Débat
« Tout le monde cherche une solution »

Isabelle Doucet
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En ouverture du Mois de la transition alimentaire, la projection du film La Théorie du boxeur a permis au grand public de s’interroger avec les agriculteurs sur les solutions face au changement climatique.

« Tout le monde cherche une solution »
Devant le public du film La Théorie du boxeur, Jacqueline Rebuffet de la Chambre d'agriculture de l'Isère(à gauche) et Nathanaël Coste le réalisateur. Photo : TD

Se relever après les coups. « Ici, tout le monde cherche de l’eau », entend-on dans La Théorie du boxeur, le film de Nathanaël Coste tourné dans la Drôme, qui s’empare avec pragmatisme de la question du changement climatique.
Le public ne peut rester indifférent à ces paroles d’agriculteurs, quelle que soit leur conduite d’exploitation, en agriculture biologique ou en conventionnel, quelle que soit leur production, animale ou végétale. Il n’y a pas de modèle idéal et tout le monde cherche une solution.
Ce film documentaire a été projeté vendredi 27 septembre au cinéma le Cap de Voreppe, en présence de 70 spectateurs, dans le cadre de l’ouverture du Mois de la transition alimentaire.

Lors de la projection à Voreppe

Ils ont pu échanger avec le réalisateur et les quelques agriculteurs présents dans la salle, dont Jacqueline Rebuffet, secrétaire de la Chambre d’agriculture de l’Isère, et référente PAIT(1).
Autour de témoignages, ce film questionne sur le futur modèle agricole, qui sera à construire avec les citoyens pour le rendre plus robuste et résilient.
Ce long métrage offre la possibilité de tirer plusieurs fils pour sensibiliser et échanger sur les problématiques agricoles et bien sûr alimentaires, ce qui est l’objectif du Mois de la transition alimentaire.

« Un département où l’on avance »

Une fois levés certains préjugés souvent véhiculés par méconnaissance de l’agriculture, les échanges ont été riches et denses après cette projection.
Plusieurs sujets ont été abordés : la difficile transmission des fermes, le rôle des nouvelles technologies, la place de la grande distribution etc.
« J’ai fait part de la complexité de la reprise d’une installation en parlant de mon départ à la retraite et de l’installation d’un jeune à la ferme, témoigne Jacqueline Rebuffet. Ce nouvel associé avait envie de s’installer car c’est une ferme de montagne avec de l’élevage et de la transformation et il a trouvé sa place auprès de mon fils et de ma belle-fille. Mais une installation-transmission reste une démarche compliquée notamment parce que le futur installé doit mobiliser du capital quand il n’en a pas forcément les moyens ou qu’il peut difficilement emprunter. J’ai aussi évoqué les problèmes de main-d’œuvre en agriculture et nos difficultés à trouver des salariés dans les exploitations. »
Également présent à Voreppe, le vice-président du département en charge de l’agriculture, de la forêt et de la ruralité, Cyrille Madinier, a rappelé le soutien de la collectivité à la marque Ishere ainsi qu’à toutes les initiatives locales en matière d’alimentation.

Le réalisateur et les élus

« Car le film parle beaucoup de consommation locale et d’autonomie des territoires, d’où les nombreuses questions sur la vente directe et les magasins de producteurs », reprend Jacqueline Rebuffet.
Elle souligne que l’Isère compte à ce titre 24 magasins de producteurs et « qu’il y a encore de la place », car le bassin de consommation est porteur. « C’est un département où l’on avance », assure-t-elle.
Jean-Yves Penet, vice-président du Pays voironnais en charge de l’économie locale, du tourisme et de l’agriculture et membre du comité de pilotage du PAIT a quant à lui rappelé les missions du PAIT, les différents axes de travail, les actions dans les territoires et notamment la sensibilisation des habitants aux problématiques agricoles et alimentaires.
C’est précisément le but de l’action phare du programme : le Mois de la transition alimentaire.
Dans ce qu’il montre, la Théorie du boxeur est un film qui mérite d’être vu et revu, tant par les agriculteurs que le grand public.
« Ce film ne met pas en opposition les différents modes de conduite d’exploitation », insiste Jacqueline Rebuffet. Pour le réalisateur, « il n’y a pas de solution toute faite », l’absence de recul et la nécessaire adaptation forcent à tester, voir ce qui fonctionne pour pas, à essayer ensemble tout en tenant compte des caprices du climat.
ID avec EL

(1) Projet Alimentaire inter-territorial de la grande région Grenobloise