Elevage
La longévité des vaches en traite automatisée

La société de conseil indépendante Farm dairy services intervient auprès des élevages équipés ou qui vont s'équiper de robots de traite. Le consultant Florian Couchet était en Isère au mois d'octobre.
La longévité des vaches en traite automatisée

« Faire vieillir les vaches n'est pas une fatalité », assure Florian Couchet, consultant indépendant en gestion des troupeaux laitiers automatisés, gérant de la société Farm dairy services (FDS).

Il a accompagné quelques exploitations iséroises qui ont installé un robot* de traite et tenu mi-octobre une conférence au CFPPA de La Côte-Saint-André sur la longévité des vaches.

« La traite automatisée, c'est une autre approche de l'élevage », déclare-t-il. La longévité des vaches fait partie de la stratégie d'une exploitation.

Elle fait aussi écho au bien être-animal. « En France, robot ou pas robot, le rang moyen est de 2,5 lactations par vache ».

 

La santé des mamelles est indissociable de la longévité d'un troupeau en traite automatisée.

 

L'expert s'interroge sur ces réformes prématurées, choisies (50%) ou subies (50%). C'est sur ces dernières que les éleveurs peuvent agir.

« Nous portons notre attention sur l'environnement dans lequel évolue l'animal, explique Florian Couchet. Un bâtiment de 30/40 ans n'est pas adapté à la productivité demandée aujourd'hui. » Il insiste : « La productivité n'est pas l'ennemie du bien-être animal. J'ai vu les plus belles bêtes dans les plus beaux troupeaux, qui produisent le plus de lait. Et cela, sans que l'éleveur soit toujours derrière la vache. »

Trois conditions

L'expert constate que le message a du mal à passer. Peut-être parce que la mise en application réclame quelques investissements.

« Une vache en bonne santé a besoin d'eau, d'air, d'espace et de fourrage, c'est-à-dire ce qu'elle retrouve dehors en pâture, dans son environnement naturel, indique-t-il. Si elle est en stabulation, ces éléments doivent lui être mis à disposition. »

L'expert souligne trois conditions à la longévité des vaches : le management du troupeau, sa génétique et son confort.

« Le basique, ce sont les abreuvoirs. Seulement 10% des élevages sont correctement équipés en Isère. C'est paradoxal ! Dans un contexte de mondialisation des productions, il y a encore des fondamentaux qui ne sont pas pris en compte. Ce n'est pas la peine d'acheter des aliments à 1 000 euros pour faire du lait si les vaches ne peuvent pas s'abreuver correctement, s'il y a de la concurrence entre elles  ! »

 

Il y a trois conditions à la longévité des vaches : le management du troupeau, sa génétique et son confort.

 

Il préconise de réserver une ligne budgétaire annuelle au confort des vaches. Dans des élevages qui ont beaucoup grossi, il recommande de déconfiner les bêtes, mais aussi d'avoir un œil vigilant sur la santé des aplombs.
La santé des mamelles est indissociable de la longévité d'un troupeau en traite automatisée.

On en demande plus aux vaches

La société Farm dairy services est une des rares à faire du conseil indépendant. Ses quatre experts interviennent dans toute la France pour réaliser des audits et du coaching chez les éleveurs, missionnés par des installateurs de machines ou des OPA. Leur premier objectif est « de remettre l'éleveur dans la vision de l'animal. On gère un troupeau comme on gère une équipe », affirme Florian Couchet.

La spécificité en traite automatique est la liberté rendue à la vache. Dès lors, si elle ne va pas à la traite, c'est qu'il y a un problème. « Pour être autonome, un animal doit être en bonne santé, or beaucoup d'éléments interagissent », reprend le spécialiste. La traite automatique suppose un certain nombre d'aménagements. « A la mise en service, le bâtiment, l'éleveur et les animaux doivent être prêts, note le conseiller. Sinon, c'est la catastrophe. » Les objectifs sont d'avoir des vaches plus productives et gagner en qualité de lait, notamment grâce aux capteurs embarqués. L'installation d'un robot de traite majore les coûts de production de 30 à 40 euros les 1 000 litres de lait. Le système a donc intérêt à être cohérent, maîtrisé et optimisé. « On en demande beaucoup plus aux vaches, sans vraiment en faire plus pour qu'elles soient bien ». En respectant les fondamentaux : le couchage, l'éclairage, la ventilation, l'abreuvement, les vaches peuvent tranquillement arriver à cinq lactations et devenir largement rentables.

Isabelle Doucet

* 8 000 robots de traite sont installés en France, ce qui en fait le deuxième marché européen.

 

Aménagements / Le Gaec des 13 Fontaines a fait procéder à un diagnostic pour résoudre les problèmes de cellules.

Un conseil « plus qu'efficace »

Deux robots de traite ont été installés au Gaec des 13 Fontaines à Brézins, le premier en 2007 et le deuxième en 2012.
L'exploitation compte un troupeau d'une centaine de montbéliardes, une noyeraie et des grandes cultures. La production annuelle est de 960 000 litres par an.
Sa stratégie est double : faire vieillir les vaches et augmenter le troupeau.
Le Gaec des Treize Fontaines est équipé de deux robots de traite automatisée.

En 2017, sur les conseils du fabricant de robots Delaval, Florian Couchet est intervenu pour travailler sur les problèmes de cellules aggravés par le système en aire paillée sur terre battue.
« Suite à son diagnostic, il nous a fait modifier certaines choses, comme les permissions de traite et des aménagements pour le quotidien », témoigne Aurélien Jay, un des trois associé du Gaec, en charge du troupeau. « Et ça a été plus qu'ef-ficace ! Beaucoup de vaches étaient à plus de 500 000 cellules et les 3/4 sont redescendues à moins de 100 000 », raconte-t-il.
Parmi les petits gestes, la tonte des mamelles ou l'entretien de la queue des vaches contribuent à l'amélioration de la qualité du lait.
« Nous avons fait venir une géobiologue pour les courants parasites dans le bâtiment. Elle a posé des pierres et des cartes magnétiques. Il faut y croire », ajoute Aurélien Jay.
Du béton et des ventilateurs
Au mois de juin dernier, la ferme a procédé a des investissements beaucoup plus conséquents. « Nous avons fait bétonner toute l'aire paillée car c'était compliqué pour sortir le fumier. Cela a beaucoup simplifié notre travail. En même temps, nous avons installé des ventilateurs pour les vaches ».
Avec le recul, l'éleveur reconnaît qu'il y a « des améliorations auxquelles on ne pense pas forcément ».
C'est le cas des permissions de traite : en ajustant la ration, les vaches passent moins souvent, ce qui les préserve.
La moyenne du Gaec des 13 Fontaines est de trois traites par vache en hiver et 2,7 en été.
« En système automatisé, nous sélectionnons les mamelles et le tempérament. Pour une circulation efficace et préserver les aplombs, les vaches sont parées deux à trois fois par an », ajoute l'éleveur, en précisant que le robot présente l'avantage de délivrer une information instantanée sur l'état de la vache et permet d'intervenir au plus tôt.
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