Agriculture
Les mille et un aspects de l’agriculture

Morgane Poulet
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Le 28 novembre, Jeunes agriculteurs de l’Isère organisait son deuxième forum de l’installation et des métiers de l’agriculture à Seyssins pour attirer les jeunes et les porteurs de projet vers l’agriculture.

Les mille et un aspects de l’agriculture
Plus de 220 personnes se sont rendues au deuxième forum de l'installation et des métiers de l'agriculture organisé par JA Isère.

« Il est important de mettre en avant la diversité des métiers agricoles, surtout pour les jeunes qui ne sont pas issus du milieu ou qui ne s’orientent a priori pas dans ce domaine, souligne Jocelyn Dubost, président de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes. Il faut nous réunir pour travailler ensemble, donc pour montrer cette variété de métiers qui gravitent autour de l’agriculture. »
Le ton était donné lors de la deuxième édition du forum de l’installation et des métiers de l’agriculture, organisée par Jeunes agriculteurs de l’Isère (JA Isère), à Seyssins, le 28 novembre. Cette année, plus de 220 visiteurs s’y sont rendus pour assister aux conférences de diverses structures, mais aussi et surtout pour discuter directement auprès d’acteurs du monde agricole.
 
Un domaine, des métiers
 
Et l’agriculture, c’est avant tout une diversité de métiers faramineuse, et ce dans des secteurs très différents. Le Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Isère représente par exemple cette variété : le travail peut y être administratif, médical, technique ou encore commercial. « Nous travaillons avec des vétérinaires conseil, qui ne délivrent pas de diagnostic, mais qui accompagnent l’éleveur une fois que ce diagnostic a été posé. Le vétérinaire s’occupe des plans avortement, par exemple », explique Aurore Tosti, directrice du GDS de l’Isère.
Les conseillers sanitaires, quant à eux, « ont les mêmes attributions que les vétérinaires, mais avec l’expertise en moins », c’est-à-dire qu’ils sont plutôt spécialisés dans les plans d’assainissement ou encore dans le traitement des maladies. « Nous leur demandons d’avoir un diplôme d’ingénieur, un BTS ou encore une licence pro dans le domaine agricole », ajoute-t-elle.
La structure est également gérée par des métiers administratifs, comme celui des secrétaires qui gèrent notamment l’IBR avec une formation en interne. « Pour certains métiers, nous ne demandons pas de diplôme agricole car sinon, nous ne trouverions pas de candidat. Nous préférons les former en interne », précise Aurore Tosti. L’équipe de Farago complète celle à proprement parler du GDS.  Il s’agit de prestation de service et ses membres sont formés en interne, même si un diplôme agricole est souvent privilégié. Seul critère obligatoire pour pouvoir exercer dans l’équipe : « Il faut avoir le Certibiocid pour pouvoir utiliser des produits raticides ». Enfin, Agro Direct, pour la partie commerciale, ne requiert pas de formation spécifique, même s’il est plus facile si le candidat s’y connaît en agriculture. « Mais c’est aussi bien d’avoir un bagage commercial, et de toute façon, nous formons en interne également », ajoute la directrice du GDS.
 
Des formations
 
Pour favoriser l’insertion dans les métiers para-agricoles, certaines structures font le choix de la formation en interne dès la scolarité. C’est le cas du Crédit agricole sud Rhône-Alpes (Casra), qui fait le pari de l’alternance. « Cette formation fait partie de la politique de recrutement en CDI de la banque », explique les représentants. En 2021, 63 % des alternants employables ont ainsi été embauchés en CDI. « Nous avons cette volonté que nos stagiaires deviennent nos alternants, puis nos salariés », confirme Eric Rebuffet, responsable recrutement et gestion au Casra. Et d’ajouter : « Les métiers autour de l’agriculture sont importants dans la vie de l’exploitation, ils ont leur rôle à jouer et sont en lien avec plusieurs autres métiers ».
 
Des accompagnements
 
Afin de continuer « d’installer des jeunes dans des exploitations viables », comme l’explique Jocelyn Dubost, la Chambre d’agriculture de l’Isère a rappelé les principaux éléments à réunir pour que l’opération se déroule au mieux.
« Il ne faut pas négliger le diplôme agricole, qui est obligatoire si l’on veut obtenir la Dotation jeune agriculteur (DJA), précise Véronique Rochedy, conseillère la chambre d’agriculture. Il peut aussi être indispensable pour monter en compétence, pour faire des stages et pour se faire un réseau. »
Le Pôle accueil installation (PAI) constitue également le rendez-vous indispensable du porteur de projet. « Chaque année, nous recevons 500 personnes au PAI, et des conseillers en installation aident les futurs installés à monter un projet cohérent et viable. Il est important de prendre contact avec eux, surtout qu’en Isère, le profil du jeune qui remplace ses parents ou qui renforce l’équipe familiale devient très minoritaire et les hors-cadre familiaux ont peut-être besoin de plus d’accompagnement », ajoute-t-elle.
 
Provoquer la rencontre
 
Pour JA Isère, le forum constituait avant tout un grand projet pour montrer la diversité des métiers liés à l’agriculture et pour encourager les jeunes, au moment de leur choix d’orientation, à aller vers ces métiers, et au moment de leur installation, à savoir vers où et qui se diriger.
« Nous avons reçu des profils plutôt agricoles, nous avons donc encore une marge de progrès à réaliser en matière d’élèves extérieurs à l’agriculture, constate Jordan Desimone, co-président de JA Isère. Nous savions qu’il serait compliqué de faire venir des collèges ou des lycées généraux car ils ne voient pas forcément l’intérêt d’un tel forum et ils peuvent avoir du mal à identifier les jeunes qui pourraient être intéressés par des métiers agricoles. Il faudrait réussir à contacter des professeurs directement plutôt que des chefs d’établissement, qui ne font pas forcément descendre l’information. » Côté formations agricoles, des BTS et des bacs pro CGEA sont venus des lycées agricoles de Saint-Ismier, de La Côte Saint-André et des MFR de Chatte, de Vif et de Mozas.
Pour les porteurs de projet, il s’agissait aussi de rencontrer toutes les personnes intervenant dans l’installation, car une grande partie des structures était représentée.
« Nous avons remarqué que même si les conférences ont fait carton plein toute la journée, autant sur l’installation qu’au sujet du financement ou encore du parcours en général, il est un peu plus difficile pour les étudiants de créer un lien avec les représentants des métiers », ajoute Jordan Desimone. Prochaine étape : « Trouver des solutions pour les aider à aller davantage vers les stands et à prendre contact avec les représentants », car si certains sont des commerciaux ayant l’habitude d’aller vers les autres, « ce n’est pas le cas de tout le monde… »

Morgane Poulet