La Hongrie, qui assurera la présidence du Conseil de l’Union européenne pour six mois à compter de juillet, a présenté, le 18 juin, son programme de travail. Si l’agriculture figure en bonne place, peu d’avancées majeures sont toutefois attendues. En cause : le renouvellement des institutions européennes.
En plus de son logo en hommage au créateur du Rubik’s cube et de son slogan aux accents trumpistes, la Hongrie, qui assurera la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE) à compter du 1er juillet, a également présenté le 18 juin, son programme de travail pour le second semestre 2024. L’agriculture y figure en bonne place puisque le secteur fait partie des sept grandes priorités définies par Budapest au même titre que la compétitivité, la défense, l’élargissement, les migrations, la cohésion ou le défi démographiques. Le leitmotiv de ce second semestre de l’année 2024 sera « une politique agricole de l’UE orientée vers les agriculteurs ». Dans le détail, les Hongrois promettent d’agir en faveur d’une « agriculture compétitive, à l’épreuve des crises et favorable aux agriculteurs ».
Réciprocité et Pac post-2027
Ils proposent donc de prendre « une position ferme au niveau international » sur le principe de réciprocité. Ils souhaitent également lancer un débat sur le rôle et l’efficacité des paiements directs et du développement rural dans l’amélioration de la compétitivité des agriculteurs. À la suite de la finalisation des travaux du dialogue stratégique, dont les réflexions seront rendues au mois de septembre, la présidence hongroise lancera une discussion sur les expériences de la mise en œuvre des plans stratégiques de la Pac et du nouveau modèle de prestation post-2027. La question de la gestion des crises devrait également être abordée lors des débats sur la situation du marché afin « d’aider à identifier les types de mesures de gestion des crises nécessaires dans la future Pac pour les différents secteurs ». Par ailleurs, le programme évoque l’organisation d’un échange de vues sur la manière dont la nouvelle architecture verte de la Pac actuelle contribue à une agriculture durable. La Hongrie assure également qu’elle va poursuivre les négociations sur les quelques propositions législatives en cours, mais sans grandes ambitions a priori, sur des dossiers tels que les NBT, les semences ou le bien-être des animaux durant le transport. Sur des sujets plus avancés comme les directives relatives à la santé des sols, aux allégations environnementales, les substances prioritaires dans l’eau et les déchets, la présidence espère finaliser les discussions en trilogue avec le Parlement européen. La question du gaspillage alimentaire devrait, en outre, être importante pour la Hongrie qui souhaite « accorder une attention particulière » à ce sujet tout au long de la présidence. Des travaux seront également engagés sur les propositions que la Commission européenne doit présenter dans les prochains mois (en réponse aux manifestations agricoles du printemps) sur la modification du règlement OCM et le règlement sur l’application transfrontalière des pratiques commerciales déloyales.
Gaspillage, bioéconomie, étiquetage et commerce
Autres sujets centraux pour la Hongrie : la bioéconomie et l’information des consommateurs. Sur le premier point, elle entend faire adopter des conclusions des ministres des Vingt-Sept afin de rappeler le rôle central de l’agriculture et de la transformation industrielle « dans la restauration des chaînes d’approvisionnement mondiales perturbées et dans la réalisation des objectifs d’un système alimentaire européen souverain et de l’autonomie stratégique ». La présidence hongroise prévoit aussi d’adopter les conclusions du Conseil sur le rapport spécial de la Cour des comptes européenne concernant la fourniture efficace d’informations sur les aliments aux consommateurs. Au niveau du commerce international, la future présidence ambitionne de poursuivre et, si possible, conclure les négociations en cours. Autre priorité : redémarrer les négociations bloquées. « Pour la crédibilité de l’UE », la présidence hongroise encouragera la réduction de la période entre la conclusion des négociations et l’entrée en vigueur des accords commerciaux. Au-delà des accords de libre-échange, la Hongrie prône l’apaisement des tensions commerciales et promet d’examiner l’impact des mesures restrictives sur le commerce, alors que des désaccords commerciaux apparaissent entre l’UE et la Chine sur fond d’enquêtes antidumping et antisubventions (voitures électriques, viande porcine, cognac).
F. M. et A. G.