ASSEMBLÉE NATIONALE
Borne tente de rassurer les filières d'élevage sur leur avenir

Après le rapport de la Cour des comptes appelant à réduire le cheptel bovin, la Première ministre s’est employée à rassurer les éleveurs. De son côté, la FNB s’est mobilisée à Bercy pour demander un plan de sauvegarde.

Borne tente de rassurer les filières d'élevage sur leur avenir
La Première ministre, Élisabeth Borne, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 30 mai. ©Capture ecran

« Nous avons un modèle d’élevage bovin dont nous pouvons être fiers », a déclaré la Première ministre, Élisabeth Borne, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 30 mai, en réaction à un rapport de la Cour des comptes concluant à la « nécessaire » réduction du cheptel bovin français. L’élevage bovin « a un avenir dans notre pays », assure la cheffe du gouvernement, qui constate « l’inquiétude » des éleveurs, alors que le rapport de la Cour des comptes relevait également la forte dépendance des exploitations aux aides de l’État. « Oui, l’élevage bovin devra prendre toute sa part dans la transition agricole. Il y est prêt, il s’y engage déjà. Oui, l’élevage bovin devra évoluer pour retrouver un modèle économique solide et durable mais, non, il ne sera pas la variable d’ajustement », affirme Élisabeth Borne. « Pour être réussie, la transition écologique et agricole doit se faire avec les Français, avec les éleveurs, et non pas contre eux », a-t-elle poursuivi sous les huées de députés de gauche. Elle renvoie à la présentation de la « stratégie complète » du gouvernement pour la planification écologique prévue en juin. Après avoir dévoilé les grandes lignes de son plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre le 22 mai, la Première ministre recevra le 9 juin les acteurs du monde agricole pour préciser sa mise en œuvre.

La FNB demande un plan de sauvegarde

Visiblement, l’intervention de Mme Borne n’a pas suffi à satisfaire les professionnels. « Le projet du gouvernement pour l’avenir de notre secteur, indéchiffrable jusqu’ici, commence à se faire plus clair : accélérer la décapitalisation de notre cheptel… pour mieux assumer la nécessité d’importer », écrit le président de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA), Patrick Bénézit, dans une tribune envoyée à la presse le 1er juin. (Voir encadré ci-dessous). Une semaine plus tôt, une trentaine de membres du syndicat s’étaient rassemblés devant le ministère de l’Économie, à Paris, pour réclamer un plan de sauvegarde de la filière. La FNB a choisi de placer son action à Bercy en réponse au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, accusé d’avoir « stigmatisé lourdement le secteur de l’élevage » lors d’une visite chez HappyVore (steaks végétaux). La FNB demande à rencontrer Bruno Le Maire et la Première ministre, ainsi que le chef de l’État avec « l’ensemble des associations spécialisées animales ».

Moscovici veut rencontrer les éleveurs bovins

Afin de réduire les émissions de GES, « c’est par la consommation que les résultats seront les plus prégnants », estime Bruno Dufayet, ancien président de la FNB, sur Linkedin. L’éleveur du Cantal suggère « d’adapter la consommation à la production en limitant l’import », ce qui constituerait, selon lui, une « décision politique courageuse ». « Ne prôner que la consommation de viande issue de nos troupeaux élevés essentiellement à l’herbe permettrait d’atteindre les objectifs de réduction des émissions. » Du côté de la Cour des comptes, le premier président Pierre Moscovici a proposé, dans un entretien sur France Inter le 25 mai, de « rencontrer les responsables du monde agricole, de la filière bovine aussi, pour discuter du fond du rapport ».

YG, JG