Rétrospective 2023
Sur fond de souveraineté alimentaire

Isabelle Doucet
-

En Isère, le début de l’année a été marqué par des inquiétudes quant à la mobilisation de la ressource en eau, les mois se sont écoulés au rythme de la crise qui a secoué la filière noix et 2023 s’est achevée par le ras-le-bol de la profession agricole qui ne se reconnaît ni dans les prix pratiqués la concernant, ni dans la politique du gouvernement.

Sur fond de souveraineté alimentaire
« Alimentation française, bientôt la faim » : en novembre 2023, les agriculteurs de l'Isère dénonçaient le risque de perte d’autonomie alimentaire en France.

Janvier
Enseignement
Selon une étude réalisée en 2022, l’enseignement agricole a accueilli plus de 210 000 jeunes dans plus de 800 établissements scolaires, dont 217 lycées agricoles publics ; 369 maisons familiales rurales ; 207 lycées agricoles privés ; 10 centres médico-éducatifs et 16 établissements d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage.
Le profil des apprenants a beaucoup changé : en 1990, quatre jeunes sur dix étaient enfants d’agriculteurs ou de salariés agricoles. Ils ne sont plus qu’un sur dix désormais.
Les filles représentent 45 % des effectifs et sont majoritaires parmi les étudiants du supérieur.
La filière se caractérise par une large offre de formation par alternance et un bon niveau d’insertion professionnelle.

Lait

La Chambre d’agriculture de l’Isère a lancé en début d’année un diagnostic de la filière lait en Isère. Objectif : mettre en place un observatoire des prix et étudier la question de l’érosion des marges.
Les résultats sont tombés en fin d’année. La conjoncture s’avère favorable - sauf pour le lait bio - car les entreprises cherchent du lait. Mais la filière doit investir dans l’humain pour assurer son avenir et a besoin d’engagements collectifs pour faire le poids face aux industriels.

Février
Irrigation
Les irrigants de l’Isère tirent le signal d’alarme : l’explosion du coût de l’énergie ajoutée aux mesures de limitation des prélèvements de la ressource en eau leur font craindre le pire pour leur capacité de production.

Ils s’interrogent sur la construction du prix de l’énergie en France, pointent le risque de perte d’autonomie alimentaire par manque de production et réclament plus de transparence dans la répartition de la ressource en eau avec les autres acteurs économiques.

Manifestation
Le réseau FRSEA et JA Auvergne-Rhône-Alpes a mobilisé ses troupes mardi 21 février.
300 personnes accompagnées de 150 tracteurs ont donné de la voix à Lyon et à Clermont-Ferrand pour exiger de la clarté et du courage politique de la part de l’État.

Objectif : dire combien, quotidiennement, ils sont empêchés dans l’exercice de leur métier. À Lyon, ils se sont retrouvés devant la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) puis se sont rendus à la préfecture régionale où une délégation avait rendez-vous avec la nouvelle préfète, Fabienne Buccio. Un avertissement en amont du Salon de l’Agriculture.

Mars
Salon

Depuis 13 ans, les vaches villardes entraînent tout le Vercors au Salon de l’agriculture. Leur stand, situé dans l’espace réservé aux races de massif (Coram) est une belle carte de visite pour le Vercors et l’Isère.
Cette année, 14 produits et trois vaches ont été récompensés. Il faut noter l’excellente performance de Nobelle, 1ère de sa catégorie en 4e lactation, en copropriété de la Ferme Verdel à La Tour-du-Pin, ainsi que celle d’Opérette, une abondance du Gaec des Gentianes à Saint-Andéol, qui a décroché la deuxième place de sa section (2e lactation).

Congrès
La Fédération départementale des exploitants agricoles de l’Isère a tenu son congrès annuel à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs le 10 mars.

Les adhérents ont exploré les pistes pour relever les défis énergétiques auxquels la profession est confrontée. Pour Yannick Fialip, administrateur à la FNSEA, trois solutions s’offrent au monde agricole sur le long terme : la sobriété, la production et l’autoconsommation d’énergie.

Avril
Beaucroissant
En dépit des crises économiques, sanitaires voire sociétales, mais aussi des nouvelles réglementations qui viennent percuter de plein fouet des manifestations aussi populaires que la Foire de Beaucroissant, l’édition de printemps, qui s’est déroulée les 22 et 23 avril, a battu son plein.

