Dégâts de gibier
Dégâts disparates

Morgane Poulet
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Le 23 décembre, les unités de gestion du Sud-Isère se sont réunies pour constater les dégâts de gibier recensés dans l’année.

Dégâts disparates
Une dizaine de représentants d'unités de gestion se sont réunis le 23 décembre à Ponsonnas pour parler dégâts de gibier.

Afin de dresser un bilan de l’année écoulée, les unités de gestion du Sud-Isère se sont réunies le 23 décembre à Ponsonnas pour évoquer les dégâts de gibier rencontrés. Premier constat : les dégâts provoqués par les cervidés sont désormais un problème récurrent dans le Trièves et le loup gagne du terrain dans les secteurs de montagne.
 
Les cerfs en expansion
 
L’unité de gestion 1 a été la plus touchée par les dégâts de gibier, en 2022. Pour une surface touchée de 29,35 hectares, les dégâts pourraient représenter dans les alentours de 140 000 euros, mais cela sera à affiner.
Selon Bernard Clavel, agriculteur à Châtel-en-Trièves, « il n’y a pas eu de dérogation d’agrainage signée dans le secteur. Les relations entre chasseurs et agriculteurs se tendent un peu car il est parfois dit aux agriculteurs qu’ils ne sont pas censés connaître la faune sauvage », explique-t-il. Malgré ces tensions, peu de dégâts de sanglier ont été constatés en 2022, « car leur population est petite ». En ce qui concerne les cerfs et les chevreuils, peu de dégâts ont également été constatés autour de sa commune.
Du côté de Roissard, Mathias Arnaud, agriculteur dans la commune, constate quant à lui que les relations entre chasseurs et agriculteurs se sont améliorées. « Mais le problème que nous rencontrons est que les chasses privées se multiplient dans une commune voisine », ajoute-t-il.
Au total, dans l’unité de gestion 1, cinq prélèvements de cerf ont eu lieu dans l’année. Mais la zone étant relativement calme, « les cerfs ont tendance à revenir lorsqu’il n’y a pas de prédateurs en vue », précise Hubert Avril. Et, à terme, cela pourrait engendrer un déséquilibre dans les territoires forestiers. La surpopulation de cerfs, de chevreuils et de sangliers est problématique car elle est à l’origine d’une consommation importante de jeunes arbres, ce qui compromet la croissance et le renouvellement des peuplements forestiers, mais cela crée également un appauvrissement de la diversité des essences.  Une situation à surveiller en Isère.
 
Des dégâts qui coûtent cher
 
Dans l’unité de gestion 4, Michèle et Christian Batko, agriculteurs à Prunières, expliquent que posséder de petites parcelles ne joue pas en la faveur d’un agriculteur en cas de dégât de gibier. « Cela coûte cher de faire venir un estimateur », précise Michèle Batko, ce qui peut parfois constituer un frein aux déclarations.
Face aux dégâts constatés, Hubert Avril, administrateur de la FDSEA de l’Isère, précise que de nouvelles mesures concernant la chasse devraient voir le jour en janvier 2023.
L'enveloppe de la Fédération départementale de la chasse de l'Isère (FDCI) allouée pour financer les pertes liées aux dégâts de gibier a atteint environ 566 000 euros, alors que le montant des dégâts estimés avoisine les 800 000 euros. Alors que la FDCI demandait au Conseil départemental de l'Isère de financer le manque, ce dernier préfère subventionner du matériel de protection.

Morgane Poulet

Plan chasse

Le 9 janvier, le gouvernement a annoncé une série de quatorze mesures visant la règlementation de la chasse. En ligne de mire, atteindre le « zéro accident ». Voici les principales.
Pas d’interdiction le dimanche
Contrairement à ce qui avait été évoqué à la fin du mois d’octobre 2022, il n’y aura pas d’instauration d’une journée hebdomadaire sans chasse. Des motifs liés à la sécurité avaient été évoqués mais n’ont pas été retenus, le constat étant que depuis vingt ans, le nombre d’accidents liés à la chasse avaient drastiquement réduits, passant de 180 au début des années 2000 à 90 en en 2021-2022.
Une application pour localiser les chasses
Le gouvernement prépare une application pour smartphones servant à localiser les chasses en cours de déroulement. L’objectif : renforcer la sécurité des promeneurs. Des panneaux de signalisation les préviendront également des chasses en cours.
Renforcer la formation des chasseurs
« Un temps de manipulation pratique » sera instauré, alors que jusqu’à présent, seul un rappel théorique est prévu. En revanche, l’obtention d’un certificat d’aptitude auprès d’un médecin pour passer son permis de chasse n’a pas été retenu.
Des règles de sécurité plus contraignantes
Dans le courant de l’année 2023, une contravention pour sanctionner la chasse sous emprise excessive de l’alcool sera créée, avant la mise en place d’un délit par voie législative.
Dès la saison 2023-2024, le gouvernement devrait également harmoniser les règles de sécurité dans le territoire, qu’il s’agisse du port de gilets fluorescents ou encore du respect de l’angle de tir de 30 degrés en direction du sol.
Des sanctions plus sévères en cas d’accident
En fonction de la gravité de l’infraction, les peines complémentaires, comme le retrait du permis de chasse et la fixation d’une durée d’interdiction de le repasser seront renforcées.
Réaction
Pour Danielle Chenavier, présidente de la Fédération départementale de chasse de l’Isère (FDCI), les quatorze mesures annoncées par le gouvernement « sont des mesures de bon sens ». Et de préciser : « nous nous rendons compte qu’en Isère, nous sommes à peu près dans les clous, notamment en ce qui concerne l’application mobile, nous en avons une qui fonctionne depuis trois ans. En Isère, nous sommes dans une logique de cohabitation, nous ne voulons pas opposer les usagers entre eux : nous participons aux dimanches à la chasse et aux dimanches dans la nature, nous avons un partenariat avec la Fédération de randonnée, nous participons au Conseil départemental. Et les chasseurs adaptent déjà leurs pratiques, ils ne vont pas à la chasse le dimanche après-midi s’il y a trop de promeneurs, par exemple. »
En ce qui concerne le port de gilets orange, ces derniers sont « mis depuis longtemps » par les chasseurs, tout comme les consignes de sécurité doivent être obligatoirement données avant la chasse.
« Au sujet de la mesure portant sur l’alcoolémie, neuf accidents sur dix concernent des chasseurs, donc nous n’allons pas nous mettre en danger nous-mêmes, surtout que les chasseurs viennent et repartent en voiture. La Fédération départementale de chasse de l’Isère a une tolérance zéro quant au manquement des règles de sécurité », précise Danielle Chenavier.

MP