Stratégie agricole
Vienne-Condrieu aux côtés de ses fermes

Isabelle Doucet
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La deuxième conférence agricole de l'agglomération de Vienne-Condrieu a permis de faire un point d'étape sur la stratégie de la collectivité pour maintenir la dynamique du secteur.

Vienne-Condrieu aux côtés de ses fermes
De g à d : Lucien Bruyas, conseiller délégué aux circuits courts, Frédéric Belmonte, vice-président en charge de l'agriculture de Vienne-Condrieu agglomération, Mathieu Mazenod, chargé de mission énergie et Delphine Faure, chargée de mission agriculture.

Depuis la première conférence agricole de Vienne-Condrieu qui s’est déroulée en octobre 2019, les choses ont bien changé.
La stratégie et les actions définies ont été percutées par l’adaptation à la crise sanitaire, l’impact négatif de la réforme des zones défavorisées simples (ZDS) et l’épisode de gel noir d’avril 2020. La nouvelle conférence annuelle, qui s’est déroulée le 22 novembre à Seyssuel, marquait donc un point d’étape important.



« La communauté d’agglomération souhaite le maintien d’une agriculture dynamique et génératrice d’emplois », a souligné Frédéric Belmonte, vice-président en charge de l’agriculture et maire de Seyssuel. Cette vitalité participe à la préservation du cadre de vie pour les habitants du territoire.
A la croisée de deux départements, l’Isère et le Rhône, le territoire de l’agglomération compte plus de 400 exploitations qui occupent 44% des surfaces, soit 18 000 ha, selon le dernier diagnostic établi en 2018.
Depuis 2019, une convention de partenariat lie l’agglomération aux chambres d’agriculture de l’Isère et du Rhône pour l’accompagnement de projets et la mise en œuvre d’actions locales. Un des principaux enjeux, comme dans les autres territoires, est le départ à la retraite d’ici 10 ans, de la moitié des exploitants agricoles. 

Circuits de proximité

Les circuits courts comptent parmi les facteurs d’attractivité du métier en proposant une meilleure valorisation des produits agricoles. Ils ont connu un développement important suite à la crise sanitaire.
« L’envie des habitants de renouer avec les produits locaux renforce notre premier axe stratégique de promotion des producteurs du territoire », indique Frédéric Belmonte.



C’est ainsi qu’une étude, commandée aux étudiant de l’Isara-Lyon au printemps 2020, a permis de répertorier tous les circuits de proximité dans une page dédiée du site de Vienne-Condrieu agglomération. Un important travail est aussi réalisé afin « de ne pas défavoriser les produits locaux dans la commande publique », indique Lucien Bruyas, conseiller délégué aux circuits courts. Six cantines scolaires du secteur et la cuisine centrale de Seyssuel jouent déjà le jeu.
Côté restauration hors domicile (RHD), tout est mis en œuvre pour développer la relation entre producteurs et entreprises. Une initiative a aussi été lancée pour estimer les besoins de la RHD en steaks hachés surgelés et ainsi valoriser les vaches de réforme. 
Par ailleurs, l’identification du potentiel maraîcher de la plaine de Condrieu, engagée avec la Safer pour mener des projets d’installation collective ou individuelle, fait apparaître des opportunités, mais aussi des freins tenant aux règles d’urbanisme ou aux aménagements . A Chuzelles, la collectivité souhaite aussi reconquérir les friches agricoles et souhaite davantage échanger avec la Safer à ce sujet.

Des outils

Parmi les entraves au maintien et à la transmission des exploitations, le déclassement de plusieurs communes des ZDS pèse sur la filière élevage. Aussi, la collectivité soutient l’outil Traceur d’avenir de la chambre d’agriculture du Rhône pour l’accompagnement individuel et la modernisation de ces exploitations. 
Un effort est également réalisé pour mieux informer sur les opportunités de transmission via le site Entreprendre de l’Agence économique de Vienne Condrieu agglomération. De même que la collectivité organise régulièrement des cafés de l’installation en agriculture et s’enorgueillit d’avoir accueilli 10 nouveaux installés depuis 2018, notamment hors cadre familial. 

Ballons anti-grêle

Les dossiers avancent aussi sur l’axe de la gestion de l’espace agricole avec un projet de valorisation de la ressource ligneuse grâce à l’acquisition d’un broyeur via une Cuma ou tout autre dispositif. Il s’agit de favoriser la gestion des déchets verts, notamment dans les communes de la rive droite en proposant un amendement des sols agricoles.



Sur cette même rive, la communauté d’agglomération encourage les projets collectifs tels que le déploiement, depuis 2018, d’un système de lutte anti grêle par ballons chargés de sels hygroscopiques. « C’est une première en France », explique Michaël Gerin, le président du syndicat des vins de côte-rôtie. Le dispositif protège 900 ha de vignes.  « Cela marche parce que c’est une action collective », insiste-t-il. Une solution est recherchée pour protéger le vignoble de Seyssuel. 

