Aménagement
Foncier : développer sans consommer
Mis en œuvre depuis 2020, le Scot des Rives-du-Rhône fixe le cadre d’aménagement et de développement du territoire.
Zéro artificialisation nette (ZAN). Approuvé fin 2019, le Scot (1) des Rives-du-Rhône a pour ambition de répondre aux objectifs de la loi climat votée en août dernier et son fameux ZAN.
La tâche est d’autant plus ambitieuse que ce document cadre s’étend sur cinq départements (Ardèche, Drôme, Isère, Loire et Rhône), englobe 153 communes et six intercommunalités.
« Nous avons commencé à appuyer sur le frein », assure Thierry Kovacs, vice-président du syndicat mixte des Rives du Rhône (SMRR) et maire de Vienne.
Depuis 1990, 90% de l’artificialisation s’est faite au détriment de l’agriculture. Il s’est ainsi consommé 5 462 ha dans le secteur entre 1990 et 2020. Depuis 2015, le rythme s’est décéléré. « Nous somme sur la bonne trajectoire », poursuit l’élu.
Car le Scot - qui s’applique aux documents d’urbanisme et projets de territoire - dicte de diviser par deux la consommation de foncier pour les 10 prochaines années. Il s’agit de passer de 1 679 ha consommé depuis 10 ans à un maximum de 840 ha. C’est encore beaucoup, mais en 2050, ce sera 0 ha.
« Nous changeons de modèle et les collectivités vont se mettre en ordre de bataille », assure Philippe Delaplacette, président du syndicat mixte qui porte le Scot.
35 000 logements d’ici 2040
Le schéma doit parvenir à concilier le développement du territoire et les exigences de préservation de la ressource. La population concernée s’élève à 277 000 habitant. Elle est concentrée dans les agglomérations de Vienne-Roussillon, Saint-Rambert-d’Albon et Annonay. «
C’est un secteur dynamique en transition », avance Thierry Kovacs. Il doit à la fois conforter son « positionnement stratégique en moyenne vallée du Rhône » et « faire évoluer ses modes de développement ».
L’équation revient à maintenir la dynamique économique tout en valorisant l’économie locale, à organiser un développement équilibré autour d’une armature urbaine, à améliorer les conditions d’accessibilité et de mobilités pour les habitants et les entreprises, et à offrir des logements et un cadre de vie diversifiés, le tout en tenant compte des composantes environnementales et paysagères.
Problème, le secteur doit encore construire 35 000 logements dans le secteur d’ici 2040. Gilles Vial, vice-président aux mobilités, décrit un cadre qui vise à « favoriser la vitalité des centres-villes et limiter l’utilisation de la voiture ». Il faudra donc construire sur la ville et densifier.
Neuf AOP
Mais le territoire n’est pas à l’abri des contradictions avec la prochaine réalisation de trois demi-échangeurs sur l’A7. Alors l’élu fait la « promotion de la multimodalités » qui verra l’ouverture de deux gares, à Saint-Romain-en-Gal et à Reventin.
Au sujet du ferroviaire, le président Philippe Delaplacette, indique qua la ligne de fret Beaurepaire-Saint-Rambert-d’Albon a juste été « déclassée » et que les réflexions à son sujet sont en cours. « Nous ne devons pas laisser partir ce genre d’infrastructure », confie-t-il. Mais vu l’état de la ligne, il semble qu’il soit déjà trop tard.
Le Scot gèle aussi les zones commerciales qui se sont développées de façon tentaculaire entre 2011 et 2016 avec 51 000 m2 de nouvelles surfaces. Priorité au commerce de proximité.
« Ce sont des règles qui s’imposent aux PLU », insiste Thierry Kovaks qui plaide « pour un développement harmonieux et durable ». Il rappelle que l’activité économique englobe aussi l’artisanat et l’agriculture qui ne compte pas moins de neuf AOP (six viticoles, deux fromagères et une noix et de nombreuses IGP).
Porté par les élus du monde rural
Reste que ce nouveau modèle devra passer par une période transitoire « pour permettre aux territoires de se retourner », déclare le président du SMRR.
Il ne s’agit pas seulement de vouloir construire sur les friches ou densifier des lotissements, mais aussi d’en mesurer la faisabilité. De la même manière, le Scot est l’espace cadre qui permet de réaliser un repérage et une quantification des zones agricoles et des zones naturelles.
Enfin, au regard de la typologie de ce territoire, le président du syndicat fait remarque que « ce sont les élus du monde rural qui portent son développement » et que le « tout consommation et tout individuel n’est plus possible ».
Isabelle Doucet
(1) Schéma de cohérence territoriale