Lauréate du Prix de l’excellence agricole et rurale, la Ferme des Loives a reçu le trophée de la stratégie créatrice de valeur délivré par le Crédit agricole centre-est pour la valorisation de ses produits.
Installés en Gaec depuis 2012 dans 110 hectares à la Ferme des Loives, à Roybon, Thérèse Marion et Bernard Germain travaillent en circuit très court. De la culture de leur blé jusqu’à sa transformation, ils souhaitent valoriser leurs produits au mieux afin de fournir de la qualité aux consommateurs.
Création de poste
« En 2012, pour l’installation de ma femme, nous avons décidé de démarrer la transformation à la ferme, explique Bernard Germain. J’aime beaucoup le pain et tout ce qui se rattache au blé, donc cette création de poste était l’occasion de se lancer ».
L’exploitant avait en effet effectué un stage en agro-alimentaire à la boulangerie de Roybon au cours de son BTS. L’idée, depuis restée dans un coin de son esprit, a pu se concrétiser grâce à la création du Gaec, « car je n’avais auparavant pas le temps ni la possibilité de mettre en place une nouvelle activité », précise-t-il. Une installation d’ailleurs tombée à pic, la boulangerie de la commune ayant fermé. « Nous n’avions plus que du pain de dépôt, ce n’était pas terrible… », glisse Bernard Germain.
L’exploitant cultivait déjà du « blé améliorant », c’est-à-dire un blé spécifique à la panification et contenant plus de protéines. « Il ne manquait plus qu’à acheter tout le matériel et à construire un local, ce que nous avons fait », précise-t-il. Il leur a ensuite fallu environ cinq ans avant de réussir à « se faire la main » : la cuisson au four à bois pouvant s’avérer difficile et la farine non-mélangée, donc à 100 % de blé, étant également compliquée à maîtriser dans les recettes.
S’affranchir des difficultés
Réussir à cultiver du blé dur pour les pâtes et du blé tendre pour la farine et le pain ne s’est pas non plus avéré de tout repos pour le Gaec. « Nous ne traitons pas nos cultures, c’est assez difficile et l’enherbement est difficile à gérer », explique l’exploitant. Et d’ajouter : « Nous avions commencé la culture du blé dans une parcelle en herbe, sans énorme potentiel. Nous avons réussi à valoriser la surface sans désherber, et d’année en année, la pousse a de mieux en mieux fonctionné ».
Le territoire n’est qui plus est « pas un lieu historique pour la culture du blé dur, qui se laisse envahir très facilement par les adventices », complète-t-il. A cela s’ajoute le fait que cette espèce « aime beaucoup l’azote et n’a pas beaucoup de rendements et qu’il est difficile de faire passer des herses, les terres ressuient trop ».
Investissements
Malgré tout, Thérèse Marion et Bernard Germain se sont lancés. Dans un souci de traçabilité, les exploitants ont souhaité investir dans un moulin afin de moudre eux-mêmes leur blé. « Il nous a tout de même fallu deux ans pour cibler le moulin dont nous avions besoin, explique Bernard Germain. Peut-être qu’à l’avenir, il faudra que nous en achetions un deuxième, nous verrons avec le temps. » Car chaque année, environ 40 tonnes de blé sont transformées.
Ces dernières années, l’activité vente s’est considérablement développée. Les produits secs – pâtes et farine, mais également cerneaux provenant de leurs 2 hectares de noyers – de l’exploitation sont désormais également vendus au MIN, à Grenoble, dans le Box fermier. Des magasins de producteurs et des supermarchés sont aussi approvisionnés. « Travailler avec le Pôle agro-alimentaire et adhérer à la marque IsHere a été une véritable opportunité pour nous, car non seulement cela a récompensé notre travail, mais cela nous a également permis d’étendre notre rayonnement, en quelque sorte. »
Des résultats encourageants, donc, pour les agriculteurs. « Ça a parfois été laborieux, long, mais nous y sommes parvenus. Maintenant, il faudrait que nous investissions dans un nouveau four et que nous agrandissions nos locaux, car Thérèse, qui s’occupe de la boulangerie, commence à être à l’étroit », confie Bernard Germain.