Un mérite à rendre au maire du village et à ses équipes municipale et technique. La foire évolue, observe certaines mutations, mais reste un incontournable de la vie agricole et rurale, attirant des visiteurs de toute la région.

Plantes et panneaux
Pour poursuivre la fête, la première édition de Plantes en Folie, qui s’est tenue les 29 et 30 avril et 1er mai au château de Pupetières à Châbons, a connu une fréquentation record. Terre Dauphinoise est partenaire de l’événement.

Mais à la Buissière, c’est un autre type de décorum qui fleurit dans la plaine maraîchère et arboricole. Le maire a en effet fait installer des panneaux afin de faire diminuer les incivilités et les vols durant les périodes de récolte. Un appel au civisme à vertu pédagogique.

Mai
Eau
La préfecture de l’Isère et le Département ont organisé une grande journée sur la gestion structurelle de la ressource en eau, l’adaptation au changement climatique et les moyens d’anticiper sa raréfaction, le 4 mai à La Côte-Saint- André.

Cette initiative avait pour objet de porter une réflexion collective « pour sortir de la logique de gestion de crise et être dans une approche davantage sur le long terme, et valoriser les efforts sans les opposer », a indiqué le préfet de l’Isère. Le Département a annoncé le lancement d’une vaste étude prospective intitulée « Ressources en eau et changement climatique en Isère ».

Tubes
Lauréat du Prix de l’excellence agricole et rurale organisé par Terre Dauphinoise, Thomas Rozier, agriculteur à Anjou, a remporté le trophée de la Stratégie innovante décerné par le Crédit agricole Sud Rhône Alpes. Pour faire passer l’eau au plus près des cultures, il a en effet installé des « tubutubes » dans trois serres.

Ce drainage permet une moindre variation des températures au sol et favorise une production durant un temps plus long.

Juin
Loup
Les attaques de loups sur bovins ont précédé la montée en alpage des ovins, nourrissant la plus grande inquiétude dans le monde de l’élevage. Dans cette ambiance prémonitoire, une délégation iséroise de trois agriculteurs et agricultrice s’est rendue aux Assises de la prédation organisées début juin à Chorges dans les Hautes-Alpes. Objectif : affirmer ses positions, faire valoir ses arguments en pleine élaboration du prochain Plan national d’action sur le loup et les activités d’élevage.


Plus de 1 000 loups résident en France et les agriculteurs demandent une augmentation du plafond de prélèvement.

Anniversaire
Mozas est la première MFR de l’Isère et une des premières de Rhône-Alpes et de France. Elle a fêté ses 80 ans en 2022.
L’établissement a bénéficié pour l’occasion d’un grand lifting et ne s’est jamais départi de ses missions au service du monde agricole et de l’élevage.

Président de la MFR de Mozas pendant 35 ans et administrateur depuis un demi-siècle, Marcel Teste a passé le relais de la présidence à Jacky Gros.

Juillet
Bleu
Pour la 22e édition de la Fête du bleu, qui s’est tenue les 29 et 30 juillet à Villard-de-Lans, le thème retenu était « Les jeunes, la relève ».

Depuis quelques années, le Vercors s’inscrit dans une dynamique d’installation remarquable, et ce dans toutes les filières agricoles présentes dans le territoire.
La fête est un événement fédérateur pour les exploitations du secteur et un temps fort d’échange avec le grand public au cœur de l’été.

Grêle
Le mois de juillet a été entaché par plusieurs orages de grêle qui ont affecté plus particulièrement les fruits en formation dans les vergers.

Le 12 juillet, un épisode s’est focalisé dans la vallée du Grésivaudan provoquant d’importants dégâts sur les noyers en raison notamment de la taille inhabituelle des grêlons La récolte en a été d’autant plus affectée à un moment où la filière traverse une crise historique.

Août
JA
En amont des finales régionale et départementale de labour et de la fête Terre de Sens organisées par les JA début septembre à Sardieu-Ornacieux-Balbins, Terre Dauphinoise a mis les jeunes agriculteurs en avant pendant un mois au fil de ses pages.

La force du réseau JA, l’engagement de ses adhérents, la dynamique d’installation qui caractérise l’Isère ont ainsi été mis en exergue. « Cet investissement nous permet d’être forces de proposition et acteurs de la vie agricole de nos territoires », assure Jordan Desimone, coprésident de JA Isère.
Les 2 et 3 septembre, la compétition a vu s’affronter 27 participants et la fête a attiré plusieurs milliers de personnes.

