Syndicalisme
Gestion difficile du loup et du gibier

Morgane Poulet
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Le 28 novembre, la FDSEA de l’Isère a organisé une assemblée générale de territoire à Châtenay. Les problèmes de gestion des cultures et des troupeaux en raison de prédation et de dégâts de gibier ont particulièrement été abordés.

Gestion difficile du loup et du gibier
Les adhérents de la FDSEA du secteur de Châtenay se sont réunis le 28 novembre pour évoquer les problèmes rencontrés au cours de l'année.

La FDSEA de l’Isère a organisé une assemblée générale de territoire à Châtenay, le 28 novembre, afin que les élus rencontrent les adhérents. L’objectif était d’évoquer les problèmes que rencontre le territoire, particulièrement en matière de protection des troupeaux et des cultures face à la prédation et aux dégâts de gibier.
 
Un plan loup insatisfaisant
 
Au 1er décembre, 438 attaques étaient déclarées en Isère pour 1 067 victimes constatées. 13 loups ont été prélevés, exclusivement dans la zone de loups implantés, et 6 ont été retrouvés morts accidentellement. « Au printemps, l’ancien préfet de l’Isère avait interdit aux louvetiers de tirer dans les zones de colonisation, donc dans tout le nord-Isère », précise Hubert Avril, élu à la FDSEA de l’Isère.
« Jusqu’à Bourgoin-Jallieu et La Tour-du-Pin, les attaques ont été diffuses, mais pas avec un nombre élevé de victimes, ajoute-t-il. On a plutôt l’impression que dans ce secteur, les loups bougent mis ne sont pas réellement implantés dans une zone clairement définie. »
Les attaques sur bovins prennent en tout cas de l’importance en Isère. « C’était le cas en Matheysine depuis un an ou deux, mais on voit que cela se développe dans le nord-Isère aussi », constate-t-il. Les adhérents expliquent beaucoup attendre du Plan loup en ce qui concerne la stratégie de protection et d’action des bovins car, pour l’instant, il ne semble pas convenir aux réalités du terrain.
Pour Jean-François Gourdain, président de l’Association des ovins de l’Isère, « le Plan loup n’est pas satisfaisant non plus pour les ovins ». Il faudrait selon lui traiter le problème de prédation en amont, car « on me demande de poser des clôtures électriques, or, il faut du temps et du personnel, c’est difficile à gérer ». D’autant plus que dans le secteur nord-isérois, « il y a souvent trois ou quatre troupeaux différents par parcelle, ce qui en complique la gestion ». Si certains remarquent qu’il faudrait avoir de nombreux patous, d’autres constatent que régulièrement, un groupe de loups « amuse les patous dehors pendant qu’un autre entre dans la bergerie ». Sans parler des attaques qui se rapprochent des communes et des habitations.
 
Une gestion difficile
 
La conséquence de la prédation, pour les adhérents, est que les chevreuils et les cerfs descendent en plaine car ils ont peur du loup. « Le souci, c’est qu’ils mangent tout… », constatent-ils. Cela pose problème aux forêts, qui, depuis plusieurs années, ne se régénèrent plus suffisamment. « Il faudrait une approche personnalisée par secteur car il y a trop de disparités dans le département », observe Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère, bien qu’il soit avéré dans toute l’Isère que les sangliers et les cerfs se rassemblent de plus en plus souvent en troupeaux pour se nourrir ensemble dans les champs.
 
Des demandes
 
C’est pourquoi les élus de la FDSEA de l’Isère ont rappelé aux adhérents que le syndicat souhaite que les éleveurs et les chasseurs ayant suivi une formation soient autorisés à utiliser des armes équipées de dispositifs de visée nocturne. « Il faut aussi acter la viabilité de l’espèce à 500 individus sur le territoire et mettre en place un plan de régulation des loups », explique Marion Charpentier, directrice du syndicat. Ce dernier souhaite aussi que soit révisé le statut du loup dans la convention de Berne et la directive Habitats et que des meutes entières soient prélevées.
Mais il faudrait également, selon le syndicat, que les louvetiers soient saisis directement par les éleveurs détenteurs de tirs de défense, que le coût de ramassage des cadavres se fasse à la charge de l’État, que les tirs de défense simple soient autorisés dans les parcs nationaux et qu’un statut du chien de protection soit rapidement élaboré « afin de dégager la responsabilité de l’éleveur en cas d’incident ».
 
Soutien
 
« Lorsque vous voyez vos maires, surtout lorsqu’ils sont présidents d’intercommunalités, interpelez-les au sujet du loup afin que la prédation soit prise en compte dans les intercommunalités, scande Hubert Avril. Ils ont du poids dans l’administration ! »
D’autant plus que les classements pour obtenir des aides financières et des tirs de défense dépendent du nombre de déclarations réalisées. « Si des particuliers sont attaqués, il faut aussi qu’ils le déclarent, cela peut permettre de défendre des dossiers », ajoute-t-il.
D’autant plus que « les alpages ne doivent pas disparaître », renchérit Jean-François Gourdain. « L’entretien des coteaux dépend des troupeaux de brebis. S’ils disparaissent en raison de la prédation, la situation deviendra compliquée pour la biodiversité. Les troupeaux y ont leur place. »
« Il s’agit aussi d’un sujet de société, car on entend qu’il faut manger moins de viande, complète Jérôme Crozat. Si nous voulons organiser le congrès départemental du syndicat à Grenoble, c’est aussi pour expliquer aux habitants de la ville l’importance de l’élevage. D’autant plus que les dégâts de gibier n’atteignent pas seulement les agriculteurs. » Et de citer l’exemple de La Frette, où les agriculteurs ont demandé des bracelets supplémentaires pour la chasse de sangliers et de chevreuils. « Nous nous sommes essuyés à un refus, précise Sandrine Patras, agricultrice à La Frette. Le résultat est que sur la route de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, il y a eu six accidents de chevreuils en trois jours l’an dernier. La gendarmerie nous a demandé des battues mais c’était impossible car nous n’avions pas assez de bracelets. »

Morgane Poulet