MFR
Un parcours scolaire, professionnel et citoyen

A la veille de leur journée des Talents*, les MFR réaffirment les vertus de l'alternance qu'elles proposent à travers 180 formations en région.
Un parcours scolaire, professionnel et citoyen

« Je n'arrivais pas à l'école, je n'étais pas motivée », raconte Lune, étudiante en seconde à la MFR de La Grive à Bourgoin-Jallieu. En mettant ses pas dans ceux de sa sœur, elle découvre la MFR et l'alternance. « C'était mieux pour moi », reconnaît-elle. Pour Nathan en seconde bac pro à la MFR de Crolles, le choix est très différent. « Je suis là par passion. J'ai toujours été attiré par la mécanique », affirme-t-il.
Les MFR parviennent ainsi à faire la synthèse « en donnant la chance à tous ceux qui cherchent une autre voie ». Dominique Chartier, directeur adjoint de la fédération régionale des MFR, insiste sur « la capacité des MFR à reprendre les projets des jeunes » et sur cette façon de « former autrement », notamment par le biais de l'alternance qui est un vrai révélateur des potentialités de chacun. « On m'a dit que ce que je faisais, c'était bien. On ne me l'avait jamais dit avant », déclare Athina, élève à la MFR de La Grive et regonflée par la confiance en soi. Se frotter à l'entreprise, c'est aussi acquérir le sens des responsabilités. Ce qui fait que Tommy Lee se sent désormais « un citoyen responsable », une parole rare dans la bouche d'un jeune de 20 ans. Pour que ces jeunes réussissent leur parcours scolaire, professionnel et de citoyen, les MFR, depuis leur création en 1937, ont éprouvé une méthode pédagogique basée sur le terrain, source d'action et de motivation, et sur l'école, dédiée à la mise en commun et à la réflexion. Le système réclame aussi une forte implication de chacun. Notamment celle des formateurs, dont les jeunes soulignent « la complicité », « même s'ils ne sont pas non plus nos copains. Ils sont là pour nous, pour qu'on comprenne », déclare Lune. Leur environnement, ce sont aussi des établissements à taille humaine et les entreprises, parties prenantes avec des maîtres de stages « toujours présents pour nous », ainsi que le rappelle Nathan, élève à la MFR de Crolle.

Former la relève

Alain Merlin, le directeur de la fédération départementale des MFR de l'Isère reprend volontiers l'expression d'« Ecole de la vie » tant les établissements tirent un vrai savoir-faire des apprentissages par le métier, « par la vraie vie ». « Les jeunes ont envie d'être en confiance pour réussir », rappelle le directeur insistant sur « la bienveillance et l'accompagnement de proximité ». « Les jeunes passent plus de 50% de leur temps de formation en entreprise », précise Dominique Chartier.
Les entreprises sont au cœur du dispositif, comme Agrima à Bernin, spécialisée dans le matériel d'entretien paysager et dont le dirigeant, Pascal Chatain est « un ancien élève, un ancien parent et un maître de stage ». L'important, pour le chef d'entreprise est d'assurer « la relève » en « formant les jeunes ». Romain Gileron, un ancien de la MFR de Vif qui a monté son entreprise Sur un arbre perché, est désormais maître de stage. « Le lien avec les parents et l'école est important. C'est un peu un trio avec l'entreprise, constate le jeune dirigeant. On voit les jeunes débuter en 4e ou 3e puis en CAP. On constate une évolution et on se dit qu'on y a participé. Ca fonctionne bien et tout le monde y gagne ». Parfois, l'entreprise est directement impliquée dans la MFR comme l'Epahd de l'Isle-d'Abeau qui siège au conseil d'administration de la MFR de Vignieu et reçoit plusieurs dizaines de stagiaires par an. Porté par la direction et l'ensemble du personnel, le projet d'entreprise valorise l'accueil et la transmission. « C'est une responsabilité sociétale, en tant que chef d'entreprise », déclare Francette Gomes da Silva, la directrice. Elle désigne les métiers des services à la personne comme des secteurs porteurs, tant au niveau national qu'international, avec de réelles opportunités de mobilité.
Car le volet international fait partie de l'ADN des MFR. En Auvergne-Rhône-Alpes, des collaborations de longue date sont en place avec le Brésil, la Colombie, le Togo, le Cameroun et la Bosnie. « Nous formons de futurs citoyens qui correspondant au monde d'aujourd'hui », explique Marie-Elisabeth Jean, la présidente des MFR de l'Isère.

Isabelle Doucet

*La Journée des Talents des MFR se déroulera le 28 janvier dans tous les établissements de l'Isère.

 

Les MFR en chiffres

Le réseau des MFR Auvergne-Rhône-Alpes compte désormais 74 établissements qui forment 17 400 jeunes, apprentis ou alternants et adultes.
Le réseau propose 180 formations, du niveau CAP à BTS. Les secteurs sont : aménagement, environnement et agriculture ; bâtiment ; commerce ; maintenance et mécanique ; métiers de bouche ; services, et des classes d'orientation.
Le taux de réussite aux examens est de 87%.
Acteurs de leur territoire, les MFR proposent un certain nombre de services comme des prestations repas pour les écoles, la mise à disposition de locaux pour des réunions, la participation des élèves à des temps forts ou bien un appui aux agriculteurs qui souhaitent faire de la transformation etc.

 

Mécanique / Clé de 12, vérin, maillet, mains noires et mines ravies ça turbine dans l'atelier de la MFR de Crolles qui forme aux métiers de la maintenance de matériels.

Heureux comme un apprenti les mains dans le moteur

En 2e année de CAP maintenance des matériels de travaux publics, Richard Dufour et Yoann Seraline remontent un gros moteur. « A la base, je veux devenir conducteur d'engins, mais j'ai pas encore l'âge de suivre cette formation, explique Richard, 16 ans. Alors, comme les employeurs demandent toujours un petit plus, je fais ce CAP de mécanicien. Ce sera plus facile pour trouver du travail. » Yoann est aussi un passionné d'engins et il n'a pas choisi la MFR de Crolles par hasard, même s'il elle est loin de chez lui. « Mon père est mécano et depuis tout petit, j'ai envie de découvrir ce métier ». Pour rien au monde ces deux-là prendraient une autre voie que cette formation par alternance. « On pourrait pas faire un truc où on est enfermé. Je suis plus manuel qu'intellectuel ! », déclare Richard qui s'éclate dès qu'il est sur un chantier.
« Se canaliser et réfléchir »
Les moteurs, qui sont patiemment désossés puis remontés par les élèves, sont l'objet d'un partenariat entre les constructeurs et l'établissement. « Ce qui nous permet de former les élèves avec les technologies les plus récentes », souligne Aurélien Cuq, moniteur technique chargé des relations extérieures de la MFR de Crolles. Il est lui aussi un ancien élève de l'établissement. « Je suis retourné à l'école », déclare avec le sourire cet insatiable porteur de projets. Démonter un moteur, le régler, le transférer sur un tracteur, « cela fait partie du job, ne pas s'énerver, se canaliser et réfléchir », explique le moniteur. C'est à l'atelier que les élèves apprennent la patience.
Fin février, le moniteur a programmé un séjour de cinq jours au Sima avec 80 jeunes de la MFR. Ce projet, à la rencontre des constructeurs, favorise la cohésion d'équipe. « Je m'occupe également du programme de mobilité au Canada et en Colombie », reprend Aurélien Cuq, qui accompagnera prochainement une classe de bac pro à la découverte de la culture et de la production agricole colombienne.
ID