Haies
Pas moins de 37 dossiers ont été retenus pour la plantation de haies dans le cadre du dernier Plan France relance.
Peu à peu, l’Isère retrouve ses bordures végétales aux vertus multiples. les programmes sont pilotés par la Chambre d’agriculture de l’Isère, la Fédération départementale de chasse et d’autres opérateurs territoriaux.

Septembre
Excellence
Retour à la normale pour la 802e édition de la Foire d’automne, qui s’est déroulée à Beaucroissant du 15 au 17 septembre, marquant ainsi la rentrée agricole.

Le journal Terre Dauphinoise a organisé son 5e Prix de l’excellence agricole et rurale, qui a récompensé huit lauréats, lesquels portent une image dynamique et innovante de l’agriculture locale.
De nombreuses animations étaient aussi proposées autour des produits de la marque IsHere. Quant au concours régional charolais, il n’a jamais réuni autant de participants qu’en septembre dernier.

Noix
Une association est née, celle des producteurs de Noix du Sud-Est, le mardi 5 septembre, à Chatte. 20 % des producteurs de noix de la région étaient présents à l’assemblée générale constitutive.

Ce mouvement s’est créé en raison de la crise majeure que traverse la filière noix. Les producteurs veulent être représentés, que leurs requêtes soient entendues et reprendre la main sur les marchés.

Octobre
Maires
700, C’est le nombre de visiteurs enregistrés au congrès de l’Association des maires ruraux de France qui s’est déroulé à l’Alpe d’Huez les 29 et 30 septembre et 1er octobre.
« Des conditions d’accueil idéales »,
a qualifié Michel Fournier, président de l’AMRF. Présentation du plan France ruralité, transition écologique, statut de l’élu et services aux administrés ont nourri les nombreux échanges.

Deux ministres avaient fait le déplacement : Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et Dominique Faure, ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité.

Sommet
Temps fort de la vie agricole, le Sommet de l’élevage a accueilli, du 3 au 6 octobre, à Cournon 115 000 visiteurs, deux ministres, une myriade d’élus et une foule de responsables professionnels. L’évènement s’impose comme le plus grand sur la scène européenne.
Les prim’hosltein iséroises étaient très en forme pour le concours d’élevage, notamment Loveuse, du Gaec des Trois sapins à Porte-de-Bonnevaux, qui est revenue avec deux titres : Championne adulte et réserve Grande championne.

Novembre
Mobilisation
Journée de mobilisation syndicale régionale le 21 octobre à l’appel des FDSEA et de JA.
Plusieurs actions ont été menées, d’une part le retournement des panneaux à l’entrée des villes pour dénoncer les injonctions contradictoires imposées à la profession agricole par les pouvoirs publics, d’autre part, le relevé d’étiquettes douteuses quant à l’origine des produits dans les supermarchés.

Le mot d’ordre de cette opération était : « Alimentation française, bientôt la faim », pour dénoncer le risque de perte d’autonomie alimentaire en France.

Prédation
Dans la dernière ligne droite avant l’annonce officielle du plan loup, la profession est restée mobilisée. La consultation s’est achevée le 7 décembre.
La profession réclame l’allégement des protocoles de tir et une meilleure connaissance de la population lupine.
La question de la révision du statut du loup n’est plus taboue. Claude Font, en charge du dossier prédateur à la Fédération nationale ovine (FNO), était en visite à Vatilieu en Isère le 29 novembre pour échanger avec les éleveurs sur la délicate question de la non protégeabilité de certains troupeaux.

Décembre
Cinéma
Entre novembre et décembre, le film La Ferme des Bertrand a été donné en avant-première en région en présence du réalisateur haut-savoyard Gilles Perret.
Il était notamment à Clelles, puis à Lans-en-Vercors et à Autrans. Le film sortira officiellement ce mois de janvier.

Dans cet opus, la caméra suit le départ du Gaec de la nièce des trois frères, Hélène Bertrand, pour le laisser à son fils, Marc, et son gendre, Alexandre Maure.
Sur fond de modernisation de l’exploitation, de renouvellement des générations et du temps accordé à sa famille, le film se veut être « le plus simple possible afin d’être à la hauteur des gens ».

Rubrique réalisée par Isabelle Doucet