Mardi 28 novembre, l’institut technique Arvalis a organisé une restitution de ses travaux concernant le maïs et les interventions de printemps. L’occasion de revenir également sur le déroulé de la campagne 2023.
En 2023, la campagne de maïs grains et fourrages menée en Rhône-Alpes s’est montrée satisfaisante. Le service statistique du ministère de l’Agriculture a annoncé que le rendement moyen national de maïs fourrage avait atteint les 12,6 t MS/ha. En Rhône-Alpes, ce rendement s’est élevé à 12 t MS/ha, soit un écart de +22 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Selon Audrey Tabone, ingénieure régionale Arvalis, les semis se sont déroulés dans de bonnes conditions pour ceux qui ont été réalisés fin mars et début avril. Dans certaines situations, le retour du sec en mai et début juin, puis le retour des pluies fin juin, ont pénalisé les désherbages et apports d’engrais. Sur le plan climatique, cette campagne a été très différente de la précédente. La pluie est tombée fin juin et début juillet, puis la campagne a connu un retour au sec et l’arrivée de déficits hydriques marqués sur l’ensemble de la région en août.
Concernant les céréales à paille du territoire, les résultats de l’année confirment qu’un premier traitement fongicide à deux nœuds contre la septoriose (T1) n’est pas nécessaire sur les variétés tolérantes à la maladie (note septoriose >= à 6.5). Tandis que les résistances des souches de septoriose aux fongicides SDHI continuent d’augmenter, l’ingénieure a insisté sur le fait qu’il « est important d’alterner les familles de fongicides appliquées et de ne jamais réaliser deux applications successives de SDHI au cours de la même campagne ».
La chrysomèle du maïs continue sa conquête
La propagation de la chrysomèle, ravageur du maïs, a largement suscité l’intérêt des agriculteurs du territoire. Venu d’Italie, cet insecte est aujourd’hui bien implanté en Alsace et en Rhône-Alpes, avec des niveaux de population et de pression variables selon les secteurs. En Rhône-Alpes, le Grésivaudan, la Combe de Savoie et les marais de Bourgoin ont été les premiers secteurs touchés. Cette année, l’insecte a été largement observé et piégé dans les plaines de Lyon, de l’Ain et de la Bièvre et dans la Drôme. Tout le territoire rhônalpin est désormais concerné par ce ravageur.
La chrysomèle est particulièrement vorace au stade larvaire, période durant laquelle elle sectionne les racines dont elle se nourrit et affaiblit ainsi le végétal. « Nous avons des captures importantes et en augmentation au sein des monocultures de maïs », a précisé Audrey Tabone. Les adultes consomment les soies et passent d’une parcelle à l’autre. Mais la pression diminue en cas de rotation de cultures, puisque la larve pondue ne pourra pas se nourrir et se transformer en adultes. Des essais sont en cours en Alsace et se poursuivront en 2024. Selon l’ingénieure, la rotation des cultures d’une année à l’autre reste la solution la plus viable à l’heure actuelle. Un second rendez-vous technique dédié aux ravageurs des cultures de printemps sera organisé cet hiver par l’équipe Rhône-Alpes sous format webinaire.
Le datura, une adventice à éliminer en priorité
Lors de son intervention, Yann Janin, ingénieur Arvalis, a rappelé l’importance de surveiller un second ennemi des cultures d’été : le datura stramoine. Outre sa nuisibilité directe sur la culture en place, cette adventice contient des alcaloïdes tropaniques (atropine et scopolamine) qui agissent sur le système nerveux central du bétail et de l’humain. Selon l’institut technique, de très faibles quantités suffisent et toutes les parties de la plante en contiennent. Pour un homme de 70 kg, la dose de référence aigüe est de 1,12 μg. En moyenne, une graine peut contenir 28 μg de substances nocives. Des limites réglementaires ont donc été instaurées. Depuis le 1er septembre 2022, la dose maximale d’alcaloïdes tropaniques pour l’alimentation humaine est de 15 μg/kg. Pour le maïs grain, ce seuil représente une graine de datura dans 2 kg de maïs. Dix plantes de datura peuvent donc contaminer 1 ha de maïs. Des discussions sont en cours concernant les doses réglementaires en alimentation animale. Un groupe de travail régional devrait prochainement voir le jour, afin de contenir cette adventice, qu’il est essentiel d’arracher et de sortir du champ dès son apparition.
Léa Rochon avec Arvalis