Pointage
CJAJ Equin : le grand saut départemental

Le 10 décembre dernier, une trentaine d'élèves du Legta de La Côte-Saint-André et de la MFR de Coublevie ont participé à la finale départementale du concours de jugement par les jeunes dans la catégorie équin. Passage obligé pour participer à la finale nationale fin février à Paris.
CJAJ Equin : le grand saut départemental

Ce matin-là, certains sont un peu arrivés les mains dans les poches, au lycée agricole de La Côte-Saint-André. D'autres non : ils avaient conscience de jouer une place au CJAJ équin (concours national de jugement d'animaux par les jeunes), dont la finale nationale se déroulera au Salon de l'agriculture en février. Mais pour l'heure, il s'agissait de participer à la finale départementale du meilleur pointeur équin.

Formation express

Avant de se lancer dans la compétition, la trentaine d'élèves - essentiellement des jeunes filles du lycée de La Côte-Saint-André et de la MFR de Coublevie – aura eu droit à une formation express dispensée par Flora Planchon, juge nationale en selle français et cheval de trait comtois. L'attitude diffère selon les élèves. L'attention prêtée aux explications aussi. Il y en a qui suivent, d'autres qui ont l'air un peu dépassés. Il faut dire que le propos est consistant, technique, bien pointu. L'experte nationale parle attache et distinction de la tête, longueur et orientation de l'encolure, allure de la « ligne du dessus », aplombs des membres, amplitude, « note de tissu »...

« On va rechercher une croupe ni horizontale, ni trop rabattue : elle doit être longue, bien orientée. La cuisse doit être longue et large, la fesse formée, avec de la matière, mais pas trop pour ne pas gêner le mouvement... », explique Flora Planchon. Pour le néophyte, ces indications parlent peu, mais pour les jeunes, ça fait sens : ils savent qu'ils vont devoir utiliser ces critères pour juger de la conformité des chevaux par rapport au standard de la race, de façon à évaluer leur potentiel, leur « durabilité », et par conséquent leur valeur commerciale. « Ils connaissent les fondamentaux, l'anatomie du cheval, son squelette, ses muscles : ils ont déjà un petit bagage », assure Elisabeth Butel, professeur de zootechnie auprès des CAP Equitation de la MFR de Coublevie.

A l'épreuve du terrain

Démonstration l'après-midi, au centre équestre de Faramans. Les jeunes démarrent l'épreuve avec des chevaux de trait, mis à disposition par Sylvain Ogier, éleveur à L'Isle-d'Abeau. « Lors du jugement, l'essentiel est de garder en mémoire la finalité du cheval », rappelle Flora Planchon qui rassure aussi ses troupes : « A tout moment, dans la méthode, on ne cherche pas la note, mais des appréciations. Ouvrez vos yeux et vos oreilles. Fiez-vous à votre impression : elle est généralement bonne. »

Un splendide comtois entre en piste. C'est le cheval témoin. Flora Planchon le commente. Arrivent ensuite Betty et Arcade, les deux chevaux à évaluer. On sent les jeunes candidats mobilisés : les choses sérieuses commencent. La juge nationale leur livre un dernier conseil : « On ne note que ce qu'on voit, que ce que le cheval a à donner. On veut que le cheval soit tonique, efficace. Un cheval performant, c'est un cheval qui bouge. »

Fiche de pointage en main, les jeunes observent les chevaux. Tête, encolure, ligne de dessus, poitrine, croupe, épaule, membres, tendons, muscles, pieds, aplombs : tout est passé en revue. L'évaluation est chronométrée, les élèves concentrés. « On n'a pas trop d'expérience, confie Jade, en CAP à la MFR de Coublevie. On a plus l'habitude de monter sur le cheval que de l'évaluer. C'est un peu compliqué, mais il faut se faire confiance. Et puis on a la gagne ! »

Grille de pointage

C'est au tour des chevaux de selle : un cheval témoin et deux chevaux à pointer, Eastwood et Cobalt, tous issus du centre équestre de Faramans. La juge nationale note de son côté, les élèves du leur. Le vainqueur sera celui dont la fiche sera la plus proche de sa grille de pointage. Les jeunes semblent plus à l'aise. « Avec ce genre de cheval, c'est plus facile, parce qu'on les fréquente plus souvent », reconnaît Vanessa, de la MFR de Coublevie. Clarisse, qui a fait un peu de présentation au sein de sa structure de stage, trouve que « c'est très différent. Ce ne sont pas les mêmes choses qui sont mises en valeur. C'est compliqué de juger, car on n'est pas expert ».

Une fois l'épreuve finie, Flora Planchon se lance dans une rapide synthèse, décryptant sa propre évaluation, comparant Eastwood et Cobalt, leur profil et leur morphologie. Et rappelle l'intérêt de l'exercice : « Plus vous aurez de pratique, plus vous aurez d'outils. A chaque fois, les chevaux vous interrogent sur votre expertise. Ils doivent vous bousculer. N'ayez jamais de certitude, mais faites confiance à vos impressions. » Un conseil que Jade Veyrat, élève de Terminale STAV au Legta de La-Côte-Saint-André et première au classement de cette finale départementale, saura mettre en pratique sur le ring lors de la finale nationale à Paris.

Marianne Boilève