Alimentation
Les producteurs satisfaits de la marque IsHere

En mai dernier, la chambre d'agriculture a lancé une enquête auprès des producteurs agréés IsHere pour savoir ce que leur a apporté la marque et connaître leurs attentes. Les retours sont plutôt positifs.

Les producteurs satisfaits de la marque IsHere

Lancée en fanfare en 2018, la marque IsHere convainc toujours les producteurs agréés deux ans plus tard. C'est ce que révèle une enquête réalisée par la chambre d'agriculture de l'Isère au printemps dernier. Avec un taux de réponse de 83% (1), le questionnaire a fait l'objet d'un très bon retour. Les agriculteurs se disent satisfaits par la marque, voire très satisfaits, à 75%. Ils apprécient surtout la mise en avant des produits locaux et, dans une moindre mesure, les moyens mis en œuvre par le Pôle agroalimentaire pour la promotion des produits. Si 58% des personnes interrogées déclarent que la marque les a aidés à faire connaître leur produits, seuls 37% estiment qu'elle leur a permis de mieux les commercialiser. De leur côté, les « insatisfaits » regrettent surtout le manque d'effet commercial (7 agriculteurs sur 60).

Combinaison de circuits

L'enquête s'intéresse également aux modes de commercialisation utilisés par les producteurs agréés IsHere et à la proportion de chiffres d'affaires générée par chaque circuit. En moyenne, les exploitants ayant répondu au questionnaire déclarent trois circuits de vente différents. La plupart commercialisent en circuit court (72% en vente à la ferme ou en point de vente collectif, 47% font les foires et marchés, 7% passent par internet ou la vente par correspondance), tandis qu'un tiers approvisionne des restaurants.

Ce ne sont pourtant pas ces circuits qui génèrent le plus de revenu : en moyenne, les producteurs agréés ne tirent de la vente directe que 43 % de leur chiffre d'affaires. En revanche, les 27% de producteurs qui travaillent avec la grande distribution en tirent en moyenne 41% de leur chiffre. Même constat chez ceux qui fournissent la restauration collective (17 des exploitations enquêtées), les grossistes (13%) ou les magasins spécialisés (10%) : tous en tirent environ un quart de leur chiffre d'affaires.

La moitié des exploitations ont également fait le choix d'écouler une partie de leur production via les commerces de détail ou les artisans, dont ils tirent 22% de leur chiffre d'affaires (en moyenne). « Le commerce de proximité est une piste intéressante en termes de diversification, analyse Mélanie Hovan, conseillère circuits courts en charge de la marque à la chambre d'agriculture. Cela ne génère pas forcément beaucoup de chiffre ou de volume, mais la relation est souvent plus facile à établir qu'avec une grande surface. » Ce sera donc peut-être une piste à creuser pour les producteurs qui souhaitent vendre plus (83% des personnes interrogées) ou trouver de nouveaux circuits de commercialisation (52%). « A condition que ces circuits soient accessibles et que les producteurs ne perdent pas trop de temps à faire de la route », précise Mélanie Hovan.

Retours critiques

Le plateforme de mise en relation lancée par le Pôle agroalimentaire de l'Isère pendant le confinement est-elle un bon outil pour y parvenir ? Oui, pour une majorité de répondants. Encore faut-il que le site gagne en ergonomie, car ses utilisateurs se montrent pour l'instant assez critiques. D'ailleurs les mises en relation opérées jusqu'à présent sont largement en dessous des objectifs fixés par le Pôle. « Nous avons voulu développer la plateforme internet tout en protégeant les producteurs contre les tendances des grandes surfaces à mettre les gens en concurrence, explique son président, Pascal Denolly. Mais ça a conduit à des erreurs qui font que la plateforme manque de réactivité pour les distributeurs. » 

Le responsable du Pôle s'avoue également déçu par le volume de « business » global généré par la marque. « Nous ne sommes pas du tout à l'objectif en termes de chiffre d'affaires, reconnaît-il. C'est un sujet vaste qui témoigne de ce que nous n'avons peut-être pas pris les choses dans le bon sens. Nous devons faire rentrer davantage de monde dans la marque, donc travailler sur le cahier des charges et emprunter les bons canaux pour structurer les filières. Mais ça, c'est plutôt l'affaire des coopératives. A nous de les convaincre. » Jean-Yves Colomb, président délégué du groupe agricole et alimentaire Oxyane, se dit d'ores et déjà prêt à étudier le dossier, notamment pour ce qui est de la filière légumes.

Marianne Boilève

(1) Envoyée aux 72 structures agricoles adhérentes à la marque IsHere fin 2019, l'enquête a déclenché 60 réponses.

 

Agrément IsHere : déposez vite vos dossiers !

Le prochain comité d'agrément de la marque IsHere se réunira le 6 octobre. Les producteurs intéressés par la démarche ont jusqu'au 18 septembre pour déposer leur dossier. Renseignements auprès de Mélanie Hovan, conseillère à la chambre d'agriculture de l'Isère : 06 50 24 01 24 ou [email protected]