Prévention routière
Boire ou conduire : les MFR ont choisi

Les élèves de troisième des MFR de Chatte, Vif, Crolles et Coublevie ont suivi une formation sur les liaisons dangereuses entre conduite d'un deux roues et consommation d'alcool. L'occasion de rappeler des fondamentaux et de combler de sérieuses lacunes.
Boire ou conduire : les MFR ont choisi

« Si on n'a rien à évacuer, on peut boire un coup ? » La question de Victor pourrait faire sourire si elle ne reflètait pas l'inquiétante ignorance d'un grand nombre de jeunes concernant les effets de la consommation d'alcool sur la conduite routière. Sur l'ensemble des élèves de troisième des quatre MFR venus assister à la journée de formation organisée par Groupama et la coordination sécurité routière de la DDT, une très grande majorité a déjà bu de l'alcool et ne s'en cache pas. Vogue, soirée avec les copains, repas de chasse, apéro avec le maître de stage... : les occasions sont nombreuses. Et si la plupart des adolescents savent parfaitement qu'il ne faut pas prendre le volant ou le scooter en état d'ébriété, rares sont ceux qui placent le curseur de l'ivresse au bon endroit. 

C'est tout l'enjeu de l'opération de sensibilisation lancée le 22 septembre à la MFR de Vif. Animées par quatre intervenants départementaux de sécurité routière, les trois journées sont consacrées spécifiquement à la conduite des deux roues. « Cette action répond à une demande du directeur de la fédération des MFR de l'Isère, explique Sylvie Gabriel, vice-présidente de Groupama Isère. C'est une première. Nous savons bien que ça ne paiera pas tout de suite, mais si nous parvenons à marquer les esprits, nous aurons avancé en termes de prévention. » Le raisonnement est simple : les jeunes d'aujourd'hui sont les conducteurs de demain. S'ils acquièrent de bons réflexes avant de passer leur permis, les comportements sur les routes évolueront. Mais la route risque d'être longue. Car les jeunes reproduisent souvent le comportement des adultes, qui n'est pas toujours exemplaire. « Moi, mon père, il peut prendre deux pastis en apéro, boire du vin au repas et prendre le volant après, ce n'est pas un problème », confie ingénument un jeune garçon scolarisé à la MFR de Chatte.

Alcool et stupéfiants

Après avoir suivi les deux ateliers de simulation de consommation d'alcool, certaines convictions sont ébranlées. Dans l'un, les adolescents chaussent des lunettes déformantes qui simulent l'état dans lequel ils se trouveraient avec un gramme d'alcool dans le sang ; ils doivent suivre un parcours au sol. Effet garanti : les jeunes commencent par rigoler, mais se mettent vite à tituber et à renverser les plots à terre. Dans l'autre atelier, l'exercice est moins risqué car virtuel. Assis devant un écran d'ordinateur, les élèves se mettent dans la peau d'un client de bar. Chacun indique son âge, son sexe, sa taille et son poids. « C'est important, car l'alcool n'a pas le même effet selon les gabarits », précise Mourad Brioua, l'intervenant en charge de l'animation, avant d'inviter les ados à « commander au tavernier ce qu'ils ont l'habitude de boire ». L'idée est de leur faire prendre conscience de leur état après la consommation d'un ou plusieurs verres (à jeun ou après avoir mangé), mais aussi du temps dont l'organisme a besoin pour évacuer l'alcool. Les élèves tombent des nues. La plupart découvrent que, contrairement à ce qu'ils pensaient, boire une bière ou un alcool fort, « c'est la même chose » : les effets sur le taux d'alcoolémie sont identiques. « Vous, ce qui vous intéresse, c'est le seuil 0,2, leur rappelle l'intervenant. A partir du moment où vous buvez un verre, un demi-pêche ou un pastis, vous êtes au-desssus de 0,2 gramme d'alcool par litre de sang. Donc vous êtes en situation de contravention. Ça coûte six points et 135 euros au minimum. Et plus de permis quand on est en probratoire. J'insiste sur l'alcool, mais c'est la même chose avec les stupéfiants... »

A la sortie de l'atelier, les jeunes font un peu moins les malins. Quand on les retrouve à la simulation de conduite, sur deux ou quatre roues, on les sent concentrés, attentifs. « J'ai entendu des choses qui m'ont fait peur, mais je suis agréablement surpris par l'assiduité dont ils font preuve », témoigne Jean-Pierre Thomas, l'intervenant bénévole en charge du simulateur de conduite sur deux roues. A la fin de la matinée, les élèves sont-ils pour autant prêts à modifier leur comportement ? Pour beaucoup, oui. Louna, qui se déplace en scooter et avoue aimer « rouler vite », a d'ailleurs décidé de changer de sa conduite : « Je ne savais pas qu'il y avait autant de dangers possibles... »

Marianne Boilève