SANTÉ
Suicide : la mise en œuvre de la feuille de route se fait attendre

Installer rapidement l'ensemble des comités techniques départementaux sur le mal-être agricole, recenser les sentinelles et activer une veille sanitaire liée aux crises : telles sont les trois préconisations urgentes du coordinateur national de la feuille de route sur le suicide, qui tarde à se traduire sur le terrain.

Suicide : la mise en œuvre de la feuille de route se fait attendre
Daniel Lenoir, coordinateur national de la feuille de route sur le suicide et le mal-être en agriculture. ©Twitter

Il faut « accélérer » la mise en place des comités techniques prévus dans le cadre de la feuille de route pour lutter contre le mal-être et le suicide en agriculture, a déclaré le président de la CCMSA Pascal Cormery le 15 juin, à l'occasion d'une rencontre des réseaux professionnels sur le sujet à la Maison des chambres d'agriculture. Les préfets de département tardent à installer ces comités locaux, depuis la présentation officielle de la feuille de route le 23 novembre, et alors que l'échéance initiale était fixée au 31 mars par une circulaire interministérielle du 3 février. Le coordinateur national de la feuille de route, Daniel Lenoir, estime grosso modo que seulement « un département sur deux » a déjà créé la nouvelle instance locale. « Il est très urgent d'installer ces comités techniques car, tant qu'ils ne sont pas en place, le plan ne peut pas se déployer », a-t-il souligné. Un message qu'il dit avoir relayé dans une note d'information envoyée le 10 juin aux réseaux départementaux. « Une fois ces comités constitués, la première chose à faire est de me faire remonter les noms des quatre principaux référents, pour pouvoir avancer », a souligné le coordinateur national.

Comités techniques et pléniers

Les comités techniques sont l'organe opérationnel des comités de pilotage départementaux. Détaillés dans la circulaire du 3 février, ils sont constitués de quatre référents principaux : un référent mal-être agricole et accompagnement social désigné par la MSA ; un référent santé mentale et prévention du suicide désigné par l'Agence régionale de santé (ARS) ; un référent accompagnement économique désigné par la direction départementale des territoires (DDT) ; et un référent prévention des risques professionnels désigné par la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (DREETS). En parallèle, les comités de pilotage départementaux doivent se réunir au moins deux fois par an en plénière : un format qui intègre les membres du comité technique, mais aussi les représentants des administrations, de la MSA, des collectivités locales, des associations d'aide et d'accompagnement, des chambres d'agriculture et Safer, des organisations patronales et syndicales, des organismes bancaires et d'assurance, des organismes de formations (Vivea, Ocapiat), de l'ordre des experts-comptables, vétérinaires et médecins, et éventuellement d'autres organisations (La Poste par exemple). Quand les comités techniques départementaux seront créés, la MSA pourra mettre en œuvre la mission qui lui est confiée de « recenser les sentinelles » dans chaque département, et « d'organiser les réseaux de sentinelles en lien avec l'ARS », a souligné Daniel Lenoir. À l'échelle nationale, le coordinateur vise « 5 000 sentinelles » d'ici un an. D'après sa propre enquête tout juste finalisée, la MSA dénombre « 1 000 sentinelles actives et formées » via son propre réseau de caisses et prestataires, selon Frédérique Jacquet, responsable du programme de lutte contre le mal-être à la MSA. Reste à connaître le nombre de sentinelles issues d'autres réseaux, tel qu'Agri Sentinelles (La Coopération Agricole, Idele) pour ensuite combler les manques en formant de nouveaux volontaires.

Activer une veille sanitaire

Le dispositif de formation sera chapeauté par la MSA « en lien avec les ARS, qui sont garantes de la qualité de la formation », a indiqué Daniel Lenoir. « Le but n'est pas de casser les belles dynamiques qui existent, mais d'harmoniser et d'aider ceux qui n'ont pas démarré », a étayé Frédérique Jacquet, responsable du programme de lutte contre le mal-être à la MSA. La formation, le rôle et les modalités d'intervention des sentinelles font l'objet d'une fiche, annexée à la note envoyée aux départements, a précisé le coordinateur. Le troisième message contenu dans la note est destiné aux ARS. « C'est un rappel, que j'avais déjà fait il y a deux mois, qui est d'activer le système de veille sanitaire pour voir les éventuelles conséquences des crises agricoles (économiques, sanitaires...) sur le risque de mal-être et le risque suicidaire en agriculture », a expliqué Daniel Lenoir.

LM