Nuciculture
Pour une production nucicole pérenne

Morgane Poulet
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Le 12 septembre, Coopenoix tenait son assemblée générale à Vinay au cours de laquelle la coopérative donnait des pistes pour assurer une production saine.

Pour une production nucicole pérenne
Au cours de son assemblée générale, Coopenoix a délivré ses objectifs commerciaux pour permettre à la filière de se développer.

Au cœur du sud-Grésivaudan, à Vinay, Coopenoix tenait son assemblée générale ce 12 septembre. Au programme, l’annonce des stratégies pensées pour faire regagner du terrain à la vente et à la consommation de noix, en berne ces derniers temps.
 
Vers de futurs marchés
 
Les Etats-Unis et le Chili constituent toujours les principaux concurrents de la filière nucicole française. « Nous avons vendu des volumes de noix à nos clients européens au plus près du cours mondial, mais ce dernier fluctue énormément en raison des noix étatsuniennes et chiliennes », explique Yves Renn, président de Coopenoix. Les stocks de 2022 étant toujours élevés, les nuciculteurs espèrent avoir des ventes soutenues, cette année.
« Ces deux pays constituent-ils le nouvel eldorado de la noix en coque ? C’est à voir », ajoute-t-il. En effet, dans le cas du Chili, les ventes de noix en coque augmentent. Ses principaux clients sont l’Inde, avec 30 000 tonnes vendues pendant la campagne 2022-2023, la Turquie, avec 17 000 tonnes vendues et le Maroc, avec 5 000 tonnes. Le point commun de ces pays est qu’ils sont en développement, en situation de croissance. « Mais leur situation économique n’est pas évidente et la main d’œuvre est assez basse en termes de prix », précise-t-il. Une grande partie des noix chiliennes est cassée de manière artisanale, semi-artisanale voire industrielle pour en faire du cerneau dans ces pays, et ce à des prix défiant toute concurrence.
Qui plus est, une partie des cerneaux chiliens et étatsuniens est commercialisée en Europe. « Cela veut donc bien dire qu’il y a une consommation de noix sous forme de cerneaux dans le continent, ajoute Didier Catel, co-directeur de Coopenoix. Par exemple, en Italie, nous constatons une activité commerciale forte. L’Espagne commerce également beaucoup avec la noix chilienne, l’Allemagne un peu aussi ». Autant de marchés proches du territoire qui pourraient être gagnés par la filière française.
« En ce qui concerne la consommation européenne, elle existe bel et bien, en coque comme en cerneaux. En ce qui concerne le prix, il évolue, même s’il est important de davantage valoriser les produits et de trouver des niches de consommation pour obtenir une valorisation plus forte », explique Yves Renn.
 
Structuration commerciale
 
Pour gagner des parts de marché, Didier Catel estime que la coopérative soit commercialement bien structurée. C’est pourquoi l’accord avec Valsoleil sera poursuivi. 1 400 tonnes de noix ont été collectées par Valsoleil, ce qui a permis d’écouler un peu les stocks.
Le packaging doit également mettre en valeur l’origine française des noix. Des stickers sont par exemple appliqués sur une partie des emballages. L’an dernier, une gamme d’emballages recyclables a aussi été lancée, portant les mentions nécessaires à ce sujet pour les consommateurs. Il s’agit pour Didier Catel d’une bonne chose, « car nos clients nous demandent ce genre d’emballage », d’autant plus qu’utiliser ces matériaux n’a aucune incidence sur la productivité des machines.
Mais il s’agit aussi pour Coopenoix de fortement prospecter, car la collecte de 2022 a été très importante, mais la consommation de noix a baissé. Le service commercial de l’entreprise a donc maintenu sa participation à différents salons européens, comme Fruit Attraction à Madrid. Il a également prospecté en dehors de l’Europe dans l’objectif de construire des relations à moyen terme. « Par exemple, nous voyons en l’Angleterre de forts espoirs de commercialisation », précise le co-directeur.
Cette année, Coopenoix testera une première trieuse optique sur un ligne de conditionnement. Le but est d’alléger le travail du personnel et, à l’avenir, d’équiper d’autres postes. L’acquisition d’un tel matériel pourrait aussi pallier les problèmes de main d’œuvre saisonnière auxquels la filière fait face.

Morgane Poulet

Retour sur la saison 2022

Tonnage : + 42 % de noix produites par rapport à 2021 (Coopenoix = 7 835 tonnes contre 6 436 tonnes en 2020 ; CT Noix = 1 170 tonnes)
Calibres : 9 % de calibre inférieur à 28 mm ; 25 % de 32 mm et plus
Production de noix fraîches : 158 tonnes en 2022 contre 207 tonnes en 2020
Production de cerneaux : 133 tonnes en 2022 contre 137 tonnes en 2020
Les Etats-Unis ayant en 2022 des stocks importants de 2021 et s’attendant à avoir une récolte de 700 000 tonnes de noix, ils ont baissé les prix et figé le marché. Qui plus est, en raison de l’inflation, le consommateur a boudé la noix.

MP

Pour une filière forte

Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, a rappelé lors de l’assemblée générale de Coopenoix la création de l’Association des producteurs de noix du Sud-Est (APNSE), début septembre.
Il réaffirme que la filière nucicole a cette année vu les problèmes se cumuler : aléas climatiques, concurrence… Il recommande aux nuciculteurs de faire en sorte que la filière s’impose dans la grande distribution, comme la fraise française l’a fait au regard de la concurrence de la fraise espagnole.

MP