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Des investissements et un accompagnement stratégique

Isabelle Doucet
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La Fédération des Cuma de l’Isère affiche une activité soutenue portée par la force du collectif.

Des investissements et un accompagnement stratégique
(De g à d) : Emeric Barbier, président de la et Didier Veyron, vice-président, ainsi que Yves François que les administrateurs ont largement remercié pour son investissement dans le collectif.

Les cumistes étaient nombreux lors de l’assemblée générale qui s’est déroulée le 25 mars à La Côte-Saint-André. Car l’activité des collectifs est soutenue.
Leurs chiffres d’affaires sont à la hausse, signe d’une dynamique d’utilisation et d’investissements dans les coopératives, mais le réseau est aussi proactif. D’ailleurs la Fédération des Cuma de l'Isère compte désormais deux animateurs, Luc Roussillon, recruté en 2021 auprès de Jay Jivan Kessaodjee, présent depuis 2014.
Il y a 105 coopératives d’utilisation de matériel agricole ou Cuma. Elles sont à dominante polyculture-élevage, mais 14 % ont pour objet la nuciculture et 13 % l’irrigation. Enfin, deux Cuma départementales (Bois énergie en Dauphiné et Isère compost) rassemblent 500 adhérents.

Capacité d’adaptation

Beaucoup de formations, une journée technique qui a fait carton plein en mai 2021, des opportunités en termes de subventions : l’année écoulée a été riche.
Et 2022 est tout aussi prometteuse avec la mise en place de la centrale d’achat de matériel agricole.
« Bien d’autres professions devraient regarder ce que vous faites », a déclaré Jean-Pierre Perroud, vice-président de Bièvre Isère communauté en charge de l’agriculture, du commerce, de l’artisanat et du Plan de relance. Il soulignait la capacité d’adaptation du monde agricole au changement et celle du collectif à accueillir et accompagner des jeunes.
Tout commence par la formation, notamment celle de base, S’engager, devenir acteur de sa Cuma, car les responsables changent, certains relancent des collectifs. « C’est très enrichissant et utile de connaître les règles, savoir ce qu’on a le droit de faire ou pas », témoigne Fabien Ageron, président de la Cuma de Saint-Antoine.

Un accompagnement stratégique global

Un focus sur le Dispositif national d’accompagnement des Cuma (Dina) a permis de rappeler qu’il pourrait être encore plus sollicité et qu’il est mobilisable tout au long de la vie d’une Cuma.
Ce conseil est financé à 90 % par l’État, à concurrence de 1 500 euros et peut être sollicité plusieurs fois. « Une résolution de problématique peut succéder à une autre », précise ainsi Emeric Barbier, le président de la FDCuma.
Stratégie, pratique, emploi, fusion, administratif : les domaines couverts sont très vastes. Certaines le mobilisent pour élargir leur champ d’action.
C’est notamment opportun lorsqu’elles sont support de GIEE, comme la Cuma de Thodure. Ou encore, « dans le cas de la relance de la Cuma, tout était à refaire et nous avons bénéficié d’un accompagnement stratégique global », témoigne à son tour Jérôme Martin qui a remis en route la Cuma de Trept.
Un détour par les demandes de subventions fait apparaître un bond des investissements. En 2021, 20 Cuma ont fait l’acquisition de 48 matériels pour un montant total de 1,9 million d’euros, subventionné par la Région en moyenne à 49 %. En 2022, 12 Cuma se sont déjà positionnées pour l’achat de 31 matériels, soit un investissement de plus de un million d’euros subventionné à 52 % en moyenne.

Des achats subventionnés

Dans le cadre du plan de relance, les Cuma ont profité d’un taux bonifié de +10 %. 13 Cuma ont utilisé ce dispositif pour l’acquisition de 27 matériels, soit un investissement de 650 000 euros subventionné à 50 % par l’État.
Entre 2015 et 2021, les demandes de subventions des Cuma, toutes lignes confondues, sont passées de 300 000 euros à 2,5 millions d’euros. « Ce qui montre l’intérêt d’un accompagnement de la fédération pour monter les dossiers », insiste Emeric Barbier. Il signale la force des réseaux nationaux et régionaux et fait valoir la pertinence de l’achat collectif dans le cadre du plan de relance.
Yannick Neuder, vice-président de la région et président de Bièvre Isère communauté, a rappelé l’intérêt de la Région pour soutenir des démarches collectives et souligné que « la structuration des Cuma génère de l’activité dans les territoires ».

Un départ et la relève

L’assemblée générale s’est achevée par des remerciements appuyés à Yves François, désormais retraité. Cumiste de la première heure avec la Cuma de Faverges, pionnier de l’agroécologie – « un pléonasme », s’est amusé Emeric Barbier -, récipiendaire du Prix Cuma 1999, engagé dans la coopération, dans Tech & bio : « Yves tu es partout », a encore résumé le président.
« C’est un réseau dans lequel je me suis éclaté », confiait Yves François, heureux de voir la relève chez les jeunes. D’ailleurs, la FD Cuma a élargi son conseil d’administration de sept nouvelles personnes, signe de sa vitalité.

Isabelle Doucet

Une centrale d’achat et un tracteur partagé
Les adhérents de la FDCuma étaient nombreux lors de l'assemblée générale à La Côte-Saint-André.

Une centrale d’achat et un tracteur partagé

La CamaCuma propose de lancer des appels d'offres nationaux pour l'achat de matériels.

Cama Cuma, c’est le nom de la centrale d’achat de matériel agricole en Cuma lancée par la fédération nationale. Philippe Lejeune, administrateur, en a présenté le principe aux adhérents en assemblée générale. 
En 2021, les Cuma ont réalisé près de 500 millions d’euros d’investissement… en ordre dispersé. D’où l’idée d’achat groupé pour pouvoir influer sur les tarifs.
« Nous proposons une offre transparente et adaptée », explique l’administrateur.
Le principe est celui d’une approche par l’offre, avec une rupture de prix de l’ordre de 25 %. A ce jour, deux appels d’offres ont abouti. Le premier portait sur l’achat de matériel simple : des plateaux fourragers, mais est déjà épuisé.
Le deuxième concerne du matériel complexe, à savoir des télescopique agricoles de 3,8 t et 130 cv, dont il reste encore quelques exemplaires disponibles. Cette offre « full service » sur 60 mois inclut l’entretien, la garantie, les pneus, l’assurance, des volumes flexibles et des heures supplémentaires non majorées. Il en coûte 12,70 euros/h pour 1 000 h par an. Pour y souscrire, la Cuma doit adhérer à sa fédération, qui elle-même est membre du réseau. Il y avait déjà 5 900 Cuma adhérentes à CamaCuma au mois de mars 2022, soit 22 fédérations dans 49 départements. Le sud du pays est encore un peu à la traine.
Les appels d’offres en préparation portent sur l’achat de herses étrilles de 12 m, de déchaumeurs à disques et de tracteurs (150 et 200 cv) en location longue durée. 

Echange de tracteur

Autre pratique émergente, le système intercuma a été présenté par la Cuma intégrale du Moucherotte.
« Il s’agit d’une Cuma qui adhère à une autre Cuma », indique Loïc Jallifier, président de la Cuma située dans le Vercors. Celle-ci dispose d’un important matériel pour les chantiers de fenaison, mobilisé l’été, d’où un coût horaire élevé. Elle partage un tracteur avec une Cuma du Baufortain (73), du 15 novembre au 15 mars, notamment pour les travaux d’épandage. A l’arrivée, le tracteur tourne deux fois plus et, de part et d’autre, les coûts horaires s’en trouvent largement réduits, autour de 31 euros/h. 
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