TRANSITION
Le Haut conseil pour le climat a rendu son rapport

Le Haut conseil pour le climat a présenté son rapport sur l’agriculture et l’alimentation, dans lequel il préconise d’embarquer tous les acteurs pour positionner une offre bas carbone.

Le Haut conseil pour le climat a rendu son rapport
Corinne Le Quéré, présidente du Haut conseil pour le climat (HCC). ©Flickr

Le 23 janvier, la présidente du Haut conseil pour le climat (HCC), Corinne Le Quéré, a estimé qu’il fallait « aller beaucoup plus en profondeur » pour rendre la chaîne agricole et alimentaire résiliente afin d’atteindre les objectifs climatiques de la France en 2050. Dans son rapport thématique sur l’agriculture et l’alimentation, le HCC affirme qu’il faut « décarboner toutes les composantes du système alimentaire ». Du côté amont agricole en activant les leviers déjà identifiés (baisse des engrais azotés, des émissions d’élevage, stockage de carbone dans les sols, production d’énergies renouvelables), mais aussi du côté des industriels de l’agroalimentaire qui doivent développer une « offre bas carbone qui soit mise en valeur par les distributeurs ». Sans oublier l’enjeu de diminuer les émissions liées au transport des aliments. Le HCC estime aussi que l’aval alimentaire a un rôle incontournable à jouer pour diminuer la consommation de produits d’origine animale et les substituer par des protéines végétales. La France s’est fixé comme objectif de réduire de 22 % les émissions de GES du secteur agricole en 2030 par rapport à 2015. Une trajectoire de court terme bien engagée, même s’il faut l’accélérer, puisque « à mi-parcours nous en sommes à moins 7,9 % », a expliqué Corinne Le Quéré. Sur le moyen terme, la France vise une réduction de 46 % des émissions du secteur agricole en 2050. Un objectif « très ambitieux » mais réalisable si plusieurs scénarios sont mis en œuvre, selon la présidente du HCC. Ces scénarios envisagent une baisse de la consommation de protéines animales d’au moins 30 % ; une diminution de la part de l’azote minéral apporté aux cultures ; et un développement de l’agroécologie et de l’agriculture biologique sur 50 % de la surface agricole. Au-delà, les émissions « résiduelles » de l’agriculture doivent être compensées par une augmentation du stockage de carbone dans les sols (prairies, biomasse, haies, arbres), sachant que les puits de carbone existants que sont les forêts « sont elles-mêmes fragilisées par le changement climatique », a expliqué Corinne Le Quéré.

Accompagner l’élevage

Pour l’organisme d’évaluation de l’action publique climatique, les mesures nécessaires pour une alimentation « saine et bas carbone » doivent être portées par les trois politiques agricoles structurantes de l’État. La stratégie nationale alimentation nutrition climat (Snanc) doit mobiliser « les politiques commerciales et les politiques associées à l’alimentation ». Le Pacte et la loi d’orientation agricole (PLOA) doit permettre « la reconnaissance croissante des défis environnementaux en particulier climatiques », et « renforcer la formation des agriculteurs mais aussi des acteurs de la transformation, de la distribution, de la restauration ». Le PLOA doit aussi « accompagner de manière plus importante l’élevage » en réfléchissant de près au partage de la valeur entre la production, la transformation et la distribution. Troisième politique structurante, le Plan stratégique national (PSN), qui doit être révisé en 2025.

L.M