Transmission
Faciliter ses démarches pour développer son activité

Morgane Poulet
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Amandine Grosjean reprend l’exploitation de sa mère à Châtenay. Pour faciliter les démarches, mère et fille se sont tournées vers la Chambre d’agriculture de l’Isère.

Faciliter ses démarches pour développer son activité
Amandine et Marie-Annick Grosjean, en compagnie de leur stagiaire, arpentent les 4 hectares de terrain autour de leur habitation.

Alors que Marie-Annick Grosjean a créé Les Jardins de Nathandine en 2014, à Châtenay, sa fille, Amandine, s’apprête à reprendre la ferme, née de la reconversion professionnelle de sa mère. Pour cela, elles ont fait appel aux conseillers transmission et juridique de la Chambre d’agriculture de l’Isère.
Au cœur des Jardins de Nathandine poussent des plantes aromatiques et médicinales. Amandine Grosjean est actuellement en stage de reprise dans l'exploitation, ce qui lui permet d'aider sa mère à s’occuper de la partie transformation, en plus de la culture des plantes : distillation des huiles, création d’hydrolats, de tisanes, de quelques sirops et épices pour la cuisine. Quatre hectares de plantes se trouvent directement autour de la maison familiale, en plus des 6 hectares de blé bio que possèdent les exploitantes.

Des projets
 
« J’ai travaillé pendant onze ans à Enedis et j’aimerais désormais exercer une activité qui a pour moi plus de sens, constate Amandine Grosjean. Tout le monde est heureux ici, les gens font des choses qui ont un sens, ça me change d’avant et c’est mentalement plus reposant. Travailler dehors, au milieu des odeurs et en écoutant le chant des oiseaux, c’est plus en accord avec mes valeurs. »
Alors que son installation n’est pas encore terminée, Amandine Grosjean a pourtant en tête différents projets pour développer l’activité de l’exploitation. « Le premier week-end de juin, nous renouvellerons nos journées portes ouvertes » mais « nous aimerions développer l’accueil pédagogique, explique Amandine Grosjean, faire sentir aux enfants les odeurs, leur montrer nos ruches ».
C’est pourquoi l’exploitation fait partie du Chemin des fermes, association qui rassemble différentes exploitations du département qui développent l’accueil des écoles. L’intérêt pour Amandine Grosjean de s’investir dans l’accueil pédagogique est avant tout de faire connaître le milieu naturel aux enfants. « Un milieu humide, par exemple, est plein de vie : grenouilles, crapauds, plantes humides… Nous avons un point d’eau et autour, nous avons créé un jeu de piste pour réussir à identifier les arbres locaux, explique-t-elle, ainsi que des activités telles que la création d’un herbier avec les plantes que les enfants préfèrent, le nom de ces plantes et leurs bienfaits ». L’objectif est de continuer le partenariat mené avec quatre écoles chaque année, et pourquoi pas, de l’élargir, tout en adaptant son discours à l’âge des enfants.
Amandine Grosjean souhaite également développer le camping à la ferme, avec gîte et restauration. Pour cela, un emplacement avec de l’électricité doit être créé, et si la Chambre d’agriculture de l’Isère a donné son feu vert, il reste encore un rendez-vous à prendre avec la communauté de communes pour monter le projet, qui pourrait voir le jour en 2024.
 
Être accompagnées
 
« Nous avons commencé le processus par un rendez-vous en compagnie d’un conseiller transmission de la chambre d’agriculture pour faire le point sur notre projet et notre avenir, au regard du travail comme de la retraite pour ma mère », explique Amandine Grosjean, en pleine reconversion professionnelle. Cette dernière a commencé à la fin de l’été 2022. Passée par le Point accueil installation (PAI), cela lui a permis de ne pas « s’éparpiller, car le suivi est clair et précis ».
En effet, après s’être rendues au forum de l’installation et de la transmission à l’automne 2022, à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, elles ont pris deux rendez-vous, l’un auprès du Pôle accueil transmission (PAT) et l’autre auprès du PAI. Ces points, réalisés avec les conseillers de la chambre d’agriculture, leur a permis de « faire connaître leur projet ainsi que le profil du candidat à la reprise, mais aussi de découvrir le parcours-type de l’installation et de la transmission pour créer un calendrier adapté et les étapes communes à chaque acteur », précise Aymeric Bosneagu, conseiller transmission à la Chambre d’agriculture de l’Isère.
L’objectif de ces rendez-vous est de tout régler en amont, comme les besoins et les attentes de la future retraitée lorsqu’elle sera effectivement à la retraite, mais également d’identifier des personnes ressources en face de soi, ce qui facilite la communication. Un entretien avec un juriste leur a également été conseillé pour obtenir des éclaircissements d’un point de vue légal sur ce régime de micro bénéfice agricole (BA).

Morgane Poulet
Anticiper sa transmission
Aymeric Bosneagu, conseiller transmission à la Chambre d'agriculture de l'Isère, conseille aux cédants de fortement anticiper leur cessation d'activité.

Anticiper sa transmission

Conseiller transmission à la Chambre d’agriculture de l’Isère, Aymeric Bosneagu rappelle l’importance pour les cédants de s’y prendre trois ans à l’avance.

Pour Aymeric Bosneagu, conseiller transmission à la Chambre d’agriculture de l’Isère, « il faut se manifester bien trois ans avant la date souhaitée de l’arrêt d’activité ». Ce temps est nécessaire pour permettre à la chambre d’agriculture de « véritablement mettre à disposition ses outils pour accompagner la transmission », et cela est d’autant plus vrai lorsque le repreneur n’est pas encore identifié.
 
Moins de souplesse
 
En moins de trois ans, les cédants perdent de la marge de manœuvre et sont souvent confrontés à plus de difficulté pour transmettre leur exploitation. Il y a également un impact notable en ce qui concerne la marge de manœuvre des porteurs de projet, qui mettent en moyenne « entre trois mois et un an pour être officiellement installés à partir du moment où le foncier est trouvé », précise Aymeric Bosneagu.
Qui plus est, en termes d’impacts économiques, « la transmission est à prendre en compte dix ans avant la date de départ, donc dès 50 ans pour les personnes étant éligibles à la carrière longue », ajoute-t-il. Toute décision concernant un investissement, un agrandissement ou encore l’aménagement de locaux a un impact positif ou négatif sur la future transmission, et ce même lorsqu’un enfant est identifié dans la reprise. Dans ce dernier cas, la question fiscale peut aussi être réfléchie en amont par le biais d’une transmission patrimoniale progressive de l’entreprise.

MP