L’actu vue par / Christian Nagearaffe
Entre communication et restructuration, les nouveaux chantiers du CING
Installé depuis 1989 à Montmiral dans la Drôme, dans une exploitation nucicole de 40 hectares, dont 36 en AOP (1), Christian Nagearaffe, a été élu président du CING (2) le 7 juin dernier. Déterminé à ce que la filière sorte de la crise, il veut poursuivre les travaux engagés en matière de communication et aller plus loin dans la structuration.
Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à succéder à Arnaud Rivière en devenant président du CING ?
« En tant que producteur de noix, j’ai toujours été engagé dans la filière. J’ai des responsabilités au sein de la Senura (3), de l’Irfel (4) et cela fait plus d’une dizaine d’années que je suis membre du conseil d’administration du CING. Mon élection permet donc d’abord de respecter le principe d’alternance prévu par les statuts pour ce poste (5). Et comme je suis investi en tant que membre du bureau de l’Association des producteurs de noix du Sud-Est dans les travaux de structuration nationale de la filière, je suis ainsi mieux armé pour faire le lien entre ces instances, et représenter les producteurs lors de rencontres au ministère de l’Agriculture, de façon à bénéficier d’une plus grande écoute des décideurs. »
Quelles orientations comptez-vous donner au CING ?
« La filière noix connaît une importante crise, qui a commencé en 2019 avec la tempête et les chutes de neige qui ont porté à mal nos vergers, et s’est poursuivi avec deux années extrêmement difficiles sur le plan économique. Arnaud Rivière a engagé un important et nécessaire travail de communication positive sur la noix pour développer sa notoriété, mais aujourd’hui, au regard de la situation que nous vivons, il faut aussi réinvestir le champ de la production. Il est urgent de regagner la confiance des producteurs qui se sont sentis oubliés des démarches de communication mises en œuvre. Ainsi, je souhaite poursuivre le travail de communication initié en développant d’autres arguments et en les amplifiant. Je veux aussi que nous en profitions pour insister sur les bienfaits de sur la santé, tout en faisant le parallèle sur l’importance de consommer de la noix française. C’est un travail qui sera en lien avec celui que nous menons dans le cadre de la structuration de la filière. Par ailleurs, je compte aussi mettre en avant les apports bénéfiques du noyer sur le climat. Nos vergers sont des forêts qui jouent un rôle de piège à carbone, qui permettent de faire baisser les températures, qui sont implantés sur des sols enherbés, qui laissent l’eau s’infiltrer, qui contribuent à la recharge des nappes. Toute cette action, tous ces bénéfices, doivent être valorisés. »
Ce travail de communication a-t-il vocation à favoriser la recherche de nouveaux marchés ?
« Bien sûr. Les français consomment environ 500 grammes de noix par an, quand les italiens en mangent entre deux et cinq kilogrammes. La marge de progression est énorme. Mais cela implique de faire évoluer les habitudes de consommation. C’est un travail de longue haleine que nous comptons réaliser. Même si le CING n’a pas de vocation commerciale, notre objectif est bien de permettre à la filière de gagner des parts sur le marché français qui dispose d’une plue-value plus importante que sur le marché européen. Cela permettrait de faire augmenter le prix de la noix aux producteurs. »
En évoquant les travaux de structuration de la filière, vous avez indiqué être allé au ministère de l’Agriculture à plusieurs reprises. Qu’avez-vous obtenu ?
« Nous avons acquis une aide de crise de cinq millions d’euros pour les producteurs d’Isère, de la Drôme et de la Savoie. C’est déjà une petite bouffée d’air. Et puis, nous avons eu la validation que les DDT puissent prendre en compte le cumul Aide de crise cerise et noix sur l’année 2022 et l’Indemnité de solidarité nationale grêle sur la campagne 2023. »
Quel est l’enjeu ?
« Notre ambition est de redresser la situation économique des producteurs, de relever l’ensemble de la filière. Car les difficultés qu’elle connaît rejaillissent sur l’ensemble du territoire, sur les exploitations certes, mais aussi sur les entreprises, sur les familles. Les gens ne se rendent pas forcément compte de la vitalité qu’apporte la production nucicole dans le Sud-Grésivaudan, alors que c’est une richesse non délocalisable qu’il faut assurer pour l’avenir. »
(1) Appellation d’origine protégée
(2) Comité Interprofessionnel de la Noix de Grenoble
(3) Station d'expérimentation nucicole de référence pour le bassin Sud-Est
(4) Innovation et recherche en fruits et légumes
(5) Un mandat est affilié aux producteurs de noix, un autre aux metteurs en marché
Propos recueillis par Isabelle Brenguier