Musique
Opéras et grandes voix 

Isabelle Doucet
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Le  Festival Berlioz se déroulera du 18 au 31 août à La Côte-Saint-André, fidèle à sa promesse de joyaux  de la musique classique accessibles à tous.

 

Opéras et grandes voix 
Bruno Messina, lors de la présentation du Festival Berlioz qui se déroulera du 18 au 31 août à La Côte-Saint-André.

Impossible de célébrer la Russie alors que la guerre sévit à Est de l'Europe. « Nous avons renoncé », déclare Bruno Messina, le directeur du Festival Berlioz au moment de présenter sa programmation.
Il souhaitait fêter les 175 ans du voyage de Berlioz en Russie, que devait sceller un partenariat avec le théâtre Mariinsky de Saint-Petersbourg.
Alors le berliozien a mis en œuvre toute sa maestria pour imaginer au débotté une nouvelle programmation « autour des valeurs de la paix », faisant appel « à un autre Berlioz ».
Le compositeur de La Côte-Saint-André, dont Bruno Messina dévoile un nouveau visage, est donc celui « des milliers de sublimités », comme lorsque Berlioz cite Les Orientales de Victor Hugo. Ce recueil de voyages en musique donne prétexte à 14 dates féériques.  

Femmes et cheffes

Le jeudi 18 août, la Grande fête d’ouverture se déroulera dans le parc Allivet de La Côte-Saint-André sur le thème des Méditerranées musicales de Saint-Saëns, avec l’orchestre Divetimento de Zahia Ziouani car enfin, les femmes se sont fait une place à la direction d’orchestre symphonique. La soirée se poursuivra par un banquet, un grand bal méditerranéen et un feu d’artifice. Le cheval de Troie, conçu avant la pandémie, sera aussi de la fête. 


Le 19 août, c’est une autre femme, Debora Waldman, qui dirigera, entre autres, la Symphonie du Nouveau monde de Dvorak interprétée par l’Orchestre national de Lyon. 


Le 20 août, Bruno Messina promet « un opéra contemporain accessible au grand public réunissant sur scène les enfants de la maîtrise du Conservatoire de Rouen ». Il s’agit de L’Abrégé des merveilles de Marco Polo, composé par Arthur Lavandier sur un livret de Frédéric Boyer. C’est donc une soirée placée sous le signe de la jeunesse, d’autant que l’Orchestre de l’Opéra de Rouen-Normandie sera aussi dirigé par un jeune chef, Maxime Pascal. 

Hommage à Olivier Messiaen

Grande première le 21 août avec la présence de Renaud Capuçon à la direction de l’Orchestre de chambre de Lausanne pour des Nuits d’été convoquant Berlioz et Mendelssohn.
De Rameau à Ravel, le 22 août, offrira aussi son lot de belles surprises avec la soprano Joyce DiDonato sur scène et François-Xavier Roth, à la direction des Siècles, en habitué du festival. 
Le 23 août, le festival honorera les 30 ans de la disparition de l’Isérois Olivier Messiaen. L’Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine interprètera Des Canyons dans les étoiles, et cette nuit sera d’autant plus étoilée qu’est invité le spationaute français Jean-Loup Chrétien. Sur scène, il présentera des photos de la Nasa prises depuis les étoiles… Soirée conceptuelle.
Le Gala Berlioz aura lieu le 24 août. La reprogrammation forcée du festival donne l’occasion au public de revisiter des œuvres moins connues du public « avec beaucoup de petites surprises berlioziennes », assure Bruno Messina. Attention aux oreilles !

La Grande Porte de Kiev

Le directeur est très heureux d’annoncer la venue de l’orchestre philarmonique de Radio France pour deux soirées à La Côte-Saint-André. Il soufflera un vent de liberté le 25 août avec la 9e de Beethoven, Le Chant du Thermidor et La Marseillaise de Rouget de Lisle orchestrés par Berlioz. La présence du ténor Pene Pati, « le nouveau Pavarotti », ensoleillera la soirée.
Le grand opéra Rigoletto de Verdi sera donné la 26 août par le Jeune orchestre européen Hector Berlioz-Isère et le tout aussi jeune chef Jérémy Rohrer. 
Soirée russe et allemande, le 27 août, avec Wagner et Moussorgski par l’orchestre de Radio France. Les Tableaux d’une exposition s’achèveront par « la majestueuse » Grande Porte de Kiev. Bruno Messina promet aussi une grande révélation avec la prestation de Matthias Goerne, « le plus grand baryton au monde ».
Il est venu pour la première fois l’an passé et comme beaucoup d’éminents musiciens, s’est pris d’affection pour le festival. Jordi Saval est de retour à La Côte-Saint-André le 28 août où il dirigera le Concert des Nations, interprétant la Symphonie pour grand orchestre d’Arriago, compositeur espagnol considéré comme le Mozart ibérique. 

Œuvre mythiques

Et puis, le 29 août, il y aura La Flûte enchantée. Le rapport avec Berlioz ? Le compositeur était aussi chef d’orchestre et a souvent dirigé l’œuvre étendard de Mozart. Christophe Rousset sera à la baguette, dirigeant les Talents lyriques et l’Ensemble vocal de Lausanne. 
Un opéra succédant à un autre, Béatrice et Bénédict, opéra-comique d’Hector Berlioz en deux actes, sera donné le 30 août par l’Orchestre philarmonique de Strasbourg dirigé par John Nelson. Inspiré de l’œuvre shakespearienne Beaucoup de bruit pour rien, Berlioz en a fait « un grand éclat de rire », raconte le directeur. 
Le festival s’achèvera encore sur une première, le 31 août, en la venue de l’Orchestre national de France, dirigé par Thomas Hengelbrock, qui interprètera la Symphonie fantastique de Berlioz. Le pianiste Philippe Cassard sera l’invité de marque de cette soirée.

Un festival accessible

« Le festival, c’est un événement complet, global avec des jeunes et des anciens », insiste Bruno Messina, heureux de faire découvrir les grandes voix de demain.
Trois opéras, neuf concerts symphoniques : bien que bousculée, la programmation qui se prépare habituellement plusieurs années à l’avance, reste d’une extrême richesse.
« Le festival, ce sont aussi des concerts l’après-midi, en l’église de La Côte-Saint-André dont la voûte romane offre une excellente acoustique, reprend le directeur, mais également des concerts tous les soirs sous la halle avec des concerts des harmonies fanfares venues de toute la France. »


Soutenu par les collectivités, le festival Berlioz revendique son accessibilité en matière tarifaire. « Le sel de la vie, c’est la culture », indique Jean-Pierre Barbier le président du Département, principal financeur de l’Agence de développement artistique de l’Isère (Aida), structure organisatrice du festival.
Yannick Neuder, président de Bièvre Isère communauté et vice-président de la Région, souligne quant à lui, le rayonnement qu’apporte au territoire de la Bièvre « le plus grand festival de musique classique national ». 
Terre Dauphinoise sera de nouveau partenaire de cet événement.

Isabelle Doucet