Élevage
Allier découverte et pédagogie

Morgane Poulet
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A l’occasion de la semaine « Made in viande », la FDSEA de l’Isère a organisé une matinée dans l’élevage de Lionel Termoz-Bajat, à Apprieu.

Allier découverte et pédagogie
Lionel Termoz-Bajat a montré aux élèves de CE1 en visite dans son exploitation comment il s'occupe de ses animaux lorsqu'ils rencontrent des difficultés.

Comme chaque année, les rencontres « Made in viande » permettent aux élèves du département de visiter une exploitation d’élevage de viande pour mieux comprendre le métier d’éleveur. Il s’agit d’un moment important pour les élèves, qui sont issus de milieux ruraux comme citadins et qui connaissent régulièrement mal le milieu agricole.
Cette année, Lionel Termoz-Bajat, agriculteur à Apprieu, a accueilli 14 élèves de CE1 de l’école Edouard Herriot de Vaulx-Milieu.
 
Des activités variées                                          
 
« J’élève 98 charolaises, dont 63 génisses, ce sont des bêtes à viande, donc je n’ai pas de contrainte particulière en ce qui concerne la traite, il y a seulement de la surveillance, explique Lionel Termoz-Bajat aux élèves en visite dans son exploitation. Ce mardi, à 8 h 30, une vache a donné naissance à un veau qui a besoin d’aide pour se nourrir. Une fois qu’il aura compris comment téter, il aura besoin de moins de surveillance. »
Tout en ayant recours à beaucoup de pédagogie, l’agriculteur a expliqué, avec des mots simples, les fondements de son métier ainsi que les raisons qui le poussent à avoir certains gestes. « Par exemple, pour faire téter le veau, je prends un bâton avec moi pour me défendre car sa mère pèse 600 kg et peut croire que je vais attaquer son veau. » Et de clarifier certains mots qui peuvent paraître difficiles aux enfants : « La stabulation, c’est l’endroit où l’on met les animaux de l’automne à l’hiver. Le reste du temps, ils sont dans les prés. »
Et de préciser que les génisses « sont des vaches qui n’ont pas encore fait de veau, elles ont entre 0 et 3 ans ». Son troupeau pâture dans des alpages de Chartreuse en compagnie des cheptels de 13 autres éleveurs, « avec un berger pour les surveiller et un accès à l’eau ». Ces alpages et ces façons de faire tentent d’être conservées mais cela devient difficile en raison du changement climatique. L’éleveur ajoute que son troupeau pâture entre le 15 juin et le 15 septembre mais qu’il devient parfois nécessaire de le nourrir au foin. « Avant, je faisais aussi du maïs, mais j’ai arrêté parce que cette plante consomme trop d’eau et qu’il y en a de moins en moins. »
En agriculture biologique, il produit également des noix de Grenoble AOP, en cerneaux et sous forme d’huile. « Apprieu n’est pas très loin de Grenoble, donc nous pouvons faire de la noix de Grenoble AOP, mais nous rencontrons des difficultés car il y a une très forte concurrence de pays comme le Chili », ajoute-t-il. Ce qui, pour lui, est d’autant plus dommageable que la France possède un « immense savoir-faire ».
En plus de ses 2 hectares de noyers, Lionel Termoz-Bajat cultive 80 hectares de céréales : pois, blé, orge et sorgho. Et tout comme d’autres agriculteurs du secteur, il approvisionne le méthaniseur d’Apprieu. « J’effectue une rotation de cultures : la deuxième sert à alimenter le méthaniseur et à ne pas laisser mon sol nu. »
 
Un métier difficile mais qui plaît
 
Cette variété de tâches lui « plaît », précise-t-il aux élèves. Installé depuis janvier 2003, il est la troisième génération à développer l’exploitation. Peu à peu, l’électronique a gagné du terrain. S’il y a de plus en plus de caméras dans les exploitations, il y a également des systèmes mis en place pour avertir l’éleveur pendant le vêlage. « Même la nuit, je suis averti de la naissance d’un veau et peux aider l’animal si besoin est », précise Lionel Termoz-Bajat.
Et question gestion du travail, « j’ai une certaine liberté » mais la prise de congés est parfois difficile. Il compte particulièrement sur la famille ou des amis agriculteurs connaissant bien le fonctionnement de son exploitation. « Il existe aussi un service de remplacement, mais il est souvent difficile de trouver une personne pouvant me remplacer. Beaucoup de jeunes sont aujourd’hui attirés par les tracteurs et les cultures, mais il y en a beaucoup moins qui le sont par l’élevage. »

Morgane Poulet