Salon de l'agriculture
Les Isérois en route pour Paris

Isabelle Doucet
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L’excellence bovine, du fromage, de l’huile de noix, du miel, des liqueurs, un saucisson et beaucoup de vins seront en lice pour le grand retour du Concours général agricole. 

Les Isérois en route pour Paris
Méride et Milwaukee, de la ferme Verdel, prêtes pour le CGA.

Il y aura quatre vaches iséroises en lice pour les concours de race du Salon de l’agriculture qui ouvre ses portes le 26 février. Ou plutôt quatre vaches et un quart : une montbéliarde et trois prim’holstein, ainsi qu’un petit bout d’une quatrième qui poursuit sa carrière dans le nord de la France tout en gardant un pied en Isère.
C’est l’histoire insolite de la ferme Verdel à La Tour-du-Pin. L’exploitation est une habituée des concours et des podiums.
A Cournon, à l’automne dernier, sa vache Nobelle obtient les distinctions de Championne réserve adulte et Réserve grande championne.
Stéphane Verdel est approché par des éleveurs intéressés. Une exploitation du nord de la France lui propose un prix, qu’il accepte en conservant un quart des parts de la vache pour les prélèvements d’embryons.
Et Nobelle est naturellement sélectionnée pour le Concours général agricole (CGA). De même que deux autres vaches issues de l’élevage Verdel, ce qui rend cette édition exceptionnelle pour l’éleveur et son fils Romain, salarié de l’exploitation.

Un style laitier

Méride et Milwaukee sont deux vaches de race prim’hosltein âgées de 5 ans. L’une a la tête noire et concourt en 4e lactation, l’autre a la robe plus blanche, et en est à sa 3e lactation.
« Elles sont issues du troupeau familial. Les souches datent de mes parents, explique Stéphane Verdel. Nous travaillons la morpho depuis 20 ans. À force de sélection, nous arrivons à ce résultat. »
Les vaches de chez Verdel présentent de très belles mamelles. « Elles ont un style très laitier », explique l’éleveur.
Il recherche la production, mais aussi la profondeur et la largeur de poitrine ainsi que de jolis aplombs et la longévité.
De taille moyenne, il faut les voir se déplacer nonchalamment, presque avec grâce, sur leurs fines pattes bien dessinées. Les deux éleveurs n’ont aucune inquiétude quant à leur capacité à se déplacer au licol. « Elles l’ont déjà fait et c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas », assure Romain Verdel. C’est lui qui accompagnera ses deux vaches à Paris. Le regroupement régional a lieu ce 24 février et elles seront le soir même au salon.
« Le concours se déroule le lundi et nous repartirons le mardi soir pour revenir à la ferme le mercredi matin », explique le jeune éleveur.

Fierté

C’est la quatrième fois qu’il monte avec une vache. « Sur le ring, c’est de la fierté. Ce qui importe, c’est que la vache soit en forme le jour du concours », poursuit-il.
L’animal est préparé en fonction de son heure de passage… Il y a en général une traite la veille et après le concours, de sorte que la mamelle soit bien pleine. « Elles sont capables de le supporter, assure Stéphane Verdel. Et puis, elles ont tous les soins qui vont avec. »
Car ces vaches sont choyées par leurs éleveurs, nourries, rasées, lavées. Quant au brouhaha des allées, « elles sont habituées, assure Stéphane Verdel, elles vivent à côté de l’autoroute ! »
Le salon est un monde à part pour les éleveurs, un entre-soi où prévaut la confraternité. « C’est une compétition, mais ce n’est pas chacun pour soi, reprend Romain Verdel. C’est bien de pouvoir échanger avec les éleveurs des autres régions. Tout le monde se connaît. »

Meride, Milwaukee et Olastar

Il faut aussi savoir répondre aux questions du public, d’autant plus quand il s’agit de prim’hosltein. « Les gens nous demandent pourquoi elles sont maigres, témoigne l’éleveur. Il faut expliquer que c’est une race typée lait, la première race en France et au monde. C’est son style. Ce n’est pas une race mixte ». C’est pour les visiteurs un petit aperçu d’une ferme laitière, où les vaches pâturent d’avril à novembre, comme le préconise le cahier des charges de la fruitière de Domessin qui collecte le lait de la ferme Verdel. D’ailleurs les raclettes de l’usine des Mousquetaires seront aussi en concours au Salon de l’agriculture.
Méride et Milwaukee seront accompagnées d’une troisième prim’hosltein iséroise, Olastar, une vache en 2e lactation du Gaec des Trois sapins à Nantoin.

