Pas facile d'aborder la question des migrations lorsqu'on a 13, 14 ou 15 ans. C'est pourtant ce thème qui a été choisi par le groupe de travail Education au monde et aux autres (Ema) et qui a irrigué pendant trois ans les MFR de l'Isère. Il s'inscrivait dans le cadre du programme d'échanges européen « Parlez-vous global ».
« Notre projet a été de pouvoir répondre aux préjugés sur les migrations que nous pouvons parfois entendre dans nos salles de classe », indiquait Alain Merlin, le directeur de la Fédération, lors de l'assemblée générale qui s'est déroulée le 30 mai à Moirans. Idées fausses, méconnaissance de la réalité, plusieurs MFR ont bossé dur autour de ces questions en appui avec le réseau associatif. Au niveau national, les MFR, à travers la voix de leur président Xavier Michelin, ont porté haut leur niveau de responsabilité en matière d'éducation à la citoyenneté, venant télescoper une réalité tragique. « Le simple enseignement des valeurs républicaines ne suffit pas. Il faut pouvoir en débattre au sein de nos MFR et les faire vivre », a insisté le directeur. Esprit critique, empathie, ouverture aux autres, toutes les initiatives avaient pour seul objectif d'accompagner les jeunes à devenir des citoyens informés, engagés et responsables. « Il y a des sujets face auxquels nous ne sommes pas à l'aise. Ce n'est pas en regardant ailleurs que l'on va aider les jeunes à progresser. Il faut leur donner le choix d'agir », rappelait Benjamin Duriez, le responsable du service international et territoires de l'UN MFR, qui avait fait le déplacement à Moirans. Il a souligné la créativité des équipes iséroises qui ont aidés les jeunes « à aller plus loin », grâce à du matériau artistique, journalistique ou à des rencontres et des voyages.

Vivre ensemble

Brigitte Pion-Roux, enseignante à la MFR de Chatte a été référente départementale en même temps qu'elle a coordonné des actions au niveau de la MFR pilote de Chatte. « Il y a trois ans, nous ne pensions pas que nous pouvions aller si loin », témoigne-t-elle. Les projets se sont multipliés dans toutes les MFR de l'Isère. « De petite envergure pour les classes de 4e et 3e, ils ont consisté en la visite de maisons de retraite ou à partager un repas avec des personnes handicapées. De plus grande envergure avec les plus grandes classes, ils ont pu par exemple se concrétiser par une rencontre entre la MFR de Chatte et un établissement au Brésil ». Il faut dire que la question du vivre ensemble fait partie de l'esprit MFR « et l'éducation au monde et aux autres ne fait que renforcer des principes de base », souligne l'enseignante.

Le parcours du migrant

A Chatte, le thème de la migration a été abordé de plusieurs façons. A partir du jeu du « parcours du migrant », les élèves ont pu prendre conscience de la complexité des démarches en se mettant dans la peau d'un migrant. « Les débats qui s'en sont suivis ont été formateurs et constructifs pour les élèves ». Brigitte Pion-Roux cite également en exemple l'invitation à témoigner d'un jeune migrant à la MFR de Saint-Barthélémy. « Les élèves ont posé 1 000 et une questions et en sont sortis grandis ». A la MFR de Mozas, les jeunes sont entrés en contact via skype avec un journaliste installé à Beyrouth qui a réalisé un reportage sur les réfugiés. « Ces rencontres les ouvrent à d'autres considérations et permettent un travail sur les préjugés », poursuit l'enseignante. L'initiative a été engagée avant la vague de migrations qu'a connue l'Europe. « On ne savait pas à quel point nous allions rebondir sur cette actualité. ». Elle conclut : « Les clichés, les a priori, les préjugés, nous travaillons dessus. » L'éducation au monde est devenue durablement un thème central pour le mouvement des MFR.

Isabelle Doucet

La fédération départemental MFR Isère en chiffres