Alimentation
Bientôt la faim du Français ?

Isabelle Doucet et Morgane Poulet
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La FDSEA de l’Isère et Jeunes Agriculteurs 38 ont conduit une action en grande surface le 21 novembre pour mettre en lumière l’étiquetage trompeur pratiqué par certaines marques.

Bientôt la faim du Français ?
Tous unis pour le local, les syndicalistes de la FDSEA et de JA Isère se sont dressés contre les étiquetages trompeurs de certains produits en grande surface.

« La FNSEA a lancé plusieurs actions en France pour dénoncer l’affichage de certains produits en grande surface, et, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, elles avaient lieu ce 21 novembre », explique Aurélien Clavel, secrétaire général de la FDSEA de l’Isère.

 
Les étiquettes des produits laitiers peuvent porter à confusion.

Si plusieurs départements sont montés au créneau, l’Isère n’était donc pas en reste, avec des mobilisations menées par deux groupes d’une dizaine de syndicalistes dans des supermarchés à Voiron, à Saint-Siméon-de-Bressieux, à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs et Coublevie.
Les enseignes Carrefour, Super U, Lidl et Auchan étaient viséss.
À Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, la FDSEA et les JA ont été accueillis par les forces de l’ordre qui les ont escortés jusqu’à leur passage en caisse.

A Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs

L’objectif des actions était de repérer des produits à l’étiquetage trompeur – avec un drapeau français alors que les ingrédients utilisés ne sont pas forcément français, notamment – et les acheter pour les amener aux sous-préfets de La Tour-du-Pin et de Vienne le 22 novembre.

Rayons vides

Si à Saint-Siméon-de-Bressieux, le magasin ciblé « semble jouer le jeu et beaucoup travailler avec les producteurs locaux », remarque la FDSEA, cela est moins visible dans les rayons de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs.
Les syndicalistes ont remarqué l’absence des noix étrangères placées à côté des noix iséroises quelques jours auparavant ou des rayons de charcuterie parfois entièrement vides… « Ils nous attendaient », constatent-ils.

Certains rayons avaient été vidés...

Plusieurs produits ont tout de même été dénichés et un autocollant signalant leur mauvais étiquetage a été collé dessus par la FDSEA.
C’est le cas de produits émanant de Lactalis, notamment, « qui va chercher du lait à l’étranger pour le payer moins cher mais qui ne l’affiche pas dans les ingrédients utilisés, ce qui est trompeur pour le consommateur qui croit acheter un produit français », constate Aurélien Clavel.

Logos trompeurs

À Voiron, la délégation menée par Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère, a été accueillie par le directeur du supermarché. Les agriculteurs ont identifié de nombreux produits en rayon avec une origine non française mais comportant un logo trompeur pour le consommateur (logo de France ou drapeau français par exemple), mais aussi des produits dont les prix sont déconnectés de la réalité économique.

A Voiron

« Un kiwi français importé de Belgique, s’étonne Jérôme Crozat, du gruyère râpé composé à moitié de lait français et de lait européen ou encore des produits qui portent le drapeau français parce qu’ils ont été élaborés et préparés en France alors qu’il n’y a pas de produit français à l’intérieur, comme les moules et les crevettes emballées en France. »
La liste des emballages douteux est longue, sans compter les évolutions de certaines préparations, relevées par les syndicalistes comme dans certains steaks hachés qui contiennent 30 % de fibres végétales ou des yaourts avec de moins en moins de matière grasse, « pour faire baisser les coûts des matières premières », explique le président de la FDSEA.

  Des produits douteux

Au cours de leur échange, le directeur du supermarché - en place depuis seulement trois semaines - leur a fait montre de sa volonté de s’approvisionner en local.

Variable d’ajustement

Dénonçant la perte de souveraineté alimentaire de la France et l’accroissement des importations (+42 % dans les fruits et +48 % dans les viandes en 20 ans), mais aussi l’absence de visibilité économique pour l’agriculture, les contraintes de production et « les promesses politiques non suivies d’actes », les agriculteurs attendent des mesures concrètes.

 
Echanges constructifs entre les syndicalistes et le directeur du magasin.

Après cette première action, la deuxième étape passe par les sous-préfectures où les syndicalistes rappelleront qu’ils ne « veulent pas être la variable d’ajustement » et qu’en faisant pression sur les prix alimentaires pour limiter l’inflation, le ministre de l’Économie omet de prendre en considération les principaux postes inflationnistes du budget des ménages qui sont l’énergie et le carburant.

Morgane Poulet et Isabelle Doucet