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Un habitant sur dix est pauvre dans les territoires ruraux

En partenariat avec Cécilie Cristia-Leroy, Commissaire à la lutte contre la pauvreté, l’Insee vient de publier une étude sur la pauvreté monétaire en région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette étude vise à quantifier et à dresser le profil des personnes pauvres vivant en zone rurale pour que les politiques publiques puissent être conduites.

Un habitant sur dix est pauvre dans les territoires ruraux
Les personnes pauvres dans le rural et dans l’urbain ont les mêmes caractéristiques socio-démographiques dans le rural et dans l’urbain : ce sont des familles monoparentales (23 %), des personnes seules (17,6 %), et des jeunes de moins de 30 ans (13,6 %).

« En 2019, près d’un million de personnes vit sous le seuil de pauvreté en région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), soit plus d’un habitant sur huit », révèle l’Insee dans une étude sur la pauvreté monétaire en région, publiée début juin. Avec un taux de pauvreté de 12,8 % (987 500 personnes), Auvergne-Rhône-Alpes est proportionnellement la troisième région la moins pauvre de France à égalité avec la Bourgogne-Franche-Comté et derrière les Pays de la Loire et la Bretagne (10,7 %). On considère une personne pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur ou égal à 1 100 € par mois, soit 60 % du revenu médian national. Au niveau régional, ce revenu médian est de 1 885 € (la moitié de la population est en dessous de ce revenu, l’autre au-dessus).

Zoom sur le rural

Si la pauvreté revêt le plus souvent un caractère urbain, notamment dans les grandes villes, elle n’épargne pas le milieu rural. « Une personne sur sept est concernée par la pauvreté en ville (14,5 %), en 2019, contre une personne sur sept en milieu rural (9,6 %) », distingue l’Insee. « Les territoires ruraux d’Auvergne-Rhône-Alpes concentrent seulement un quart des personnes pauvres alors que plus d’un tiers de la population régionale vit dans ce type d’espace », rapporte encore l’institut de la statistique. Sur les 987 500 personnes pauvres que compte la région, seules 261 300 habitent dans le rural. Elles disposent d’un niveau de vie un peu moins modeste. « Le niveau de vie des ruraux est supérieur, pour la moitié d’entre eux, à 900 euros mensuels contre 875 euros pour les personnes pauvres vivant en zone urbaine, soit un écart de + 3 % », précise l’Insee. Mais, « les dépenses liées à la mobilité ou au chauffage du logement sont souvent plus élevées en zone rurale », nuance-t-il.

Même profil entre ruraux et urbains pauvres

« Les personnes pauvres ont les mêmes caractéristiques socio-démographiques dans le rural et dans l’urbain », constate l’Insee. Ce sont des familles monoparentales (23 %), des personnes seules (17,6 %), et des jeunes de moins de 30 ans (13,6 %). Avec une population en moyenne plus âgée, les seniors sont également plus nombreux à être pauvres dans le milieu rural. En 2019, l’Insee dénombre 61 200 personnes pauvres vivant seules, soit près du quart de l’ensemble des personnes pauvres de l’espace rural. Les femmes seules pauvres sont très souvent des retraitées (21 300). Les hommes seuls pauvres ont généralement entre 50 et 74 ans (16 100 personnes), et occupent le plus souvent une activité non salariée (agriculteurs exploitants, artisans, commerçants ou chefs d’entreprise), particulièrement dans le rural hors des bourgs. Avec un profil différent de leurs aînés, les hommes seuls de moins de 30 ans sont également confrontés à la pauvreté. « Ils vivent, par exemple, préférentiellement dans les bourgs périurbains ou non. Ils sont aussi plus souvent en emploi ou au chômage que leurs aînés », décrit l’Insee.

Enfin, les familles monoparentales des campagnes (58 200 personnes) représentent 22 % des personnes pauvres du rural. Cette photographie de la pauvreté en milieu contribue à une meilleure connaissance des situations de pauvreté en milieu rural et devrait éclairer les politiques publiques de lutte contre la pauvreté.  « Bien que moins nombreuses à l’échelle régionale et alors que le phénomène est moins prégnant et plus dispersé sur le territoire, la pauvreté est réelle en milieu rural et les politiques publiques à destination des plus précaires ne peuvent être uniquement orientées vers les habitants des espaces urbains et se doivent d’inclure les populations rurales », conclut l’Insee.

C.Dézert