ASSISES
À la reconquête de la souveraineté sanitaire

La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a officiellement lancé le 30 janvier à Paris, les Assises du sanitaire animal. L’objectif étant d’assurer à moyen terme la souveraineté sanitaire des productions animales françaises et conserver à l’agriculture une partie de sa compétitivité.

À la reconquête de la souveraineté sanitaire
Annie Genevard, a officiellement lancé, le 30 janvier à Paris, les Assises du sanitaire animal. ©Actuagri_CS

Ces dernières années ont vu l’émergence de nouvelles épizooties qui ont considérablement ralenti la production agricole française. Ce fut notamment le cas avec les différents épisodes de grippe aviaire qui ont mis à mal une partie non négligeable de l’aviculture française et même européenne. Dans la seule année épidémiologique 2021-2022, la grippe aviaire a été « la plus importante observée jusqu'à présent dans l'Union européenne en termes de nombre de foyers épidémiques détectés (5 300 dont 1 378 en France) chez les volailles, d'étendue géographique et de taux de mortalité chez les oiseaux sauvages ». Plus récemment, ce sont les maladies hémorragiques épizootiques (MHE) et la fièvre catarrhale ovine (FCO) avec différents sérotypes (notamment FCO-3 et FCO-8) qui ont touché les élevages français, venant compromettre une production de viande, déjà affaiblie par une décapitalisation inquiétante. En effet, la France a perdu, à elle seule, un million de bovins depuis 2016 : 400 000 vaches laitières et 600 000 vaches allaitantes. Au 23 janvier dernier, 9 584 foyers de FCO de sérotype 3 répartis dans 62 départements français avaient été recensés depuis le déclenchement de la maladie le 5 août dans le département du Nord.

Objectif 2026

En le disant de manière induite, la ministre a reconnu que les services vétérinaires ont été pris de cours. La stratégie de lutte s’est s’avérée complexe et évolutive. Le nombre de doses était limité pour la FCO-8 en Union européenne et sur le territoire national. En outre, « la réponse scientifique a tardé, a-t-elle dit en substance. « On ne peut plus continuer comme ça. Plus jamais ça », a martelé Annie Genevard, expliquant qu’il n’y a « pas de souveraineté alimentaire sans souveraineté sanitaire ». La ministre s’est inquiétée d’autres menaces qui pointent aux frontières françaises comme la peste porcine africaine qui pour l’heure est contenue en Italie et en Allemagne, ou encore la fièvre aphteuse qui est encore confinée outre-Rhin, chez nos voisins allemands. D’autres sérotypes de FCO ont fait leur apparition de l’autre côté des Pyrénées (FCO-1) et aux Pays-Bas (FCO-12).

En amont de cette réunion, les représentants des filières d’élevage avaient été conviés à exprimer leur vision du dossier et faire part de leurs propositions. Toutes ces réflexions seront échangées au sein de différents groupes de travail qui constitueront la base des contrats sanitaires de filière (CSF). Il revient désormais à chaque groupe d’élaborer son propre CSF, avec un volet surveillance des élevages et un volet prévention. Pas question pour autant de faire table rase du passé. La ministre entend « améliorer tout ce qui ne fonctionne pas ou plus », a-t-elle affirmé. « Le chantier des Assises doit préparer l’avenir en ciblant un complet déploiement au plus tard en 2026 », a conclu Annie Genevard.

Christophe Soulard