Et Panthère…

Il faudra aussi compter avec Panthère, la seule montbéliarde iséroise présentée par le Gaec de La Bourbre à Burcin.
Cette vache de quatre ans, en première lactation, a tapé dans l’œil du nouvel associé du Gaec, Adrien Bottala, mais aussi du comité de sélection. « C’est une bête solide, avec une superbe mamelle », déclare le jeune éleveur de 25 ans. L’élevage de 65 montbéliardes n’en est pas à son coup d’essai et a déjà présenté plusieurs animaux en concours départemental, mais Adrien Botalla se dit « passionné de concours et de génétique ». Conscient de la qualité du troupeau, il entend davantage montrer ces belles vaches.

 


C’est la première fois qu’il monte à Paris et il y restera 10 jours car cinq montbéliardes, dont celle de la ferme, ont été choisies pour rester toute la durée du salon dans l’allée de prestige. « Ce seront mes vacances d’hiver », s’amuse le jeune éleveur. Dressée, lavée, tondue, pédicurée, Panthère est prête à rugir sur le ring.
« Faut qu’elle le vive bien », déclare l’éleveur aux petits soins.

Saucisson de porc mangalitza

De la ferme à l’assiette, le concours général couvre tout le spectre de l’excellence agricole, si bien qu’on retrouve en lice, les animaux et leur production.
La Fruitière de Domessin, mais aussi la Fromagerie du Dauphiné, l’Étoile du Vercors, Eurial et le Gaec Normal présenteront des tomes, des saint-marcellins, des chèvres et des raclettes produites en Isère.
Dans les produits carnés, Alexandre Matraire, éleveur de porcs à Saint-Sauveur, se rend pour la première fois au Salon de l’agriculture. Il présentera son saucisson fermier qu’il élabore avec des porcs laineux de race mangalitza et des noirs de Bigorre.
Alexandre Matraire s’est installé il y a trois ans et s’est lancé dans la production de saucisson il y a seulement un an. S’il fait ses premiers pas dans le milieu, il est déjà reconnu par ses pairs : en 2021, il a participé au concours du meilleur saucisson en Auvergne-Rhône-Alpes et est arrivé 2e dans la catégorie « agriculteur ».
Les cochons sont élevés en prairies, dans les bois, toute l’année pendant deux ou trois ans. Leur viande est ainsi au maximum de leur puissance aromatique. « Les carcasses ont d’ailleurs un pH de 6, ce qui montre que les bêtes sont en bonne santé », précise l’éleveur.
Bernard Perazio, vice-président du département de l’Isère, avait entendu parler du travail d’Alexandre Matraire. Il s’est rendu à l’exploitation et a goûté les produits avant de lui conseiller de se rendre à Paris pour le Salon de l’agriculture. « On n’a pas la prétention de remporter un prix, indique l’éleveur de porcs, on aimerait plutôt participer au salon pour l’expérience, pour voir comment se déroule un concours. » Mais cette reconnaissance naissante le « conforte sur le choix des races et sur la génétique ».

Un concours primordial

Piliers du salon, les producteurs d’huile de noix seront aussi de la partie, de même que les apiculteurs, et les fabricants de liqueurs très présents en Isère.



Et puis, les viticulteurs n’ont jamais été aussi nombreux, marque de la vitalité de cette filière renaissante. « Nous montons tous les ans, hors Covid, explique Lionel Navarro, le gendre de Noël Martin qui a repris le flambeau de l’exploitation viticole de Saint-Chef aux côtés d’Aurélie Martin, après le décès de son père. C’est une reconnaissance de la qualité de nos vins, une valorisation du produit au cas où certains en douteraient ! Nous voulons mettre en avant le département et des vins qu’on ne trouve pas dans les guides. Le concours permet d’asseoir à Paris un produit de terroir réputé. » Également productrice dans les Balmes, à Saint-Savin, Stéphanie Loup présentera ses vins pour la troisième fois. Déjà médaillée les éditions précédentes, elle considère « ce concours général agricole primordial pour la représentation de la viticulture en France. »
À déguster le 4 mars sur le stand régional lors de la journée Isère.

Isabelle Doucet et Morgane Poulet