BILAN
Une hausse en trompe-l’œil des installations agricoles en 2021

La Caisse centrale de mutualité sociale agricole (CCMSA) a rendu publics le 13 décembre, les chiffres de l’installation en agriculture pour l’année 2021. Ceux-ci sont en hausse de 11,2 % par rapport à 2020.

Une hausse en trompe-l’œil des installations agricoles en 2021
Avec la pandémie de Covid qui a retardé un certain nombre de dossiers et donc reporté de multiples projets d’installation, le nombre global d’installations en agriculture en 2021 est en hausse de 11,2 % par rapport à 2020.

C’est une bonne nouvelle pour le monde agricole. Le nombre global d’installations en agriculture repart à la hausse après cinq années de disette. Après les mauvais chiffres de 2016 (- 6,2 %), de 2017 (- 4,4 %), de 2018 (- 2,8 %), de 2019 (- 3,7 %) et de 2020 (- 6,7 %), l’année 2021 s’affiche comme un bon cru. Ce ne sont pas moins de 13 914 chefs d’exploitation qui se sont installés. Ils sont 1 406 de plus qu’en 2020, soit une hausse de 11,2 %. Cependant, la CCMSA nuance quelque peu cette embellie en soulignant que la pandémie de Covid a retardé un certain nombre de dossiers ce qui a eu pour effet de reporter de multiples projets d’installation sur l’année suivante, « notamment pour des raisons administratives ». Il n’en reste pas moins que les signes sont encourageants. 9 767 installations ont été réalisées par des moins de 40 ans (en hausse de 10,5 % par rapport à 2020). Ils représentent 70,2 % des nouveaux installés. La note de la CCMSA souligne que « les installations tardives ne résultant pas d’un transfert entre époux (3 537 personnes) sont en hausse encore plus marquée (+ 14,8 %) et représentent désormais 25,4 % des installations réalisées (contre 24,6 % en 2020) ».

Regard par région

La Normandie (+ 25,1 %) et la Nouvelle-Aquitaine (+ 20,6 %) s’affirment comme les régions les plus dynamiques en matière d’installation. D’ailleurs, la quasi-totalité des treize régions voient leurs chiffres augmenter à l’exception toutefois de la Corse (- 6,6 %) et du Grand Est (- 4,3 %). Les disparités sont tout aussi importantes selon les départements. Sur le podium, on retrouve le Val d’Oise (+ 92,3 %), l’Essonne (+ 81,8 %) et la Creuse (+ 50,6 %). Mais les deux premiers départements ne comptent respectivement que 517 et 732 exploitations quand la Creuse en détient 3 500, ce qui relativise la portée des statistiques. En bas du tableau, l’Aube (- 15,3 %) le Haut-Rhin (- 20,8 %) et les Yvelines (- 47,2 %), ferment la marche.

Féminisation

Les travaux de la CCMSA soulignent une montée en puissance des installations sous forme sociétaire. Celle-ci représentait, en 2021, 54,5 % des nouvelles installations « avec une prédilection pour les groupements agricoles d'exploitation en commun (Gaec, 24,4 % des installations) et les exploitations agricoles à responsabilité limitée (EARL, 17,0 %) », précise la note. C’est une tendance lourde depuis 2005, remarque la CCMSA, les chiffres oscillants entre 54 et 57 % selon les années. Quant à la surface exploitée par les nouveaux agriculteurs, elle tourne autour de 34 ha soit une très légère baisse par rapport à 2020 (34,1 ha). « En 2021, la moitié des jeunes installés agricoles exploite en moyenne une superficie (par installé) inférieure ou égale à 18 hectares et un quart exploite plus de 51 hectares. La moitié des installés tardifs -hors transfert entre époux- dispose de moins de 8 hectares et un quart d’entre eux met en valeur plus de 30 hectares », affirme l’étude. Les installations ont également tendance à se féminiser. Depuis une quinzaine d’années, la part des nouvelles agricultrices varie entre 27 et 31 %. Pour 2021, elle progresse de 0,3 % par rapport à 2020, affichant un score de 32,3 %. Aujourd’hui, « le taux de féminisation dans l’agriculture s’établit à 39,4 % », note la CCMSA qui remarque « un taux élevé de maintien dans l’activité agricole dans les six ans suivant l’installation ». Il est de 85,2 % pour les jeunes et plus faible pour les installés de plus de 40 ans : « 60,7 % pour les installés hors transfert et 51,3 % pour les installés suite à un transfert entre époux ». En fait, le taux de maintien varie sensiblement selon l’orientation économique de l’exploitation. Tous installés confondus, c’est l’élevage qui résiste le mieux : 84,6 % en bovins mixtes, 84,1 % en bovins lait et 83,6 % en bovins viande. L’arboriculture (71,3 %), l’élevage de volailles (73,7 %) et les grandes cultures (78,9 %) semblent connaître un peu plus de difficultés.

Christophe Soulard