Des idées nouvelles

L’emploi agricole reste une préoccupation essentielle pour maintenir la dynamique du secteur. « Nous avons bien avancé », glisse Delphine Faure, chargée de mission agriculture à Vienne-Condrieu agglomération. Un important travail de sensibilisation aux métiers agricoles a été entrepris avec les autres acteurs du secteur : Pôle emploi, missions locales, CCI, École de la 2e chance etc. Une journée découverte a été organisée en 2020. L’agglo est aussi partenaire de Graine d’emploi, le service d’emploi agricole piloté par Agri emploi Isère et Rhône, ce qui permet d’aller plus loin dans la mobilisation des candidats à l’emploi. 
Enfin, l’agriculture présente des atouts qu’elle peut valoriser dans le secteur tourisme et « apporter des idées nouvelles », explique Frédéric Belmonte. Certaines exploitations accueillent déjà des camping-cars, mais le champ des possibles est assez large. « Vous êtes des acteurs économiques importants, reprend l’élu. Faisons parler d’agriculture sur notre territoire et au-delà de nos frontières car c’est une agriculture de qualité. »

Isabelle Doucet

Tourisme / Ouvrir les portes des exploitations
Lors de l'atelier dédié à l'agritourisme et à l'ouverture des exploitations au public.

Tourisme / Ouvrir les portes des exploitations

Dans le cadre de la conférence, un atelier sur l’agritourisme a attiré de nombreux exploitants agricoles.

Toutes les exploitations n’ont pas une production à vendre directement à leurs visitateurs. Mais qu’importe, pour Olivier Sanejouand, directeur de Vienne Condrieu tourisme, l’accueil à la ferme, cela se rémunère. « Il faut trouver le bon équilibre, le bon prix, le bon service. » Et les idées ne manquent pas pour surfer sur cette vague de l’agritourisme qui répond à la curiosité des visiteurs, aux attentes des consommateurs et fait vivre les territoires. 
« Il n’y a pas une solution, mais des pistes à explorer », indique le professionnel.
L’objectif est double :  faire parler de soi et générer de nouvelles ressources.
Il cible deux types de clientèle. Les individuels qui, de passage à la ferme, sont curieux de savoir ce qui se cache derrière un pommier ou une bouteille de vin. La visite se suffit à elle-même. Ou bien encore les entreprises désireuses d’organiser des séminaires, des chasses au trésor au sein d’une exploitation et qui trouvent dans cet environnement une façon de donner du sens à leur métier…
Un autre public ultra-sensible est celui des médias et des prescripteurs. C’est par eux que passe l’attractivité globale du territoire. Tous les médias, de la presse locale aux télévisions, les influenceurs et les réseaux professionnels sont à accrocher. 

Intégrer un réseau

Olivier Sanejouand se veut rassurant : les exploitants agricoles tentés par l’aventure de l’agritourisme peuvent être accompagnés par l’Agence économique ou l’Office de tourisme pour « coconstruire l’accueil des publics sur site ».
Il préconise de « faire un test. Car même si on en a envie, ce n’est pas forcément le métier de base ».
L’événementiel, en organisant une soirée théâtre à la ferme, ou un concert comme cela se fait dans le cadre de l’opération « Wine note dans les vignes », permet de se lancer en intégrant une programmation existante.
D’autres proposent des rendez-vous plus réguliers, comme une ouverture au public tous les samedis matin ou encore assurent une présence permanente.
« Il n’y a pas de réponse catalogue », poursuit le professionnel. Il recommande d’intégrer un réseau et « de tenir compte de ce qui se fait en région » : circuits de fermes labellisées, vignobles de découvertes, route de la rigotte, opération de Fermes en fermes. 
« Vous ne gagnerez pas des 100 et des 1 000, mais il faut d’abord que la démarche ne coûte pas », déclare le responsable. 
Participant à l’atelier, plusieurs exploitants font part des difficultés qu’ils sont susceptibles de rencontrer, principalement des questions d’infrastructures. Accueil, WC, parking, tout se réfléchit. « Pas la peine de faire des fermes des palaces », rassure Olivier Sanejouand.
Même le manque de temps peut être un frein levé grâce à l’offre de service de l’office de tourisme. Pour le professionnel, la principale condition est « d’y aller si on en a la conviction, que cela a du sens. Car il y a des choses à faire autour de la connaissance de l’environnement végétal et animal. »

ID

Quatre axes stratégiques pour l’agriculture de Vienne-Condrieu :

- Favoriser les circuits courts qui valorisent les productions locales ; 
- Gérer l’espace agricole et le cadre de vie ; 
- Affirmer le rôle économique du secteur agricole ; 
- Promouvoir l’agriculture du territoire et communiquer sur ses atouts.