Tourisme
Plongée dans une cathédrale de calcaire

Isabelle Doucet
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Dans la Boucle du Rhône, sur le plateau de l’Isle-Crémieu, les grottes de la Balme sont une des sept merveilles du Dauphiné.

 Plongée dans une cathédrale de calcaire
Un cheminement féérique dans la grotte.

Un porche de 35 mètres de haut, une minuscule chapelle lovée dans son arche, une cheminée qui s’engouffre dans la roche happent les visiteurs tout droit dans les entrailles des grottes de La Balme.
Humains et animaux, à poils ou à plumes, ont toujours partagé ce gîte naturel niché dans la boucle du Rhône.
Les premiers visiteurs y ont séjourné il y a 17 000 ans… le temps que la glace fonde et laisse découvrir cette cathédrale de calcaire formée il y 170 millions d’années et façonnée il y a 30 millions d’années au gré de la tectonique des plaques qui formera le plateau de Larina, 300 mètres plus haut.
C’est le réchauffement climatique, il y a 120 000 ans, qui va définitivement sculpter les grottes de la Balme : fissures, cavités, marques d’érosion au passage de l’eau.


Ce site insolite, à la croisée des départements de l’Isère, du Rhône, de l’Ain et de la Savoie, est ouvert aux visiteurs de la fin de l’hiver à octobre. Le reste du temps, les grottes, formées de plusieurs salles, sont le refuge des chauves-souris durant leur période d’accouplement et d’hibernation.
Dès l’entrée, le visiteur est accueilli par un ballet d’oiseaux, choucas, martinets, hirondelles qui ont fait de la cavité leur abri naturel.
Un couple de chouettes hulottes a élu domicile dans une cheminée. On le repère aux pelotes tombées au sol.

Un lac souterrain

En s’enfonçant dans la grotte, les curiosités se dévoilent, à commencer par une marmite de géant à l’entrée du Labyrinthe Mandrin.
Le voleur du XVIIIe siècle est un des fameux hôtes du site. Beaucoup dans le Dauphiné l’ont aidé à se cacher et la légende veut qu’il ait trouvé refuge dans ces lieux. Aucun trésor à ce jour n’a été retrouvé…


Le cheminement longe ensuite une rivière souterraine forgée par les transports de carbonate de calcium.
C’est une succession de cascades, de bassins limpides, d’éboulements, de rochers, mais aussi de stalactites et de stalagmites qui créent un environnement minéral et cristallin où domine la blancheur.
Les bassins se remplissent deux à trois fois par an, au moment des crues, soit 48 heures après une forte pluie.
L’une des extrémités de la grotte est bordée d’un lac souterrain avec lui aussi son lot d’histoires.
La plus poignante est celle du voile de la mariée.


Un rocher immaculé rappelle ici la noyade d’une jeune femme le jour de ses noces, au début de siècle dernier, alors que la promenade en barque était une attraction locale.


Il faut dire que la température de l’eau n’est que de 11 degrés, que ce lac profond est visible sur 200 m et que seuls trois kilomètres et sept siphons ont été explorés.

Un roi de France

Il est alors temps de rebrousser chemin et de progresser vers le Belvédère, le point culminant du site avec vue plongeante sur sa partie la plus vaste.
En se retournant, et parmi les nombreuses formations, se révèle la plus grosse stalagmite, dite Le Moine, trois mètres de diamètre et 30 000 ans d’édification, goutte après goutte.


Il y a aussi la belle coulée du Saule pleureur, quelques drapés, des fistuleuses et des grapilles, bref, une collection complète des plus belles concrétions.
La Grande fontaine conclut la progression vers le fond de cette partie.
Cette immense colonne de calcite comporte une tache noire formée par les excréments des chauves-souris, leur signature, comme pour rappeler que la grotte est leur domaine.


Sur le chemin du retour, le Labyrinthe François 1er offre tout autant de sensations que la première expérience. Le roi de France fit une halte à La Balme-les-Grottes en 1516, en compagnie de sa mère, Louise de Savoie, sur le retour de sa victoire de Marignan. Ils se recueillirent dans la chapelle, firent explorer la grotte et dit-on, déjeunèrent dans une des salles du labyrinthe.


Quant à la chapelle, qui clôt le parcours tout en veillant sur l’entrée du site, ses premières traces datent du IXe siècle. L’édifice actuel a été érigé en 1310, ses structures porteuses d’époque en font un des plus anciens monuments de l’Isle-Crémieu.

Isabelle Doucet

Autour des grottes
Les mesures à grain de la halle de Crémieu.

Autour des grottes

Le site archéologique de Larina
Au-dessus des grottes, à Hières-sur-Amby, le site archéologique de Larina témoigne de l’occupation humaine du plateau de l’Isle-Crémieu de la préhistoire au début du Moyen-Âge.
Le site est en accès libre et gratuit et se visite toute l’année.
Le musée archéologique est ouvert :
- du 1er avril au 30 septembre, du lundi au samedi dès 14 heures,
- du 1er octobre au 31 mars, du lundi au vendredi dès 14 heures.
Fermeture de la billetterie à 17 heures.
Renseignements pratiques :
Maison du Patrimoine : 04 74 95 19 10
Mairie d’Hières-sur-Amby : 04 74 95 12 09

La cité médiévale de Crémieu

À un jet de pierre des grottes, la cité médiévale de Crémieu présente un ensemble architectural et patrimonial remontant au XIIe siècle.
La visite est facilitée par un parcours numéroté portant des indications historiques et architecturales. La halle, datée de 1434, est remarquable et abrite une des curiosités de la cité : des mesures à grain en pierre taillée.
Déambulation libre toute l’année.
Les médiévales de Crémieu se déroulent le 2e week-end de septembre. À vos costumes !

Les grottes de la Balme en pratique
L'entrée des grottes avec la chapelle sur la droite.

Les grottes de la Balme en pratique

Ouverture les week-ends jusqu’aux vacances de Pâques, tous les jours pendant les vacances de Pâques, puis tous les jours sauf les lundis et les mardis jusqu’à l’été et de nouveau tous les jours pendant les vacances d’été.
Visites guidées pendant les vacances scolaires, les dimanches et jours fériés.
Rue des Grottes, 38 390 La Balme-les-Grottes
Renseignements : https://www.grotteslabalme.com/
Contact : 04 74 96 95 00

Les chauves-souris 
Un des panneaux pédagogique dans la salle des chauves-souris.

Les chauves-souris 

Les grottes sont le refuge des chauves-souris qui en ont fait leur repère pour l’hiver. Un espace pédagogique a été aménagé dans la grotte pour mieux connaître ces petits mammifères volants dont il n’existe pas moins de 1 300 espèces dans le monde. Sur les 34 espèces vivant en France, 26 sont présentes dans la grotte, dont la noctule, la pipistrelle, le grand rhinolophe et le minioptère de Schreibers.
On y apprend que si la chauve-souris peut dormir la tête en bas, c’est parce que ses griffes sont pourvues d’un système de tendeur qui leur permet de rester accrochées. Elles sont dotées de capacités remarquables pour voir et entendre et peuvent manger jusqu’à 3 000 moustiques en une nuit.
Les chauves-souris sont protégées depuis 1976. Une galerie de la grotte leur est réservée et ne se visite plus. Mais, avec un regard affûté, le visiteur peut toujours en surprendre quelques-unes.