Sécheresse
Des récoltes précoces

Isabelle Doucet
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La sécheresse oblige les producteurs à récolter bien plus tôt que prévu, avec une qualité d’ensilage de maïs des plus faibles, qui pèse encore davantage sur l’alimentation animale.

Des récoltes précoces

La pluie est arrivée, mais un peu trop tard pour les maïs qui n’étaient pas irrigués. De sorte que les producteurs ont dû opérer des arbitrages en faveur de l’ensilage, qui a débuté en Isère avec presque trois semaines d’avance, depuis le début du mois d’août.
« C’est une récolte assez hétérogène, comme toutes les cultures moissonnées cet été, témoigne Didier Bréchet, agriculteur à Saint-Chef. Cela varie beaucoup selon le type de sol. Il y a des zones correctes, d’autres où tout est sec. En Nord-Isère, le maïs a changé en l’espace d’une semaine. » Si bien que les agriculteurs ont décidé d’ensiler avant la pluie annoncée à la fin de la semaine du 15 août, afin d’éviter les problèmes de conservation. « On coupe plus fin pour tasser le mieux possible », explique encore Didier Bréchet. Il ajoute : « La dernière fois où j’ai ensilé pour le 15 août, c’était en 2003, mais je pense que c’était pire. »

Les éleveurs sont inquiets

« Pour les semis d’avril, nous aurons quand même du grain, relativise-t-il. Nous avons eu la chance d’avoir entre 90 et 100 mm de pluie fin juin, qui ont fait la différence. » Pour autant, il reconnaît que le grain ne représentera cette année qu’une infime partie de sa récolte de maïs.
Dans les fermes, les éleveurs sont inquiets. La chaleur, le manque d’eau, des récoltes incertaines, des prix d’achat d’intrants qui grimpent pèsent sur le moral et les trésoreries. Ce qui les oblige à repenser l’alimentation animale. Si l’année 2021 avait permis de reconstituer les stocks en fourrages et céréales, la récolte de foins de cette année est aussi au plus bas. « Globalement, beaucoup de maïs destiné à faire du grain a fini en ensilage avec un faible rendement, résume un agriculteur du Nord-Isère. Il y aura moins de récolte de grain cet automne. »
« Nous n’avions pas besoin de cela en production animale, reprend Jérôme Crozat, le président de la FDSEA et éleveur à Janneyrias. La qualité de l’ensilage est moins bonne et les rendements divisés par deux. La pluie est arrivée trop tard. »
Il fait les comptes : les coûts de l’alimentation animale ont fortement augmenté d’un côté alors que le prix du lait payé par les coopératives et les industriels ne suit pas. « Le risque est de voir cesser la production laitière car beaucoup se posent des questions », ajoute-t-il. Or, le marché européen est sous tension en raison de fortes décapitalisations du troupeau laitier du Benelux. Le président de la FDSEA de l’Isère soulève cette contradiction d’un lait sous-payé bien que convoité. « Et les éleveurs en payent les conséquences. »

Isabelle Doucet

Vendanges d'août
Au domaine Loup des vignes à Saint-Savin, les vendanges ont débuté le 22 août.

Vendanges d'août

Arrivés à maturité, les cépages précoces, comme le chardonnay, ont précipité le top départ des vendanges.

Le raisin a aussi plusieurs semaines d’avance en Isère, notamment dans les Balmes dauphinoises où la récolte de chardonnay a débuté la 22 août. « Les raisins étaient mûrs. Les premiers vendangés servent à faire du jus, puis nous enchaîneront avec les autres chardonnay et le pinot noir, avance Stéphanie Loup, viticultrice à Saint-Savin. La semaine prochaine, ce sera au tour de la malvoisie, de l’altesse et du viognier. » Les rouges, excepté le pinot noir, seront récoltés un peu plus tard.
Stéphanie Loup, installée depuis une dizaine d’années, commence habituellement les vendanges fin août ou début septembre. « Cette année, nous avons une bonne semaine et demie d’avance », constate-t-elle. À Saint-Chef, le domaine Martin a aussi donné le top départ. En Savoie, les vendanges ont également débuté.
Les vignerons constatent une belle maturité des raisins. « Mais nous manquons de jus car il n’y a pas eu d’eau, commente Stéphanie Loup. Heureusement, la pluie de la semaine dernière a rafraîchi les vignes et donné un peu de jus. Mais il y a beaucoup de petites grappes, c’est donc plus long à ramasser. »
Les autres exploitations viticoles, dans le Grésivaudan, devraient commencer à ramasser ces prochains jours en fonction du degré de maturité des raisins. « Nous attendons la pluie la semaine prochaine pour faire gonfler les baies des cépages tardifs, indique Wilfrid Debroize, le président du syndicat des viticulteurs de l’Isère et viticulteur dans le Grésivaudan, mais nous manquerons de volumes. »

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