Montagne
Remettre l’élevage au coeur de la Pac 2027

Lors du Sommet de l’élevage, les responsables agricoles des Massifs français ont présenté leur livre blanc commun, document de référence sur le positionnement des massifs des Pyrénées, de la Corse, des Alpes, du Jura, des Vosges et du Massif central.

Remettre l’élevage au coeur de la Pac 2027

 Christine Valentin, présidente de la chambre d’agriculture de la Lozère et du service interdépartemental pour l’animation du Massif central (Sidam), a souligné l’importance de « travailler ensemble pour rechercher des valeurs ajoutées et rendre les exploitations performantes ». Elle a cité l’exemple de « Mont lait », association regroupant 1 000 éleveurs du Massif central. Dominique Fayel, éleveur aveyronnais et président du groupe de travail bovins viande au sein du Copa-Cogeca (organisations et coopéra­tives agricoles de l’Union européenne) a, quant à lui, partagé son point de vue depuis sa position européenne. « 2027 peut être un vrai virage pour la Pac, et il n’est pas trop tard pour la négocier ! L’aide à l’hectare et l’intégration de l’Ukraine vont être discutées prochainement. Il va falloir être très vigilants sur la répartition des aides pour éviter qu’elles ne soient captées majoritairement par les pays ayant plus de surfaces agricoles », a-t-il affirmé. Il a ainsi insisté sur l’importance de défendre les intérêts français. Il a également noté un changement positif dans la perception de l’élevage et de son impact climatique. Enfin, Christophe Léger, éleveur laitier en Haute-Savoie et président du Suaci Montagn’Alpes, a présenté les projets « DécarbonAlpes » et « Viand’Alp », qui servent de feuilles de route dans la « recherche de valeurs ajoutées adaptées à l’économie montagnarde ». Comme ses collègues, il a exprimé des inquiétudes sur le renouvellement des générations en agriculture.

Les revendications du livre blanc
Le livre blanc propose des mesures concrètes pour répondre aux revendications des agriculteurs lors des mobilisations de ce début d’année. L’élevage enmontagne joue un rôle clé en valorisant les paysages et en soutenant l’attractivité touristique de ces territoires. Dans ces zones, où peu d’autres activités sont possibles, ne pas prendre en compte cette spécificité dans la Pac pourrait entraîner une désertification progressive.

Les propositions pour la zone montagne

On trouve dans ce document des propositions pour soutenir la production comme maintenir les aides couplées du premier pilier au taux maximum, reconduire l’aide ovine forfaitaire et convertir l’aide bovine en une aide unique à l’UGB dès seize mois, maintenir l’aide sur les 52 premiers hectares et ne pas plafonner les aides du premier pilier pour soutenir la création d’emplois et compenser les écarts de compétitivité causés par les handicaps naturels de ces zones. L’installation doit être au coeur de la mécanique de cette nouvelle Pac, avec la reconduction de la dotation jeune agriculteur (DJA) et un soutien renforcé aux investissements. Toujours dans un souci d’équité entre les territoires, le livre blanc déplore la baisse de la valeur des droits au paiement de base (DPB) en montagne et dans les estives collectives.

Risques climatiques et sanitaires

Le libre blanc aborde aussi les risques climatiques et sanitaires, demandant aux pouvoirs publics des outils pour sécuriser les exploitations en tenant compte de leurs spécificités. La solution du « tout assurantiel » n’étant pas forcément la plus adaptée à toutes les productions, il plaide pour un renforcement du Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) avec des déclenchements à partir de 20 % de pertes, ainsi que la création d’un Fonds national agricole de mutualisation des risques climatiques (FMC) pour couvrir les surfaces herbagères et pastorales.

Bénédicte Cayla