Santé
Apprendre à concilier cancer et travail

En France, près de 400 000 personnes apprennent chaque année qu’elles sont touchées par un cancer. Parmi elles, 160 000 ont un emploi. Pour apprendre à concilier maladie et travail, la MSA Ardèche-Drôme-Loire et la Ligue contre le cancer proposent des sessions de formation. La prochaine aura lieu le 11 mars. 

Apprendre à concilier cancer et travail
20 % des 18 - 54 ans, en emploi au moment du diagnostic, ne travaillent plus cinq ans après. © Pexels

Lorsque tombe le diagnostic, il est lourd. D’impacts, de répercussions. Un cancer est une épreuve et s’accompagne souvent d’une perte d’activité professionnelle : 20 % des 18 - 54 ans, en emploi au moment du diagnostic, ne travaillent plus cinq ans après. Et au moins 12 % des salariés ont connu des rejets ou des discriminations de leurs collègues en raison de leur maladie. 


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Aussi, revenir dans le monde du travail n’est facile ni pour le salarié, ni pour l’entreprise. C’est pourquoi depuis l’an passé, la MSA Ardèche-Drôme-Loire et la Ligue contre le cancer proposent des ateliers organisés par les trois médecins du travail de la mutualité. Le docteur Aurore Sury est l’un d’eux. Elle explique : « Nous ne connaissons pas les pathologies des patients qui se rendent aux réunions. Le premier atelier que nous organisons permet aux personnes en arrêt de travail de connaître les solutions, les démarches. Nous dressons un état des lieux. » D’autres ateliers sont ensuite organisés avec un psychologue, un directeur des ressources humaines et des assistantes sociales. Le travail se fait par petit groupe de huit à dix personnes. 

« Pas d’arrêt long »

« Nous avons lancé ces ateliers l’an passé à Roanne, parce que nous nous sommes rendu compte que les agriculteurs ne connaissaient pas ou peu les solutions dont ils peuvent se servir. Les exploitants, même face à une maladie aussi grave, n’ont pas tendance à s’arrêter longtemps : ils ont du bétail à nourrir ou des cultures à entretenir... Notre but, c’est de parler du sujet avec eux », détaille le docteur Sury. Pour les salariés, la praticienne dresse un constat différent : ils ont un contact plus régulier avec la médecine du travail, que ce soit pour les visites d’embauche ou les contrôles. « Ils savent ce qu’est une consultation de pré-reprise puisqu’ils ont déjà entendu ces mots avant. » 


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« On jugeait qu’il était aussi important que le milieu agricole bénéficie, au même titre que les autres, de ces ateliers. Les exploitants ne connaissent pas du tout les accès et les services auxquels ils ont droit », regrette Aurore Sury. La démocratisation autour de ces sujets est longue, travail et maladie sont encore trop souvent tabous. Bien qu’exploitants et salariés commencent à parler de ces sujets, ils sont une minorité. « A la MSA, nous avons la chance d’avoir des élus et des partenaires qui arrivent à nous faire part de certaines situations avant qu’elles ne deviennent impossibles. Aussi, nous arrivons à convoquer des personnes avant qu’elles n’aient de grosses difficultés. Par contre, nous ne forçons pas la main : ceux qui ne veulent pas ne viennent pas. »

Un accompagnement des entreprises

Si s’adapter pour le patient n’est pas évident, les entreprises ne savent pas toujours comment réagir. « Il y a toujours ceux qui diront “Alors, comment se sont passées les vacances ?’’ à quelqu’un qui revient d’un arrêt. Mais il y a aussi, et surtout, des entreprises bienveillantes et à l’écoute qui ne savent pas comment accueillir le salarié qui revient », précise le docteur Sury. La Ligue contre le cancer a donc mis en place des groupes pour les employeurs afin de les accompagner. « Ils savent qu’ils ne peuvent pas banaliser la pathologie, mais qu’ils ne peuvent pas faire sans. » Un accompagnement qui s’inscrit dans le plan Cancer et travail de l’État. « Chaque entreprise, chaque métier, a ses particularités. Les conditions varient beaucoup de l’un à l’autre. C’est la raison pour laquelle nous travaillons collectivement : à terme, le but, c’est que le salarié en arrêt ou sans travail sache à quelle porte frapper. » 

« Certains ont des séquelles trop importantes pour espérer reprendre leur ancienne activité professionnelle. Notre rôle, c’est donc de les accompagner dans un nouveau projet », précise le docteur Sury. Et ainsi éviter la désinsertion dans l’emploi. 

Alexandra Pacrot 

Les prochains ateliers

Dans la Loire, deux sessions sont organisées cette année : une au début du printemps, l’autre à l’automne. Les prochains ateliers auront lieu : 

  • Lundi 11 mars (14h30 - 16h30) : Droits et dispositifs existants
  • Jeudi 21 mars (14 - 17 heures) : Préparer la reprise dans sa tête
  • Lundi 25 mars (14h30 - 16h30) : Rôle et place de l’employeur
  • Lundi 8 avril (14 h 30 - 16h30) : Bilan et échange

Renseignements et inscriptions : Ligue contre le cancer - 04.77.32.32.85. – [email protected]