Concours villarde
« C’est une petite race, mais nous avons de l’ambition »
C’est la deuxième fois seulement qu’un concours de la race bovine villard-de-lans est organisé. Il se tiendra dans le cadre du Concours départemental d’élevage.
« Je suis passionné par les races locales et rustiques. » Victor Schimmel est éleveur, associé du Gaec de Roche rousse à Saint-Martin-en-Vercors (26).
Il est le président de la nouvelle Association Villarde d’avenir, héritière de l’Association pour la promotion et la sauvegarde de la race villarde au sein du parc naturel régional du Vercors.
Le collectif, composé de près d’une quarantaine de jeunes agriculteurs, organise pour la deuxième fois un concours de la race villard-de-lans, dans le cadre du Concours départemental d’élevage qui se déroulera à Lans-en-Vercors du 23 au 25 août prochain.
« Nous avons à cœur de faire vivre la race », reprend le président. L’association s’inscrit dans une dynamique très forte dont l‘animation phare est la participation au Salon de l’agriculture à Paris avec le bleu du Vercors-Sassenage et le PNR du Vercors. « Cela marche super bien. On se côtoie dans le monde professionnel et aux JA. Cela aide à créer du lien. »
Un héritage
Pour la défense et la sauvegarde de cette race à petit effectif, les fonctions sont bien réparties : à l’Organisme de sélection races alpines réunies (Osrar) d’assurer l’avenir de la race, les programmes de sélection, les évaluations génétiques, les contrôles de performances et la promotion de la villarde.
À l’association d’épauler l’Osrar et de prendre en charge le volet animation en intervenant dans les manifestations : SIA, Cournon, Vaches en piste, Fête du bleu, concours départemental et concours locaux.
Victor Schimmel et les jeunes éleveurs de villardes se considèrent comme les dépositaires du travail de leurs aînés pour sauvegarder cette race mixte.
Son effectif atteint aujourd’hui les 500 mères en France, « dont 80 % sont dans le Vercors », précise le président. « C’est à nous de faire le boulot, de faire perdurer la race puis de transmettre cet héritage à nos enfants. »
31 vaches et trois veaux
Le jeune éleveur est installé hors cadre familial dans ce Gaec du Vercors depuis 2020.
Il fait profiter l’association de son expérience dans l’organisation d’événements acquise dans le Cantal et en Savoie.
Mais surtout, il peut compter sur les autres membres de Villarde d’avenir pour le partage des tâches.
C’est la première fois que les villardes participeront au Concours départemental d’élevage, « parce qu’il se déroule dans le Vercors, parce que c’est le berceau de la race et parce que nous venons de créer l’association ».
Victor Schimmel fait aussi valoir aussi le bon contact qu’ont eu les vertacomicoriens avec les Éleveurs de l’Isère, grâce notamment à Nathan Argoud Puy, qui a fait le lien entre les deux associations.
« Le but est de travailler en vue des futurs concours départementaux », indique le président.
Le ton est donné. Il faudra désormais compter avec les villardes.
Elles seront 31 vaches sur le ring avec trois veaux. « Nous sommes à notre niveau, c’est une petite race, mais nous avons de l’ambition. »
Il y aura six sections et les bêtes seront jugées par un éleveur haut-savoyard. Les critères de la race seront ses aptitudes laitières et bouchères, mais aussi son caractère rustique et adapté au relief et au climat.
C’est un plus si les vaches présentées sont agréables à regarder, bien dressées, bien préparées. Après le premier concours national de villardes organisé lors de la Fête du bleu l’an dernier, c’est la deuxième fois que ces vaches encore trop rares feront le show.
« Nous voulons montrer au public que les vaches sont de beaux animaux et se font remarquer parmi les 365 laitières inscrites ! » s’enthousiasme le jeune éleveur.
Un choix éthique
Victor Schimmel présentera pour sa part Jachère, une villarde née en 2014 qui est déjà montée à Paris. « C’est la vache star de la ferme, la meneuse du troupeau, très brave avec les éleveurs, même si toujours un peu méfiante », déclare-t-il.
Du fait de sa mixité, la villarde produit au mieux deux fois moins de lait que les autres laitières. Sa présence dans les fermes est protégée par le cahier des charges du bleu du Vercors-Sassenage qui en impose 3 % par troupeau.
« La villarde, c’est un choix éthique et politique. Le but est de faire avancer la race. Il faut que l’éleveur fasse ce choix par envie et non pas par obligation de l’AOP », assène encore le président de l’association Villardes avenir.
Il fera aussi le déplacement avec des montbéliardes, dont Jaquette et Jélica, deux vaches en 8e lactation, qui ont déjà participé à des concours.
« L’intérêt est de montrer des vaches que l’on a réussi à faire vieillir », déclare Victor Schimmel. Car le bien vieillissement des bêtes est un levier de rentabilité de la ferme.
Pour lui, la préparation du concours, « c’est beaucoup de travail, mais aussi un super moment » passé avec les autres éleveurs et les visiteurs.
D’autant que l’événement s’annonce comme l’incontournable du plateau de l’été 2024 avec beaucoup, beaucoup de monde attendu.
Isabelle Doucet
Le Gaec Roche rousses à Saint-Martin-en-Vercors
Deux associés, Victor Schimmel (éleveur et fromager) et Daniel Vignon
Projets pour intégrer deux autres associés
Un salarié et une apprentie
En agriculture biologique depuis 20 ans
35 vaches laitières : montbéliardes et une villarde (+ une génisse) à la traite
Génisses en Alpage à La Molière
Production de 220 000 litres de lait, dont 210 000 l transformés et vendus sur place et 10 000 l livrés à la coopérative Vercors lait
Produits : bleu du Vercors-Sassenage AOP, saint-marcellin IGP, raclette, pâte pressée cuite, pâte molle, fromages blancs, yaourts nature et aromatisés, flan, fromage frais, lait.
SAU de 88 ha (Saint-Martin et La Chapelle-en-Vercors) dont 8 ha de céréales, 8 ha de méteil, prairies naturelles et permanentes.
Séchage en grange