Aviculture
Guide de biosécurité : en cours d'assouplissement

Afin de préparer au mieux l'application du guide de biosécurité en élevage fermier, l'association des Volailles fines du Dauphiné a organisé une réunion d'information début novembre à la MFR de Chatte.
Guide de biosécurité : en cours d'assouplissement

« Je n'ai aucune idée de comment ça va se passer... ». Dans la salle de la MFR de Chatte, une vingtaine d'éleveurs de volailles fermières font part de leurs inquiétudes concernant les premières inspections des services de l'Etat. Depuis le 1er janvier, un guide de biosécurité adapté aux élevages fermiers a été mis en place comprenant des assouplissements par rapport au premier guide datant du 1er juillet 2016. De nouveaux assouplissements et des points de cristallisation sont encore en cours de réflexion.
Dans le premier guide, les agriculteurs devaient avoir un sas à l'entrée de chaque bâtiment dans lequel changer de tenue et de chaussures. Depuis, la réglementation a subi quelques ajustements. « Il faut un sas par unité de production mais plusieurs bâtiments peuvent être dans une unité de production », explique François Gaudin, conseiller volailles fermières pour les chambres d'agriculture de la Drôme et de l'Isère. Mais Christine Filliat, vétérinaire spécialisée en aviculture met en garde : « S'il y a un cas de salmonelle, c'est bien l'ensemble des volailles de l'unité de production qui devront être abattues et non pas uniquement celles du bâtiment ». Autre ajustement : le sas n'est plus obligé de se situer juste à l'entrée du bâtiment mais au début des parcours. Pour le sas, « il faut des sur-chaussures et le gel désinfectant pour les mains est accepté », explique Aurore Totsi, vétérinaire au GDS Isère, contrairement à la première version qui demandait un point d'eau pour le lavage des mains.

Bois et désinfection

Il faut aussi définir les zones de son exploitation. Il y a la zone publique, la zone professionnelle, et la zone d'élevage. Tout ce qui entre dans la zone d'élevage doit être désinfecté. « Il faut garder un maximum d'éléments dans la zone d'élevage pour éviter tout problème avec la zone publique », explique Christine Filliat. « Et le tracteur ? », interroge un éleveur. « S'il est hors de la zone, il doit effectivement être désinfecté, avec de la chaux au sol », confirme la vétérinaire. « Mais moi, ma zone d'élevage est aussi ma zone publique et c'est aussi mon unité de production ! » témoigne un éleveur. « Il faut mettre en place un système pour diviser le risque au maximum », encourage-t-elle.
Pour la désinfection des bâtiments, le bois avait était mis à mal dans la première version du guide car très difficile à désinfecter. « Maintenant, on peut mettre un vernis sur le bois », explique Aurore Totsi. « Je vais mettre du vernis sur mes 14 bâtiments en bois ! Et puis pour désinfecter, on utilise des produits non biodégradables donc cela fait une exposition à des produits supplémentaires », interpelle un éleveur en agriculture biologique. « Je n'ai encore rien mis en place, explique un jeune éleveur, car j'ai peur d'investir et ne pas me servir des nouveaux aménagements en fonction de l'évolution de la réglementation ».

Equarrissage en débat

La nouvelle réglementation est en cours d'ajustement donc les contrôles doivent être préparés. « L'application de la réglementation n'est pas rigide et stricte. Une part est laissée à l'appréciation de l'inspecteur et il peut donc y avoir des variations de jugements », explique Christine Filliat. « On est mis en demeure pour décembre, témoigne une éleveuse, je ne sais même pas à qui je dois m'adresser ». « Il faut appeler votre vétérinaire qui peut témoigner des actions que vous faites au quotidien. Le but est de garder une cohérence dans le fonctionnement de votre exploitation et être conscient des points sensibles », ajoute la vétérinaire spécialiste. Le dernier point en débat reste l'équarissage. « Dans le règlement, le départ de l'intégralité des cadavres doit se faire par l'équarrissage », explique François Gaudin. Mais, entre les éleveurs qui n'ont pas de congélateur dédié, l'équarrisseur qui ne se déplace pas pour une poule, ou encore la difficulté d'obtenir un contrat pour trop peu de déplacements, la question est toujours en suspens.

Virginie Montmartin