Captages d'eau
S’unir pour préserver l’eau

Morgane Poulet
-

Le 27 janvier, les Balcons du Dauphiné et la commune de Colombier-Saugnieu ont organisé un comité de pilotage commun des captages prioritaires de Chozelle et du Reculon, à Tignieu-Jameyzieux.

S’unir pour préserver l’eau
Les différents acteurs de la charte de gestion commune l'ont signée à Tignieu-Jameyzieux : Sylvain Granger, des Balcons du Dauphiné, Nicolas Alban, de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, Anthony Martin, de la Safer, la Chambre d’agriculture de l’Isère, la Safer, Oxyane, Bernard agriculture et la Maison François Cholat.

Jusqu’à présent, les captages de Chozelle et du Reculon étaient gérés respectivement par la communauté de communes des Balcons du Dauphiné et par la commune de Colombier-Saugnieu. Les deux entités souhaitent désormais que la gestion de ces captages soit mutualisée afin de préserver au mieux la qualité de l’eau, d’autant plus qu’ils sont déjà gérés par des acteurs communs et sont géographiquement proches.
Le 27 janvier, un comité de pilotage a donc entériné ce souhait par la signature d’une charte entre les différents protagonistes* de la gestion de Chozelle et du Reculon, officialisant ainsi une gouvernance multi-partenariale étalée sur cinq ans. Ces travaux communs permettront de s’appuyer sur les dynamiques spécifiques à chaque captage, notamment sur la mise en œuvre « historique » du programme d’actions depuis 2018 sur le Reculon ou encore sur la forte implantation de l’agriculture biologique au niveau du captage de Chozelle.
 
Deux captages similaires
 
Les captages de Chozelle et du Reculon sont tous les deux classés prioritaires au titre du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) et sont animés par l’Établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau (Epage) de la Bourbre. Qui plus est, leur fonctionnement hydrogéologique est semblable et ils possèdent des partenaires techniques locaux communs. D’où l’intérêt de mutualiser leur gestion. « Nous sommes convaincus que les écrits restent et nous avons donc voulu entériner cette entente par une charte », explique Sylvain Granger, vice-président des Balcons du Dauphiné. Et d’ajouter qu’une « cohérence doit être donnée » au niveau du captage de Chozelle, où les agriculteurs doivent acquérir les mêmes possibilités qu’à celui du Reculon. Ce dernier a connu un programme de gestion en 2018, qui pourra servir de base à la gestion de Chozelle, ce qui facilitera le travail des agriculteurs par la suite.
 
Préserver la qualité de l’eau
 
Cette mutualisation doit avant tout avoir pour objectif « d’améliorer les connaissances sur la qualité de l’eau », explique Léna Zins, animatrice captages prioritaires à l’Epage de la Bourbre. C’est pourquoi les analyses seront gérées conjointement avec la régie des eaux « pour voir s’il y a une relation entre les deux captages », ajoute-t-elle. Il conviendra également d’optimiser « la gestion de la fertilisation azotée », notamment par le biais d’un projet étudiant mené avec l’Isara pour comprendre les données obtenues depuis 2018.
Un accompagnement pour passer au semis direct sous couvert sera également fourni : une visite de semis direct de soja dans un couvert de seigle roulé aura lieu entre mai et juin. Les agriculteurs seront accompagnés sur un plan technique et de manière individuelle entre février et mars, notamment lors de rencontres individuelles avec une trame d’accompagnement. L’occasion, pour eux, d’être accompagnés dans leurs demandes d’aides. « Nous souhaitons également que soient implantées des cultures à moindre pression environnementale, précise l’animatrice, et il faudra limiter le lessivage en interculture en améliorant l’efficacité des couverts », de même que diversifier les productions, adapter le cahier des charges des cultures sous contrat. Enfin, il s’agira de limiter le recours aux pesticides et d’optimiser les pratiques d’irrigation.
François Cholat, président de la Maison François Cholat, annonce à ce sujet que le groupe souhaite travailler sur la culture du chanvre en compagnie de Bernard agriculture et d’Oxyane. « Il faut que nous fassions quelque chose pour trouver des solutions qui préservent la quantité et la qualité de l’eau », explique-t-il.
 
Quelques inquiétudes
 
Seule ombre au tableau, les agriculteurs présents lors du comité de pilotage relèvent que les couverts végétaux ne poussent pas correctement, dans le secteur, et qu’il faudrait les arroser. Or, qui paiera pour l’irrigation ? Qui plus est, ils émettent des doutes quant à leur éligibilité concernant les subventions, dans les années à venir. Entre les « retards de paiement », l’évolution « en cours de route » du cahier des charges et donc « le changement des règles du jeu », ils s’inquiètent des problèmes de gestion qui pourraient survenir au cours du programme de mutualisation, comme cela avait été le cas lors du programme de gestion du Reculon.
Nicolas Alban, directeur régional de l’Agence de l’eau, rappelle alors que les problèmes de paiement, liés aux « circuits de la PAC », sont également subis par l’Agence de l’eau. « C’est pourquoi nous avons développé les paiements pour services environnementaux et avons créé des aides à la filière », même s’il reconnaît que « ce sont effectivement souvent les agriculteurs qui trinquent ».
Pour Nathan Gomes, agriculteur à Tignieu-Jameyzieux, une crainte réside tout de même dans le fait qu’il y ait « un désintéressement grandissant des agriculteurs pour ces questions », le comité de pilotage ayant été « très calme alors que les agriculteurs sont dépendants de financements pour arrêter l’usage de produits polluants » pour les nappes et les captages.

Morgane Poulet

* Les Balcons du Dauphiné, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, les agriculteurs, la Chambre d’agriculture de l’Isère, la Safer, Oxyane, Bernard agriculture et la Maison François Cholat.