qu’international.
Si l’année 2024 a été marquée par les intempéries et les épizooties et n’a pas permis de résoudre tous les problèmes, elle a cependant apporté un motif de satisfaction pour les éleveurs de bovins : la remontée des cours. « Sur le prix, on est en train d’atteindre les niveaux des coûts de production pour certaines catégories, mais pas toutes », a expliqué Patrick Bénézit, président de la FNB. « Le cours des jeunes bovins (JB) avoisine les 6 €/kg équivalent carcasse (kgéc) et celui des broutards environ 4,40 €/kgéc », a précisé Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB. Il y voit notamment l’effet de la décapitalisation, et donc une baisse de l’offre, alors que dans le même temps, la demande reste stable. En effet, la filière a perdu 97 000 animaux, faute de naissances, soit une diminution de 10 % de la production de veaux sur le dernier trimestre 2024. À court terme, c’est-à-dire dans six mois, le nombre de broutards et de jeunes bovins sera encore moindre dans un contexte toujours assez dynamique, notamment du côté des Italiens qui, satisfaits de la qualité française, passent de nombreuses commandes pour leurs ateliers d’engraissement.
Généraliser la contractualisation
Si cette montée des cours réconforte les éleveurs, elle les inquiète aussi dans la mesure où elle ne concerne pas toutes les catégories et que « nos revenus restent encore faibles », a affirmé Patrick Bénézit. D’une manière générale, « la filière reste fragile » a-t-il ajouté, se disant inquiet quant à la capacité des éleveurs français à pouvoir fournir assez d’animaux pour la filière de l’aval. Les éleveurs français ne parviennent qu’à couvrir 90 % des besoins et notre pays se voit contraint d’importer pour répondre à la demande, notamment au profit de la restauration hors foyer. L’une des solutions est d’attirer plus de jeunes vers le métier. « C’est la rentabilité et les revenus qui permettront de relancer l’attractivité du métier et le renouvellement des générations », a souligné Cédric Mandin. L’association spécialisée de la FNSEA compte d’ailleurs sur le projet de loi d’orientation agricole et sur une éventuelle loi Egalim 4 pour entériner définitivement la matière première agricole, toujours remise en question par l’aval de la filière, sous la pression des grandes centrales d’achat et des grandes enseignes. « Il est aussi important de généraliser la contractualisation. Elle représente un levier pour le renouvellement des générations », ont affirmé Patrick Bénézit et Cédric Mandin. Les deux responsables entendent aussi que les relations internationales s’établissent sur des conditions claires et saines. C’est pourquoi ils ont demandé que « l’engagement de la France contre l’accord entre l’UE et le Mercosur soit réaffirmé tant qu’on n’aura pas obtenu de clauses miroirs ».
« Pas à la hauteur »
Par ailleurs, la FNB demande aussi des garanties sur les risques climatiques et sanitaires. Sur le volet climatique, ils sont très remontés contre les assureurs. « Les prairies qui ont été touchées par les inondations de 2024 ne sont toujours pas indemnisées », s’est énervé Patrick Bénézit. Pour la FNB, l’indice utilisé dans le cadre de l’assurance doit absolument être associé à la possibilité de recours par des enquêtes de terrain, « comme pour les autres productions ». Et ne pas se fier sur le seul indice satellitaire. Sur le plan sanitaire, les épizooties n’ont pas épargné les élevages et la réponse des pouvoirs publics « n’a pas été à la hauteur », ont regretté les dirigeants de la FNB. Dans leur ligne de mire : la pénurie de vaccins. « Nous serions prêts à les payer 2 à 3 € par vaccin. Mais il n’y en a plus, il n’y a pas de disponibilité concernant la fièvre catarrhale ovine (FCO) », a fustigé Patrick Bénézit. Le président de la FNB plaide pour « une vraie politique sanitaire préventive. Comme ça le problème financier sera moins douloureux pour tout le monde ». Mais il s’étonne de l’inaction des pouvoirs publics face à la montée de nouveaux sérotypes de type 1 (détecté à Gibraltar) et de type 12 (déjà arrivé aux Pays Bas), subodorant des contrôles aux frontières pas toujours efficaces.