L’Association générale des producteurs de blé (AGPB) a affirmé à son congrès son rejet d’un modèle européen d’agriculture décroissante pour éviter une fragilisation de l’agriculture européenne, mais aussi parce que c’est un modèle dont ne veulent pas les pays des autres continents.
« L’Europe doit résolument tourner le dos à la décroissance », a déclaré Éric Thirouin, président de l’AGPB, à l’issue du congrès de l’association qui s’est tenu les 29 et 30 mai à Strasbourg au Parlement européen. L’agriculture européenne doit consolider sa production céréalière parce qu’elle a « une responsabilité dans la sécurité alimentaire mondiale ». Face aux orientations décroissantes du Green Deal mis en place par la Commission sortante, l’AGPB porte l’ambition de concilier « produire plus et produire mieux ». Autrement dit de rééquilibrer les piliers « compétitivité » et « durabilité » du Green Deal.
Compétitivité : la grande absente
Premier axe, « réinterroger le Green Deal pour garantir le maintien des moyens de production (phytos, engrais, eau) ». Les nouvelles orientations de la stratégie Écophyto pour 2030 présentées début mai par les ministres Fesneau, Pannier-Runacher et Béchu comportent des premières mesures concrètes pour les céréaliers français, mais « la compétitivité des céréaliers reste la grande absente de cette nouvelle équation », a déploré Éric Thirouin. L’AGPB appelle à « repenser la proposition du règlement Sur » (Utilisation durable des produits de protection des plantes) et à « arrêter toute surtransposition franco-française ». Deuxième axe, « accélérer les initiatives développant la compétitivité de l’agriculture ». L’AGPB veut par cet axe favoriser, par les programmes européens, les outils d’aide à la décision, la robotique, la génétique, accélérer la mise en œuvre des règlements permettant l’innovation variétale. Point important, elle appelle à une « vigilance particulière » sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). À ce propos, Éric Thirouin propose un mécanisme de remboursement de cette taxe, à l’instar de la récupération de la TVA.
Renforcer le budget de la Pac
Troisième axe : « redonner à la Pac toute sa place comme politique européenne stratégique ». Au lieu de « multiplier les normes », il est plus judicieux de « recentrer la Pac sur les enjeux agricoles ». L’AGPB propose de renforcer le budget de la Pac et de tenir compte de l’inflation pour maintenir le revenu des agriculteurs. Son président a indiqué que sans révision du budget à la hausse, le pouvoir d’action de la Pac serait réduit de 32 % entre 2021 et 2027 du fait de l’inflation. Quatrième axe : « prendre en compte les conséquences du contexte géopolitique sur le commerce international ». Cela en défendant davantage l’agriculture dans les accords commerciaux internationaux, et en soutenant les exportations de céréales par une diplomatie économique efficace « face aux pratiques déstabilisatrices de la Russie ». Le président de l’association a mentionné des outils à développer, notamment sur les assurances et crédits à l’export.
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