FILIÈRE
Signature du plan régional de la filière porcine

Le 26 mai, un deuxième « plan ambition » a été signé entre la Région et la filière porcine, sur le site de Tradival à Lapalisse dans l'Allier.

Signature du plan régional de la filière porcine
Patrick Escure, président du Comité de filière élevage de la chambre régionale d’agriculture, Fabrice Pannekoucke, vice-président de la Région en charge de l’Agriculture, Thierry Thénoz, président d’Interporc Rhône-Alpes et Francis Lebas, résident de l’Ipal ont signé le deuxième plan pour la filière porcine Aura. ©AA03

La Région Auvergne-Rhône-Alpes apporte une nouvelle fois son soutien à la filière porcine et s’engage à ses côtés. Fabrice Pannekoucke, vice-président de la Région, en charge de l’agriculture, a signé avec les représentants de la filière, le deuxième « Plan ambition ». « Un plan opportun, pertinent, et porteur d’une vision d’avenir », a-t-il dit. Dans un contexte où les enjeux sociétaux et environnementaux sont essentiels, il a souligné l’importance de financer les investissements, et pas seulement le fonctionnement. Avec également une volonté de proximité.

La filière porcine régionale

Le président d’Interporc-Rhône-Alpes, Thierry Thénoz, a présenté la filière porc. « Ce sont environ 800 sites d’élevages professionnels qui comptabilisent quelque 40 000 truies et 380 000 places d’engraissement. Ce qui représente une production annuelle de 850 000 porcs. Certes, nous sommes une région à faible densité de production, avec 4,2 % de la production nationale, mais nous bénéficions d’atouts indéniables. La volonté du consommateur de renforcer son approvisionnement local ne fait qu’augmenter. Nous avons la chance d’être au cœur d’un bassin de consommation important, la chance d’être au cœur d’une région qui bénéficie d’un véritable savoir-faire en matière de transformation de viande. Et, la chance également, d’être au cœur d’une région importante de production de céréales, ce qui nous permet d’accéder à une alimentation de qualité pour nos élevages. » Au niveau de l’abattage, notre région comptabilise 25 sites, 1 380 000 porcs abattus. Une grande majorité des outils d’abattages sont mixtes. C’est la production porcine qui permet le maintien de ce tissu d’outils d’abattage en Auvergne-Rhône-Alpes. Donc la production porcine est un véritable outil pour l’aménagement de notre région. Le savoir-faire est important en matière de transformation et de salaison. Ce sont 70 entreprises et 4 250 salariés qui transforment la viande produite pour un volume d’environ 143 000 tonnes d’une valeur d’environ 950 millions d’euros. Ce qui place la région Aura en troisième position en matière de salaison et en première place en matière de salaisons sèches au travers de nos jambons et de nos saucissons. Pour autant, malgré tous ses atouts, la filière reste fragile. Sur les 380 000 porcs abattus, seule la moitié provient d’Auvergne-Rhône-Alpes. Et dans un contexte de baisse généralisée de la production en France et en Europe, avec les montées croissantes de la prise en compte du bien-être animal lié notamment au transport, avec la volonté de décarboner l’économie et les filières, on peut penser que de plus en plus les porcs seront abattus dans leurs régions d’origine.

Pour le moment, les volumes se tiennent dans la région. L'aide mise en place au sein de l’interprofession en accord avec la Région portant sur le renforcement des fonds d’investissement (et ce à hauteur de 2 millions d’euros) y est sans doute pour quelque chose. Néanmoins la filière porcine reste sur le fil du rasoir. Le maintien du nombre d’éleveurs est crucial au vu de la pyramide des âges et de la difficulté de renouveler les générations. C’est ce constat qui a amené les différents acteurs de la filière à travailler avec les services et les élus pour réussir à construire le deuxième « Plan ambition ».

Le « Plan Ambition 2 »

L’enjeu reste le même que pour le premier plan : maintenir et conforter le volume de production en région pour pouvoir approvisionner les outils d’abattage et de transformation. Le plan, d’un montant de 4 635 000 euros, sur 5 ans, de 2023 à 2027, est constitué de trois axes : accroître les performances en amont et en aval de la filière ; améliorer la visibilité des savoir-faire des produits et en particulier des produits régionaux ; stimuler le dynamisme d’investissement. La somme est majoritairement tournée vers l’investissement sur plus de 73 % de ces montants, et directement versée aux éleveurs pour le financement des élevages. Pour Thierry Thénoz « compte tenu de la situation, il est important qu’ensemble, nous sachions faire en sorte que tous les dossiers qui ne pourraient pas être retenus dans le plan stratégique national, puissent l’être par le biais de ce plan filière. Tout comme il sera essentiel que le plan filière puisse venir renforcer l’accompagnement des éleveurs qui feront le choix, entre autres exemples, d’investir dans la fabrication à la ferme. Sur ce point, je salue le choix des élus régionaux d’accompagner tous les systèmes d’élevage, qu’ils soient conventionnels ou alternatifs. »

L’enjeu climatique

« C’est un enjeu qui fait partie de notre ADN, et c’est un enjeu fort. Au sein de notre profession, nous nous sommes dotés depuis plus de 20 ans maintenant d’un service environnement qui permet d’accompagner les éleveurs dans le montage et le suivi de leurs dossiers. Dans le précédent plan, nous avons travaillé sur la performance environnementale de la filière régionale porcine, ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir des arguments chiffrés et objectifs pour tenir tête à nos détracteurs. Dans le cadre de ce nouveau plan, nous avons décidé d’aller encore plus loin dans l’accompagnement. De nouveaux outils de gestion d’épandage, avec des indicateurs qui nous permettront d’objectiver leur impact sur la qualité des sols. Parce qu’on nous demandera des comptes dans les années à venir », a indiqué Thierry Thénoz.

Le nouveau « Plan ambition » prévoit également un budget, en cofinancement avec l’interprofession, pour des opérations d’animations collectives et de mises en place d’outils de communication. Il ambitionne également d’accroître la visibilité des produits régionaux, en s’appuyant sur la marque collective « Ma région, Ses terroirs », démarche dans laquelle la filière porcine a été l’une des premières à s’engager, avec quelque 5 000 références.

Thierry Thénoz a conclu en remerciant les élus de leur soutien et en soulignant l’importance de leur pérennité : « si l’on veut que demain, notre filière existe encore, il est essentiel que les éleveurs puissent être fiers de leur métier et de leurs produits. Aujourd’hui, chaque dossier de création ou de restructuration, même s’il vise à l’amélioration du bien-être animal, ou à la prise en compte des nouvelles contraintes environnementales, est systématiquement attaqué. L’objectif étant pour ces associations d’opérer une guerre d’usure. Alors, le soutien de nos élus est nécessaire. Du maire, à l’ensemble des élus, régionaux et nationaux, collectivement, nous comptons sur vous ».

Marie Vannier