Installation
Des outils de pilotage

Le lycée agricole de La-Côte-Saint-André accueillait la vingtième journée de l'installation. L'occasion pour les étudiants des lycées et MFR du département de se projeter dans leur future installation.
Des outils de pilotage

Ils sont jeunes, scolarisés en établissements agricoles* et, pour la plupart, animés de la volonté de s'installer en agriculture. Pour les aider à mûrir leur réflexion, à aborder les différentes facettes de leur futur parcours, et à démystifier les difficultés qui se présenteront certainement, ils étaient plus de 150 à participer à la journée de l'installation qui s'est déroulée le 8 janvier à La-Côte-Saint-André. Au cœur de leurs futures préoccupations, la question économique a été abordée au travers du témoignage de Guillaume Noël-Barron, jeune éleveur de montbéliardes, installé au sein de l'EARL de Ternan, à Gillonnay.

Une base d'analyse et de réflexion

Les enjeux sont importants ; les décisions prises lourdes de conséquences. En l'occurence, l'achat d'un robot de traite, deux ans seulement après la mise en place d'une nouvelle salle de traite. Pourtant, grâce à l'utilisation des outils de gestion proposés par le Cer France Isère, les Noël-Barron ont franchi le pas sereinement. Ou presque. Leurs objectif étaient simples : améliorer leur qualité de vie, et le suivi technique du troupeau. Mais un tel investissement (187 000 euros au total, avec une augmentation de leurs annuités de 16 000 euros par an pendant dix ans) ne s'improvise pas. « Dans un contexte de forte variabilité des prix et de changements réglementaires importants, les outils de gestion, qui permettent de répondre aux questions sur la capacité de l'entreprise à résister aux changements, les axes à travailler pour combler la trésorerie manquante, la maintenir, ou la développer, la hiérarchisation des projets », tout cela joue un rôle prépondérant. Ils représentent une base d'analyse et de réflexion qui permettent de mieux piloter les entreprises », indique Nicolas Romet, conseiller au Cer France Isère. Ainsi, en calculant sa marge d'orientation**, l'EARL de Ternan a pu se projeter et constater que l'achat du robot de traite était supportable financièrement.

Plus performants

Pour les Noël-Barron, cette décision a impliqué une prise de risque, mais elle restait mesurée grâce à l'analyse effectuée en amont. « Au final, l'installation du robot nous a permis de gagner une heure et demie de traite par jour. Nous sommes devenus encore plus performants au niveau de la gestion technique du troupeau, et nos vaches produisent davantage qu'avant. Cette amélioration de nos conditions de travail et de vie ne s'est pas faite au détriment du confort de nos animaux. Les vaches sont plus libres et beaucoup plus calmes », explique Guillaume Noël-Barron. Autant de bénéfices pour les éleveurs. Même s'ils ne sont pas tous chiffrables.

 

* Ils sont en classe de Bac pro, BTS, CCTAR, et BPREA au sein des lycées agricoles de La-Côte-saint-André, et de Saint-Ismier, et des MFR de Chatte, Vif et Bourgoin-Jallieu.

** La marge d'orientation est la marge restante au sein de l'EBE après la déduction des prélèvements privés et des annuités. C'est ce qui permet la consolidation, l'investissement, l'épargne, ou la sécurisation de l'entreprise.

Isabelle Brenguier

Un parcours simplifié

De l'avis général, le parcours à l'installation en agriculture se révèle long et fastidieux. Mais bonne nouvelle pour les futurs candidats, il devrait être assouplie. Le PDE (Plan de développement de l'exploitation) doit être remplacé par un plan d'entreprise. Ce document, - basé sur une étude économique détaillée, projetée sur les cinq prochaines années, et complétée par des données qualitatives - , devrait être plus accessible pour les porteurs de projet. Afin de limiter le nombre d'avenants en cas de non respect des engagements, il devrait aussi supporter une plus grande flexibilité des investissements. Les variations de la capacité d'auto-financement de l'entreprise seront étudiées chaque année au sein de l'étude économique. Une façon pour les agriculteurs de pouvoir anticiper les investissements lors de résultats positifs ou de les reporter si la situation est moins bonne que prévue.
I.B.